Si la Ville de Marseille a mis le paquet sur la venue du Pape, que ce soit dans le financement de la messe ou dans le développement d’un dispositif de sécurité hors norme, tout le monde ne réserve pas le même accueil au représentant du Vatican.
La venue du Pape à Marseille approche à grands pas. Tout est mis en place pour que l'évènement soit une fête. Mais cette visite du pontife argentin n'est pas très bien accueilli par tout le monde.
Des associations féministes marseillaises ainsi que la Fédération nationale de la Libre pensée, association anticléricale, ne voient pas cette visite d'un très bon œil.
La Fédération nationale de la Libre pensée, association a exprimé son mécontentement lors d’une réunion publique au théâtre Toursky à Marseille (3e arrondissement) ce samedi 16 septembre autour de la venue du Pape, les 22 et 23 septembre.
Une violation de la laïcité
La première chose qui fait réagir les membres de l’association, c’est d’abord la présence du Chef de l'Etat à la messe qui sera donnée samedi 23 au matin. Qu’en est-il de la laïcité et du respect de la loi de 1905 ? "Il vient comme chef de la religion catholique. Or il y a eu une séparation en 1905 : la République ne reconnaît, ni ne subventionne aucun culte", explique le secrétaire général Christian Eyschen. "Ici, Emmanuel Macron reconnaît et subventionne l’Église catholique. De ce point de vue, c’est une violation de la laïcité", insiste-t-il.
L'association rejoint ici la position des députés d'extrême-gauche, ayant réagi avec vigueur au choix du président de la République.
Un argument qui est aussi appuyé par Daniela Levy, porte-parole de Osez le féminisme 13 : "Notre association accorde une importance à la laïcité. La venue du Pape crée un déséquilibre. Il n’y aura pas d’accueil équivalent à d’autres représentants d’autres religions", assure-t-elle.
"Qui paiera?"
Autre argument mis en avant par le secrétaire général de la Fédération nationale de la Libre pensée : le déploiement de moyens publics pour recevoir le pontife argentin. "La messe au stade Vélodrome est possible grâce à l’intervention de Benoît Payan [maire PM de Marseille, Ndlr] et de sa collaboration avec le ministère de l’Intérieur, des sports et du préfet, moyennant une augmentation des assurances. Qui paiera cette hausse ?", assène Claudette Coudeville, libre penseuse.
Un argument qui est aussi appuyé par Daniela Levy : "Tant de moyens accordés pour une personne qui représente le Vatican, ça soulève une question au niveau de la possibilité de promouvoir le vivre ensemble." La porte-parole fait référence à ce dispositif de sécurité hors norme prévu pour un week-end à haut risque.
L'Eglise, "frein" à l'égalité femmes-hommes
Pour Daniela Levy, accueillir le pape en grandes pompes n'est pas un bon signal envoyées aux Françaises. "On s’étonne de la venue du Pape, commente-t-elle, dans la mesure où le Vatican n’est pas en faveur du droit des femmes, à bien des égards."
Des exemples pour illustrer ses propos, elle en a plein : représentation des femmes au sein de l’église peu significative, le fait que l’Église parle de "complémentarité" femmes-hommes et non "d’égalité", pour commencer. "L’Église représente un frein dans la lutte contre l’inégalité", assure Daniela Levy.
Toutes les questions autour de la sexualité et de l’avortement sont également problématiques pour les associations féministes. "Le pape avait dit que les médecins qui faisaient des avortements étaient des tueurs à gage ! Quelles responsabilités porte-t-on lorsque nous tenons ce genre de propos ? Cela a des conséquences sociales importantes", se révolte Daniela Levy.
Elle souligne aussi le fait que l’Église s’oppose à l’éducation sexuelle. "Pourtant, l’éducation sexuelle, c’est prévenir les violences sexistes et sexuelles, c’est apprendre le consentement, mais aussi prévenir les enfants pour essayer de réduire l’inceste".
Malgré tous ces motifs de contestation, pour l’association Osez le féminisme 13, difficile d’organiser une quelconque manifestation, au vu de l’ampleur du dispositif de sécurité mis en place sur cet évènement. "Il nous reste les réseaux sociaux pour nous faire entendre".