Coronavirus- Covid 19 : ne renoncez pas aux soins, le cri d'alarme des médecins libéraux !

Beaucoup de patients atteints de maladie chronique ou qui ont besoin de consulter pour des troubles sans rapport avec le coronavirus renoncent à contacter un praticien. L’ARS et des syndicats de médecins craignent que ces pathologies n’explosent dans deux ou trois mois.
 

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Jusqu’à 40% de consultations en moins


« J’ai perdu plus de la moitié de mes clients depuis le début du confinement », explique Franck Fontvielle, médecin du sport à Dijon. « La plupart d’entre eux avait peur d’attraper le coronavirus, j’ai même une cliente qui vient avec son masque, ses gants, une serviette de toilette pour s’allonger sur la table de soins ». « Certains avaient peur des contrôles liés aux déplacements, l’un d’eux m’a demandé de lui envoyer une convocation avant de venir chez moi ! » ajoute-t-il.

La peur de déranger, la peur de voir des cabinets médicaux encombrés, la peur de ne pas être pris en charge correctement par des médecins débordés ou trop occupés par les cas de coronavirus, la peur d’être contaminé, la peur du contrôle…, depuis le début de l’épidémie, de nombreux Français renoncent à consulter. Selon le syndicat UPRS-Médecin libéral en Bourgogne-Franche-Comté les médecins généralistes auraient vu leurs consultations baisser jusqu’à 40%. Ce serait même jusqu’à 70% pour les spécialistes.
 

L’ARS de Bourgogne-Franche-Comté rappelle également que « plus de 1 200 personnes sont aujourd’hui hospitalisées en Bourgogne-Franche-Comté pour COVID-19. La crise sanitaire ne doit pas être synonyme de renoncement aux soins ».  Dimanche 5 avril, Jean-Baptiste Blanc, médecin généraliste à Paris a lancé un appel national dans ce sens signé par plus de 300 professionnels de santé de toute la France.
 


« Les gens ont mal compris, ils ont compris qu’on était débordé,  c’est faux », explique Eric Blondet, neurochirugien à Mâcon et président de l’URPS médecins libéraux de Bourgogne-Franche-Comté. « Comme l’ont déjà signalé les urgences, il y a moins de patients pour infarctus ou AVC. C’est la même chose pour nous, alors qu’on sait bien qu’il y a des événements cliniques qui interviennent à domicile et les gens attendent la dernière minute ». Or parfois, la dernière minute, c'est trop tard. 


Les malades chroniques, les enfants et les femmes enceintes sont les plus concernés


Les médecins libéraux s’inquiètent particulièrement pour les patients atteints de maladies chroniques (diabète, asthme, affectation cardiaque, rénale…) qui ont besoin de consulter régulièrement, les enfants qui nécessitent un suivi de croissance, les femmes enceintes qui doivent  surveiller leur grossesse dès le début et jusqu'à l'accouchement.

Mais les personnes qui souffrent de symptômes nouveaux (maux divers de tête, de ventre, de peau…) sont aussi concernées, tout comme celles qui ont peur de prendre certains traitements (à base de cortisone, des anti-inflammatoires…) et qui devraient consulter pour bénéficier d’un diagnostic et/ou d’un conseil de professionnel. Pour l’ARS:

" les dépistages du cancer colorectal, du cancer du sein ou encore la vaccination de l’enfant doivent être assurés selon les calendriers prévus, sans attendre. "

Communiqué ARS BFC

 

La téléconsultation et une nouvelle organisation pour des consultations sécurisées


Les professionnels de santé rappellent que seul un professionnel peut déterminer ce qui est grave ou pas, urgent ou pas. Ils craignent de voir un afflux de patients dans deux ou trois mois, des patients qui seront plus difficiles à traiter et ce qu'ils appellent "des dégâts collatéraux".

Beaucoup proposent aujourd’hui la téléconsultation, solution largement encouragée par Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités, qui – mardi 7 avril- a également insisté sur la nécessité de continuer à solliciter son médecin pour des symptômes non liés au coronavirus. 

«  Je souhaite appeler chaque Français à revenir vers son médecin pour que ces actes essentiels continuent d’être assurés notamment à distance chaque fois que cela est possible"

 

Les médecins libéraux se sont aussi largement adaptés pour répondre au mieux et dans les meilleures conditions aux patients.

Le docteur Bechara Saade, pédiatre à Besançon, qui avait alerté en début de semaine sur la baisse de consultation, a ainsi revu son organisation : les consultations au cabinet le matin sont réservées aux nourrissons afin de faire les vaccinations en respectant le calendrier vaccinal. La salle d'attente est condamnée, les rendez-vous espacés pour éviter que des patients se croisent. L'après-midi, il reçoit dans son cabinet pour des urgences, notamment des pathologies infectieuses avec isolement des suspicions de Covid-19. 

Franck Fontvielle, lui, a réduit le nombre de chaises dans sa salle d’attente, 2 seulement à plus de 2 mètres de distance et il demande à ses patients de ne pas arriver plus de 5 mn à l’avance au rendez-vous, "comme ça, mes patients croisent au maximum une personne en venant en consultation, et de loin ".

« Nous on interroge les patients lors de la prise de rendez-vous pour savoir s’ils n’ont pas des symptômes du virus », explique le neurochirurgien Eric Blondet. En cas de doute, il les prend sur des créneaux horaires bien spécifiques. « Dans tous les cas, nous prenons la température du patient à son arrivée et évidemment nous portons un masque. »

Les masques qui représentent d’ailleurs toujours un problème pour ces médecins libéraux. Les masques chirurgicaux arrivent mais au compte-goutte. Quant aux FFP2, « on est toujours en train d’essayer d’en trouver » se désole Eric Blondet, qui renouvèle un appel aux dons, « à tous ceux, entreprises ou particuliers qui auraient un vieux stock oublier au fond d’un placard ».

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