Les Voies navigables de France doivent s'adapter, au sortir de l'hiver très sec que nous venons de vivre. En Bourgogne, certains tronçons des canaux de Côte-d'Or, de l'Yonne, de la Nièvre et de Saône-et-Loire ouvriront avec du retard.
"Avec les conditions particulièrement sèches de l'hiver, on ne dispose pas des ressources en eau suffisantes pour démarrer normalement la saison." Ce mardi 21 mars, Voies navigables de France, qui gère les canaux artificiels des quatre départements de Bourgogne, annonce que certaines portions ne rouvriront pas à la date prévue.
Thierry Feroux, directeur des relations institutionnelles et innovation à la direction Centre-Bourgogne des VNF, précise : "On a mené des discussions avec les usagers de la voie d'eau (chantiers navals, croisiéristes, bateaux de location, bateaux-promenades), pour essayer de trouver les meilleures ouvertures."
Les dates d'ouverture en détail
En temps normal, les canaux ouvrent traditionnellement à la date du changement d'heure, soit le week-end du 25-26 mars cette année. Dans le détail, voici les dates d'ouverture à la navigation retenues par VNF :
Sur le canal de Bourgogne
- De Dijon à Saint-Jean-de-Losne : ouverture à la demande jusqu'au 20 mars, puis navigation libre.
- De Venarey-les-Laumes à Migennes : ouverture le 25 mars.
- De Dijon à Pouilly-en-Auxois : ouverture le 29 mars.
- De Pouilly-en-Auxois à Venarey-les-Laumes : ouverture le 8 avril.
Sur le canal du Nivernais
- Ouverture le 27 mars pour l'ensemble du canal
- Entre Cercy et Saint-Léger-les-Vignes : ouverture "haute saison" le 25 mars.
- Entre Augy et Auxerre (Le Batardeau) : ouverture le 8 avril pour cause de travaux.
Sur le canal du Centre
- Ouverture le 3 avril
Sur le canal Yonne Navigable
- Ecluses 1 à 4 entre Auxerre et Monéteau : ouverture à la demande jusqu'au 14 avril, deux passages par jour seulement. À noter que les écluses 1 à 3 sont fermées pour travaux du 15 avril au 2 juin.
- Ecluse 11 d'Epineau (Laroche-Saint-Cydroine) : horaires imposés à 10h, 14h et 17h pour toute la saison.
Sur le canal latéral à la Loire
- Entre Digoin et Dompierre-sur-Bresbe : ouverture le 3 avril.
- De Dompierre-sur-Bresble au Guétin : ouverture "haute saison" le 25 mars.
- Du Guétin à Briare : ouverture "haute saison" le 25 mars
Sur le canal de Briare
- Entre Montargis et Rogny-les-Sept-Ecluses : ouverture le 1er avril
- Sur le reste du canal de Briare : ouverture le 8 avril. Attention : entre les écluses 2 et 4, des horaires de passages sont imposés (9h30-10h30 / 14h30-15h30 / 17h30-18h30)
"Certaines portions ouvrent plus tard car il n'y a pas beaucoup de demandes de passage", note Thierry Feroux. "Certaines démarrent aussi avec un mouillage plus bas que d'ordinaire." Autrement dit, le niveau d'eau sera plus bas par endroits et donc, les bateaux les plus gros ne pourront pas passer.
"On modère les usages de l'eau"
Cette décision "correspond à une stratégie de gestion de l'eau", indique Thierry Feroux, qui rappelle : "On a deux sources pour remplir ces canaux artificiels : les réservoirs comme Grosbois et Panthier, et les cours d'eau comme l'Ouche, l'Armançon, la Dheune, la Loire... Ces sources se sont moins remplies que la normale cet hiver, donc on prélève moins pour maintenir des débits conformes."
Quelles conséquences ces décisions auront-elles sur les usagers ? Elles seront moindres, assure Thierry Feroux. "On modère les usages de l'eau en agissant là où c'est moins nécessaire. Il faut avoir conscience que les gens circulent beaucoup dans des bassins de navigation, mais très peu descendent tous les 500 km du canal de Bourgogne d'une traite. Il y a très peu de monde, par exemple, entre Laroche-Migennes et Saint-Jean-de-Losne."
"S'il n'y a personne, il n'y a pas d'intérêt à ouvrir plus tôt. Traditionnellement, la navigation commence plutôt vers le week-end de Pâques."
Thierry FerouxVNF
Pas d'alarmisme donc. Mais ce n'est pas la première fois que des problèmes de gestion de l'eau sur les canaux bourguignons se posent. En juillet 2022, la sécheresse avait conduit VNF à fermer le canal entre Migennes et Tonnerre dans l'Yonne. À terme, ces soucis vont-ils se répéter ?
"C'est une question à poser", reconnaît Thierry Feroux. "On s'adapte, on discute avec les usagers. Quoi qu'il en soit, dans le canal, on veut toujours maintenir un minimum d'eau car même si l'on ferme à la navigation, on veut préserver toute la biodiversité qu'il y a dans ces cours d'eau."