Procès des viols de Mazan : "personne ne souhaite le renvoi", audience suspendue, Dominique Pelicot toujours souffrant

Le procès des viols de Mazan reprendra-t-il ce lundi ? Absent car malade la semaine dernière, l'accusé principal ne s'est toujours pas exprimé en détail sur cette affaire qui a suscité d'importantes manifestations en France en soutien aux victimes de violences sexuelles. Une infection au rein, le contraint à rester dans sa cellule. L’audience est suspendue jusqu’à mardi, précisé le président de la cour.

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La décision était attendue depuis ce dimanche soir sur la tenue ou non de l'audience. Ce lundi 16 septembre, cela vient d'être annoncé, l'audience est suspendue. Le président demande un collège d'experts, légistes et cliniciens. L’audience est suspendue jusqu’à mardi, précisé le président de la cour.

Une suspension et des questions

"Les mots me manquent, c’est une situation anormale. Depuis une semaine, nous vivons au rythme de cette incertitude. Insupportable du point. De vue de la partie civile. Si ça résulte d’un défaut de prise en charge, ce serait un véritable scandale", explique Stéphane Babonneau, avocat des parties civiles. "Nous sommes pris en otage de ce débat entre l'administration pénitentiaire et le corps médical", explique Béatrcie Zavarro, avocate de Dominique Pelicot, rappelant que le sujet est soulevé depuis plus de huit jours. L'avocate souligne que "lundi et mardi dernier, il n’avait reçu aucun traitement".

L'incertitude était grandissante 

"Il existe une grande incertitude quant à la possibilité de Dominique Pelicot de comparaître à l'audience. Une prorogation de la suspension n'est donc pas à exclure", a déclaré ce dimanche 15 septembre au soir l'un des avocats des parties civiles, Me Antoine Camus. Dominique Pelicot ne pourra "assurément pas" être présent à l'audience, annonce sur France Info Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pelicot. L'état de santé de Dominique Pelicot, le principal accusé des viols de Mazan est au centre du procès depuis une semaine. Finalement suspendue jeudi 12 septembre, l'audience devrait reprendre ce lundi. Le retraité de 71 ans doit s'exprimer pour la première fois à la barre de la cour criminelle de Vaucluse, à Avignon, où ce procès inédit s'est ouvert le 2 septembre.

Flou et incertitudes

"Aujourd'hui, il ne sera pas là. Sauf s'il est extrait de force" de sa cellule, a affirmé maître Béatrice Zavarro avant que l'audience ne reprenne aux alentours de 09H00. Sans exclure cette hypothèse, elle a indiqué que son client avait en tout cas "préparé une lettre" dans laquelle il indique souhaiter ne pas être extrait de sa cellule afin de se reposer. Il aurait, selon son conseil, un caillou dans la vessie et un "début d'infection du rein".

Me Béatrice Zavarro, avocate de ce septuagénaire accusé d'avoir drogué sa femme Gisèle aux anxiolytiques pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet pendant dix ans, a indiqué dimanche n'avoir "aucune nouvelle" mais regretter "qu'il n'ait pas été pris en charge médicalement depuis mercredi dernier". Ce jour-là, il était apparu brièvement à l'audience, visiblement très affaibli, mais n'avait pu comparaître le reste du temps pour raisons médicales. Après une expertise, le président de la cour criminelle du Vaucluse, Roger Arata, avait ordonné jeudi la suspension du procès la journée du vendredi, tout en jetant le trouble sur la continuité de celui-ci pour sa reprise lundi. "Soit Pelicot est là et on continue. S'il n'est pas là pour un, deux ou trois jours, on prolongera la suspension", avait-il d'abord dit avant d'ajouter : "Mais s'il est durablement indisponible, c'est le renvoi de l'affaire".

Un renvoi envisagé ?

Un renvoi de ce dossier, très suivi en France et à l'étranger, provoquerait de nombreuses complications : "Il faut tout refixer, un agenda, la disponibilité de la salle, du tribunal, etc. Et quid de ceux qui sont en détention ? (c'est le cas de 18 des 51 coaccusés, NDLR) Parce qu'à ce moment-là, je peux supposer qu'il y aura des demandes de mise en liberté", avait assuré Béatrice Zavarro, après l'annonce du président de la cour.  Prévu pour durer pendant quatre mois, ce procès exceptionnel, où comparaissent des hommes âgés de 26 à 74 ans pour la plupart poursuivis pour viols aggravés, avait déjà pris du retard lors des deux premières semaines d'audience. Si la fille et les deux belles-filles de l'accusé principal, elles aussi victimes, ont déjà été entendues, ses deux fils, eux, n'ont pu prendre la parole.

De même, Gisèle Pelicot, désormais ex-épouse de l'accusé, doit poursuivre sa déposition. Si les débats reprennent lundi en présence de l'accusé principal, le président de la cour a indiqué que les enfants du couple seront d'abord entendus, puis à nouveau Gisèle Pelicot. Ce serait ensuite au tour de Pierre P., le gendre du couple, et enfin de Joël Pelicot, le frère de l'accusé. Ce qui pourrait porter à mardi la première prise de parole de Dominique Pelicot lui-même. Jusque-là, celui-ci a seulement dit laconiquement qu'il reconnaissait les faits à l'ouverture du procès. Les jours suivants, la cour pourrait poursuivre l'examen des faits concernant un premier groupe de quatre coaccusés, Jean-Pierre M., 63 ans, Jacques C., 72 ans, Lionel R., 44 ans, et Cyrille D., 54 ans.

"Toutes Gisèle"

Les faits visant M. Pelicot avaient éclaté au grand jour après que celui-ci a été interpellé en train de filmer sous les jupes de trois femmes, dans un centre commercial de Carpentras (Vaucluse). En fouillant dans son ordinateur, les enquêteurs avaient alors découvert une décennie de viols perpétrés sur sa femme Gisèle au domicile conjugal, situé à Mazan (Vaucluse), des agressions sexuelles photographiées, filmées, minutieusement légendées et archivées par l'accusé.  Couvert par des médias du monde entier, devenu le symbole de la question des agressions commises sur des personnes victimes de soumission chimique, ce procès est aussi pris en exemple par les mouvements féministes pour relancer le débat sur la question du consentement. Et Mme Pelicot, qui a elle-même refusé que ce dossier soit jugé à huis clos, est devenue une figure de la lutte contre les violences sexuelles. Son visage stylisé a été brandi toute la journée de samedi par 10.000 personnes qui se sont rassemblées dans toute la France pour lui apporter leur soutien. "On est toutes Gisèle", "Violeur, on te voit, victime, on te croit", "Tu n'es pas seule", ont par exemple scandé les 3.500 personnes réunies à Paris et 500 personnes à Marseille.

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