Attaques de loup : dans l'Yonne, des chiens Patou pour protéger les troupeaux

Pour faire face aux attaques du loup, les éleveurs de l'Yonne utilisent de plus en plus des chiens Patou pour protéger leurs brebis. Les randonneurs par exemple doivent changer certains de leurs comportements. Le 6 juillet 2021, à Mélisey, les premiers panneaux d’avertissement ont été installés.

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Au cours des derniers mois, plusieurs séries d'attaques de loup ont été recensées dans la région, notamment en Saône-et-Loire et en Haute-Saône. Dans l'Yonne, le prédateur s'est manifesté dès 2018. Face à la menace, beaucoup d'éleveurs ont alors choisi de se munir de chiens Patou pour défendre leurs troupeaux. Un modèle qui s’inspire de celui pratiqué bien loin de la Bourgogne, dans les alpages.

Laurence Godin, éleveuse à Mélisey dans le Tonnerrois, fait partie des premières à avoir subi les attaques de loup en 2018. Aujourd'hui, elle possède trois chiens Patou. Une mesure de protection efficace mais qui demande certaines adaptations. Sur son exploitation, trois panneaux d’avertissements ont déjà été installés pour indiquer la présence de ces canidés. Deux autres suivront. Ils servent également à signaler aux promeneurs les comportements à suivre s'ils sont proches de ces animaux.

"Il faut que les gens adaptent leur comportement"

Malgré leurs airs de peluches, les chiens Patou restent des chiens de garde. S'ils ne sont normalement pas agressifs envers les humains, ils défendront leur territoire contre toute intrusion.

"Les Patou avec les brebis ça va très bien, mais le problème c'est qu'on ne sait pas la réaction que les gens vont avoir avec", explique Laurence Godin. "Normalement les gens ne peuvent pas croiser le chien parce qu'ils ne sont pas censés rentrer dans les troupeaux. Il faut qu'ils adaptent leur comportement."

Pour que les Patou restent calmes, l'agricultrice précise qu'il faut surtout éviter de courir, de crier et de faire des gestes brusques. Il est également demandé de ne pas caresser les chiens de garde et de promener son propre chien en laisse, le cas échéant.

Si en haute-montagne, la présence des chiens Patou ne pose pas de problèmes, dans l’Yonne, elle doit s’intégrer à un environnement différent. L'inquiétude de l'éleveuse vient surtout du fait que des chemins de randonnée se trouvent en bordure de ses enclos. "Notre souci c'était plutôt pour les enfants", déclare-t-elle. "On a toujours peur qu'ils aillent trop près de la clôture. Donc les pancartes sont un bon moyen d'expliquer aux gens comment ils doivent se comporter." Elle aurait cependant aimé qu'ils soient plus encore plus visibles pour les promeneurs.

Cette signalétique a par ailleurs uniquement une vocation d'information. En cas d'incident entre Patou et promeneurs, la présence de panneaux ne protège pas juridiquement les éleveurs. "Mais ils ont le mérite d'être là", admet Laurence Godin. "Si les gens ne veulent pas les lire, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux."

Une cohabitation réussie entre riverains et Patou

Selon le maire de Mélisey Michel Bouchard, les chiens Patou de l'exploitation de Laurence Godin ne dérangent pas non plus les habitants. "Je n'ai pas eu de remontées comme quoi les chiens couraient après les personnes ou les vélos", témoigne-t-il. "Apparemment ils sont très calmes. Si on ne les embête pas, ils ne disent rien."

Seule source de gêne pour les riverains : les aboiements la nuit. "Il aboie un petit peu mais c'est son travail", indique l'édile. "Le loup ne fait plus de dégâts dans notre village mais il tourne encore, et il y a d'autres bêtes comme des renards par exemple. Le chien réveille peut-être un peu mais c'est normal, il est là pour protéger les brebis."

Le Patou, une mesure de protection vraiment efficace ?

Depuis la série d’attaques attribuées au loup à l’été 2020 en Côte d’Or et en Saône-et-Loire, la question de mesures de protection est revenue dans le débat. Plusieurs agriculteurs estiment que les mesures de protection prévues par le "plan loup" sont trop compliquées et ne suffisent pas pour lutter contre le prédateur. Ils réclament la mise en place de zones "difficilement protégeables", ce qui rendrait les tirs de défense plus faciles.

De son côté, Laurence Godin considère que ses chiens Patou remplissent leur rôle. "Sur les pièges-photos, on ne voit jamais rien quand il y a les chiens dans les parcsSi on enlève les chiens et les brebis, alors on voit toutes sortes de bêtes qui viennent."

Une solution dissuasive qui semble fonctionner pour le moment. "Forcément ça ne marche pas du jour au lendemain", raconte-t-elle. "Il faut prendre les chiots à deux mois et demi et ensuite ils ne sont pas avant un ou deux ans dans le pré. Moi j'ai mis les miens à quatre mois et demi, ils ont beaucoup aboyé et heureusement ça a suffi. S'ils avaient dû croiser le loup, ils n'auraient sûrement pas eu la force nécessaire pour le repousser."

Pour l'éleveuse, la solution la plus efficace à court terme reste l'installation de clôtures électriques. Mais elle peut être couteuse sur certaines parcelles. Selon elle, pour les éleveurs qui le souhaitent, les chiens Patou pourraient bien être la meilleure solution sur le long terme. "Même si sincèrement, on préférerait une balle bien placée", ajoute-t-elle.

Aujourd’hui, les tirs contre le loup sont interdits sauf dérogation préfectorale. Deux loups ont été abattus en Saône-et-Loire en novembre 2020 et le 9 juin dernier à Flagy après deux séries d’attaques répétées.

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