Depuis 2019, 12 milans royaux sont décédés en Bourgogne-Franche-Comté après avoir été touchés par une éolienne selon la Ligue de Protection des Oiseaux. La proximité des parcs éoliens avec leurs territoires et les méthodes de chasse de l'espèce expliquent cette mortalité en augmentation.
Depuis les élections régionales et départementales de juin 2021, l’éolien est un sujet politique au cœur du débat public. Mais loin des questions de préservation du territoire et de contrôle de cette énergie, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) Bourgogne-Franche-Comté publie ce mardi 10 août une étude afin de déterminer les conséquences des éoliennes sur l’évolution des populations de différentes espèces dans la région.
Les ressources mobilisées démontrent notamment que le milan royal est l’une des familles les plus touchées par le développement des parcs éoliens en Bourgogne-Franche-Comté. Ainsi, entre 2019 et 2020, 12 membres de l’espèce sont morts à cause d’une éolienne, majoritairement en Côte-d’Or et dans l’Yonne. Auparavant, une seule disparition de l’oiseau avait été recensée.
Les éoliennes proches de leurs territoires
Au total, la région compte 408 à 577 couples reproducteurs de milans royaux, soit 16 à 23 % de la population française. L’animal se reconnaît à son envergure (1,95 m les ailes déployées), son vol majestueux, sa teinte rousse et sa tête grise. Déjà fragilisée par une chute de sa population entre 1990 et 2008, la famille des milans royaux est désormais l’une des principales victimes des éoliennes, aussi bien à l’échelle nationale que régionale.
"La Bourgogne-Franche-Comté est l'un de sites majeurs à l’échelle française et européenne pour la reproduction mais aussi l’hibernage du milan royal. On se doit de prendre en compte dans notre territoire cette espèce dans le développement de l’éolien", souffle Alexandre Laubin, chargé de missions à la LPO.
Pour rappel, on compte 403 éoliennes dans la région. L’installation de 469 autres unités est déjà prévue. Les structures se retrouvent très souvent à proximité de leurs territoires et de leurs nids. "Le milan royal est étroitement associé aux zones agricoles ouvertes. […] La familiarité que l’espèce peut acquérir avec les éoliennes situées dans son territoire expose notamment les couples nicheurs au risque de collision", décrit la LPO Bourgogne-Franche-Comté.
Ses méthodes de chasse expliquent sa sensibilité aux éoliennes
Les méthodes de chasse du milan royal expliquent également la hausse de la mortalité liée aux parcs installés dans la région. L’oiseau se nourrit en effet d’espèces mortes qu’il peut repérer parfois au pied d’éoliennes. Le milan royal vole alors la tête baissée vers son butin sans faire attention aux pales des unités à moteur. "Les études et observations concordent sur l’absence de comportement d’évitement des éoliennes", indique la LPO.
"Certains rapaces vont chasser depuis le ciel et être plus concentrés sur leur zone de chasse que sur ce qu’ils ont en face d’eux. Et il y a un risque de collision avec les éoliennes", ajoute le chargé de missions.
La LPO France est favorable au développement des énergies éoliennes des lors qu’elles respectent le patrimoine naturel. En régions, on suit ce raisonnement. On est pour un développement compatible avec la biodiversité
Sur l’ensemble du territoire français, les éoliennes représentent en 2019 la deuxième cause de mortalité du milan royal derrière l’empoissonnement. Mais la LPO en Bourgogne-Franche-Comté ne s'oppose pas à l'émergence de nouvelles infrastructures dans la région. Selon l'organisation, il est nécessaire que les acteurs responsables du développement de parcs éoliens prennent en compte les impacts des différents projets sur les oiseaux alors que le nombre de structures pourraient bondir de 400 % d'ici 2050.
Le collectif de défense des mammifères volants propose alors un corpus documentaire regroupant des fiches de renseignements sur les espèces, des données scientifiques et des cartographies du territoire afin de permettre la prise en compte des oiseaux dans le développement de projets éoliens. "On est sur un outil d'aide. Il peut servir en amont d'un projet, lors d'une étude d'impact mais aussi pour vérifier s'il prend bien en compte les espèces sensibles dans le secteur concerné", décrit Alexandre Laubin.
Les oiseaux forment avec les chauves-souris la population animale la plus frappée par la mortalité liée au développement de parcs éoliens en France.