Ce lundi 21 février, le tribunal correctionnel de Nancy examine l'affaire du château de La Rochepot (Côte-d'Or). Le propriétaire présumé du bâtiment, Dmitri Malinovsky, ainsi que six autres prévenus, seront jugés notamment pour blanchiment. Retour sur une affaire aux nombreuses zones d'ombre.
Une histoire digne d'une série policière. L'affaire du château de La Rochepot, qui dure depuis plus de quatre ans, devrait enfin dérouler son générique de fin. Ce lundi 21 février, sept mis en cause vont devoir s'expliquer devant le tribunal correctionnel de Nancy.
Parmi eux, l'Ukrainien Dmitri Malinovsky, propriétaire présumé du château. À ses côtés, sur le banc des prévenus, se tiendra également Alexandru Arman, ancien gérant du château. Deux noms qui sont désormais irrémédiablement associés à l'histoire de l'emblématique monument de La Rochepot.
En 2015, le rachat du château est perçu comme une bonne nouvelle
Le château de La Rochepot, propriété historique de Sadi Carnot, est vendu fin 2015. Le nouveau propriétaire semble faire partie d'un groupe d'investisseurs d'Europe de l'Est. On le dit lithuanien ou ukrainien.
À l'époque, la nouvelle du rachat, pour un montant d'environ trois millions d'euros, est accueillie avec soulagement par les habitants. Le château accueille près de 30 000 visiteurs par an, c'est une vitrine touristique importante pour la commune.
Les nouveaux gérants de la propriété engagent plusieurs projets, comme par exemple la création d'une boutique de produits régionaux. Pour les habitants, la gestion du château semblait repartir sur des bases stables.
L'escroquerie révélée en 2018
Pourtant, la situation se dégrade rapidement. Huit à neuf artisans employés sur le château, parmi lesquels des plombiers, électriciens ou terrassiers, ne sont jamais payés. Les pertes sont estimées à plusieurs milliers d'euros. D'autres employés, venus d'Europe de l'Est, auraient quant à eux travaillé sans contrat.
Début 2018, les gendarmes s'intéressent aux transactions à l'origine de l'achat du château. Les investigations leur permettent de remonter à Dmitri Malinovsky, le cerveau présumé de la fraude.
Au cours de l'enquête, ils découvrent que cet Ukrainien âgé de 36 ans était recherché par Europol pour un détournement de fonds estimé à 12 millions d'euros. Pour échapper à la justice ukrainienne, Dmitri Malinovsky s'est même fait passer pour mort en produisant de faux certificats de décès.
Une perquisition du château en octobre 2018, qui mène à la mise en examen de quatre individus
Le 5 octobre 2018, les forces de l'ordre passent à l'action. Elles perquisitionnent le château de La Rochepot pendant près de sept heures. Au terme de l'opération et d'une autre menée en même temps à Beaune, Dmitri Malinovsky, sa compagne Olga Kiselova, Alexandru Arman et son épouse sont interpellés.
Les hommes sont incarcérés, les femmes placées sous contrôle judiciaire. Ils sont tous les quatre mis en examen, notamment pour blanchiment, abus de biens sociaux et travail dissimulé.
Les gendarmes saisissent 300 000 euros en liquide, une Rolls-Royce de collection, le château ainsi que trois œuvres de Salvador Dali. Le tout pour une valeur de quatre millions d'euros.
Des accusations de détention d'armes, blanchiment en bande organisée et travail dissimulé
Si Alexandru Arman est finalement libéré et placé sous contrôle judiciaire, Dmitri Malinovsky lui, est transféré de Varennes-le-Grand (Saône-et-Loire) à la prison de Nancy-Maxéville.
La justice lui reproche des faits de détention d'armes, blanchiment en bande organisée, blanchiment s’agissant de fonds dissimulés sur des comptes de sociétés offshore, travail dissimulé par dissimulation de salariés, abus de biens sociaux ainsi que détention et usage de faux documents administratifs.
À l'issue de la procédure, il pourrait être extradé vers l'Ukraine. Le procès doit durer jusqu'au 2 mars prochain.