“C’est un petit Notre-Dame de Paris” : cette église a fêté ses 800 ans, et elle a besoin de travaux

Une première phase de travaux s’apprête à démarrer pour préserver la collégiale de Semur-en-Auxois. Mais il faut encore des financements pour restaurer entièrement l’édifice, vieux de 800 ans. 

La réouverture, sous les yeux du monde entier, de la cathédrale Notre-Dame de Paris, est un coup de projecteur sur l’ensemble du patrimoine religieux à rénover. À Semur-en-Auxois, sa petite sœur, la collégiale nécessite de gros travaux. 

Le plafond "se craquèle et tombe"

Fragilisée, la toiture laisse l’eau s’infiltrer. “Le manque d’étanchéité du clocher provoque une humidité que l’on constate. La voûte est humide, donc le badigeon ou l’enduit se craquèle et tombe”, décrit Etienne Jacquot, président de l’association Les Amis de la Collégiale. En réaction, des filets de protection ont été installés pour éviter que ces “miettes de plafond” ne tombent sur les visiteurs et les paroissiens. 

“Ça me fait de la peine, forcément”, regrette une paroissienne. “Je suis née à Semur, j’ai été baptisée ici, je me suis mariée ici, j’ai fait baptiser mes enfants ici…!”

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Il faut dire que l’édifice est très ancien : la collégiale a 800 ans, construite en 1224… “C’est un petit Notre-Dame de Paris, construit un peu plus tôt”, note le père Serge Athenor, curé de la paroisse de Semur. “C’est exactement la même architecture gothique, avec le choeur tout au fond, l’orgue de ce côté.”

Quand on pense qu’on a fêté cette année les 800 ans de la collégiale… Maintenant, à nous de faire les travaux pour les 800 ans à venir. 

Serge Anthenor

curé de la paroisse de Semur-en-Auxois

Classé monument historique, l’édifice a bénéficié au 19e siècle de l’expertise d’Eugène Viollet-le-Duc. “Il est venu ici, comme à Notre-Dame, comme à Vézelay”, explique le curé, “et ses travaux ont permis de préserver cette collégiale”. “Quand on pense qu’on a fêté cette année ses 800 ans… Maintenant, à nous de faire les travaux pour les 800 ans à venir.”

Un chantier soutenu par la Fondation du Patrimoine

Mais on ne réalise pas 800 ans de travaux d’un claquement de doigts. Avec toutes les spécificités liées à un ouvrage si ancien et particulier, le devis total est chiffré à 3 millions d’euros. Une première phase de travaux va débuter en janvier 2025, avec le toit et le clocher. 

Contrairement à une cathédrale, qui est à la charge de l’Etat, la collégiale est à la charge de la commune. Pour financer ce chantier titanesque, la mairie de Semur-en-Auxois a fait appel à l’Etat, à la Région, au Département et à l’Europe, mais aussi à la Fondation du Patrimoine. Emmanuel Macron, aux côtés de Stéphane Bern, s’est déplacé à Semur en 2023, pour inciter les Français à soutenir le patrimoine des petites villes.

Et cela a payé : en quelques mois, 40 000 euros ont été récoltés. “Cela a mis un coup de projecteur sur la collégiale”, analyse Catherine Sadon, la maire de Semur-en-Auxois. “Pour les habitants, c’est devenu un sujet important. Et les financeurs se sont davantage dirigés vers nous. Il faut dire aussi que les 75 % de réduction d’impôts pour les donations, c’est intéressant. J’ai été très surprise de voir l’attrait d’un certain nombre de personnes, très rapidement, qui se sont portées candidates pour souscrire grâce à cette réduction d’impôts.”

Jusqu’où la collégiale Notre-Dame de Semur-en-Auxois pourrait-elle faire monter les enchères ? “Notre-Dame de Paris a récolté 850 millions d’euros. Nous, si on arrive à un demi-million d’euros… Ce sera déjà pas mal !” sourit, beau joueur, Etienne Jacquot, des Amis de la Collégiale.

► Avec Clara Génévrier et Zahra Douche