Ce lundi marque la journée nationale d'hommage aux victimes des attentats terroristes ayant touché la France depuis 1970. Il y a sept ans, deux jeunes femmes étaient tuées à Marseille. Une cérémonie est organisée ce lundi.
Mauranne Harel et Laura Paumier avaient 20 ans, elles étaient cousines. Elles ont été mortellement poignardées sur le parvis de la gare Saint-Charles, le 1ᵉʳ octobre 2017, en pleine journée. Mauranne, originaire d'Eguilles (Bouches-du-Rhône) était en troisième année de médecine à Marseille. Laura était originaire de Rillieux-la-Pape et étudiait à l'école d'infirmières de Lyon.
Ce lundi 11 mars est une journée nationale d'hommage aux victimes du terrorisme. Pour la première fois cette année, la cérémonie officielle n'aura pas lieu à Paris, mais à Arras, ville du professeur Dominique Bernard, assassiné le 13 octobre.
France 3 Provence-Alpes revient sur l'assassinat des deux jeunes femmes et la procédure judiciaire qui s'est terminée par un non-lieu.
L'attentat de Mauranne et Laura est revendiqué par l'Etat Islamique
Le 1ᵉʳ octobre 2017, vers 13h45, Mauranne et Laura sont assassinées à coups de couteau, au hasard de la foule, sur le parvis de la gare Saint-Charles, à Marseille. L'une est poignardée à l'abdomen, l'autre victime est égorgée, aux cris de "Allah Akbar". L'assaillant est un Tunisien de 29 ans en situation irrégulière. L'attaque est revendiquée dans la soirée par l'organisation Etat Islamique (EI).
Ahmed Hanachi ne sera jamais jugé pour les meurtres de Mauranne et Laura. Le Tunisien est abattu par les militaires de la force Sentinelle, présente sur les lieux de l'attaque.
Une stèle est installée à la gare Saint-Charles pour ne jamais les oublier
Un an après l'attentat, le 1ᵉʳ octobre 2018, une plaque commémorative est dévoilée en présence du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.
"Laura, Mauranne, 20 ans, victimes du terrorisme en ce lieu, 1ᵉʳ octobre 2017, puissent vos cœurs et votre complicité être un message d'amour et d'unité".
Le 5 octobre, une stèle identique est également inaugurée en présence des parents de la jeune fille assassinée, Sylvie et Dominique Harel, sur la grand place du village d'Eguilles, déjà rebaptisée "Mauranne".
Les parents des victimes portent plainte contre l'Etat pour "faute"
Le 28 septembre 2018, les familles de Mauranne et Laura portent plainte contre l'Etat pour "véritable faute avérée". Deux recours sont déposés au tribunal de Lyon pour faire reconnaître la responsabilité de l'Etat.
Pour les familles, Ahmed Hanachi "était au mauvais endroit au mauvais moment". Les deux cousines n'auraient jamais dû croiser son chemin. Interpellé le 30 septembre, deux jours avant l'attentat, pour vol à l'étalage dans un centre commercial de La Part-Dieu, à Lyon, il a été placé en garde à vue. Le Tunisien en situation irrégulière est relâché quelques heures plus tard, en raison d'une série de dysfonctionnements, liés à l'absence d'une personne ayant autorité pour signer la procédure d’expulsion et son placement dans un centre de rétention. Ces défaillances conduisent au limogeage du préfet du Rhône, Henri-Michel Comet dès le 11 octobre 2017.
"Aujourd'hui, on fait ça essentiellement pour dire 'non', également pour les familles qui suivront parce que le meurtrier n'aurait jamais dû être à Marseille ce jour-là. Il aurait dû être placé en rétention et ça ne s'est pas fait au niveau de la préfecture de Lyon. Donc c'est vraiment important pour nous que les choses ne se reproduisent pas", confie alors Sylvie Harel à France 3 Provence-Alpes.
Les familles sont privées de procès
"Perdre son enfant de 20 ans, c'est déjà horrible, perdre sa nièce de 20 ans également, dans ces circonstances et de savoir que la justice ne passera pas, c'est impossible de faire son deuil". Au terme d'une instruction de plus de trois ans et demi, Dominique Harel apprend le 21 avril 2021, que le seul mis en cause dans l'attentat, Anis Hanachi, bénéficie d'un non-lieu. Faute d'autre suspect, cette décision enterre toute perspective de procès.
Dans les jours qui ont suivi l'attentat, le frère de l'assaillant, 28 ans, connu comme combattant du Jihad en Syrie, a été arrêté dans le nord de l'Italie, où il s'était réfugié après avoir quitté précipitamment la France le lendemain du drame. Remis à la France, il a été mis en examen "complicité et de participation à une association terroriste" et placé en détention provisoire. Mais les poursuites sont abandonnées, faute de preuves d'un lien entre les deux frères dans la préparation de l'attentat.
Libéré, Anis Hanachi a été extradé vers la Tunisie, où il a été condamné en 2018 à une peine de 12 ans de réclusion, pour des faits en lien avec une activité terroriste.
Un hommage rendu ce lundi à Marseille
Dans la cadre de la Journée européenne et nationale d'hommage aux victimes du terrorisme, une cérémonie est organisée à Marseille, devant la stèle dédiée à la mémoire des victimes du terrorisme, lundi 11 mars dès 10 heures.
Le témoignage de la mère de Mauranne, Sylvie Harrel, sera diffusé. Le père de la jeune femme est également présent. Le poème, devenu emblème de la laïcité en France, Des larmes sur les joues de Marianne, sera lu. Des gerbes seront déposés en mémoire des victimes.
Christophe Mirmand, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur préside l'événement.