Huit semaines après le début de l'ouverture du procès, Gisèle Pelicot s'est exprimée pour la deuxième fois à la barre devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, ce mercredi 23 octobre. Elle s'est adressée à son ancien mari et aux mères et aux compagnes des 50 autres coaccusés.
"Je suis une femme détruite", Gisèle Pelicot s'est exprimée dans la matinée du mercredi 23 octobre devant la cour criminelle du Vaucluse. c'est la deuxième fois, qu'elle vient à la barre dans le cadre du procès des viols de Mazan, huit semaines après le début de celui-ci. Son ex-mari, Dominique Pelicot, est accusé d'avoir drogué la septuagénaire entre 2011 et 2020 dans le but de la livrer à des dizaines d'hommes recrutés sur internet qui l'ont violée plus d'une centaine de fois.
@france3paca Gisèle Pelicot est entendue ce 23 octobre dans le cadre d'un interrogatoire de "mi-parcours", annoncé la semaine dernière par le président de la cour criminelle de Vaucluse. Dominique Pelicot, 71 ans, a reconnu avoir drogué son épouse Gisèle de 2011 à 2020, à son insu, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet. Durant cette audition, elle s'est adressée à lui. :filmer: JF. Giorgetti et S. Garat / FTV #justice #proces #giselepelicot #mazan ♬ son original - France3Paca
"Je vais l'appeler Dominique aujourd'hui"
Vêtue d'une longue robe noire, Gisèle Pelicot est revenue à la barre, à la demande du président de la cour criminelle, Roger Arata, dans le cadre d'un interrogatoire "mi-parcours". Elle s'exprime pour la deuxième fois, huit semaines après l'ouverture du procès à Avignon, après l'examen de personnalités des 51 coaccusés. "J'aimerais m'adresser à Monsieur Pelicot. Je ne peux pas le regarder, car la charge émotionnelle est encore là. Je vais l'appeler Dominique aujourd'hui", a déclaré celle qui a refusé le huis clos "pour que la honte change de camp".
"Comment tu as pu me trahir à ce point ?
C'est la première fois qu'elle utilise le pronom personnel "tu" en s'adressant à Dominique Pelicot. "Nous avons eu 50 ans de vie commune, trois enfants, sept petits enfants. Tu as été un père attentionné, présent, à l’écoute. Un homme bienveillant, de toute confiance, a poursuivi Gisèle Pelicot. On a partagé nos rires et nos peines. On a partagé nos moments difficiles, nos vacances, nos anniversaires, nos Noël."
Ma vie a basculé dans le néant
Gisèle Pelicotdevant la cour criminelle du Vaucluse.
Sans jamais regarder dans la direction du banc des accusés, elle s'est adressée à l'homme avec qui elle a partagé plus de 50 ans de vie commune. "Comment tu as pu me trahir à ce point ? Faire rentrer ces inconnus dans notre chambre à coucher, pour moi cette trahison est incommensurable, a détaillé la septuagénaire. J'ai toujours tenté de t'entraîner vers la lumière, vers le haut, toi, tu as choisi les bas-fonds de l'âme humaine."
"Je ne sais pas comment je vais me relever de tout ça"
Devenue une figure de lutte contre la soumission chimique, Gisèle Pelicot s'est aussi adressée aux mères et compagnes des coaccusés, entendues plus tôt dans la matinée, avant sa prise de parole. "Ces femmes, ces mamans, ces sœurs qui disent que leur mari, leur fils ou leur frère est un homme exceptionnel, j’aimerais leur dire que, moi aussi, j’avais un homme exceptionnel à la maison. Le violeur ce n’est pas celui dans une rue sombre, c’est aussi celui qui est dans les familles."
J'exprime surtout ma volonté et détermination pour qu’on change cette société
Gisèle Pelicotdevant la cour criminelle du Vaucluse.
À la barre, Gisèle Pelicot a également parlé de sa reconstruction. "Je suis une femme totalement détruite et je ne sais pas comment je vais me relever de tout ça, a-t-elle expliqué. J'ai déjà 72 ans et je ne sais pas si j'y arriverai dans les années qu'il me reste."
Dominique Pelicot, 71 ans, a reconnu avoir violé son ancienne épouse Gisèle Pelicot de 2011 à 2020, à son insu, en la droguant, et de lui avoir fait rencontrer des hommes via internet, venus à leur domicile pour la violer à leur tour. Il encourt une peine pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison.
50 hommes sont jugés avec lui, la plupart pour viols aggravés. Risquant, eux aussi, jusqu'à 20 ans de prison, ils affirment avoir pensé participer au fantasme d'un couple échangiste rencontré sur internet ou ne pas s'être rendu compte de l'état d'inconscience de Gisèle Pelicot. Le verdict du procès, suivi à travers le monde, est attendu aux alentours du 20 décembre.