Des distributeurs de pain ferment dans les villages, "un échec personnel" : quand les boulangers ne parviennent plus à tenir la cadence

En Côte-d'Or, plusieurs dépôts de pain de l'agglomération dijonnaise viennent d'être retirés par le boulanger qui les alimentait. En cause, un manque de personnel qui l'empêche de suivre la cadence... et qui se répand dans la région.

Mauvaise nouvelle pour les amateurs de pain de Norges-la-Ville, Arceau et Ruffey-les-Echirey (Côte-d'Or). Dans ces trois villages du nord de l'agglomération dijonnaise, les distributeurs dans lesquels les habitants pouvaient chaque jour récupérer leurs baguettes viennent en effet de fermer.

Derrière ces machines, Anthony Laidet, boulanger à Saint-Julien. Cela faisait près de huit ans qu'il alimentait chacun de ces dépôts... aussi, les fermer est pour lui "comme un échec personnel, parce qu'on a toujours envie de produire plus, de faire de nouvelles choses. Mais là, on n'a pas le choix que de fermer."

Une nécessité de fermer due au manque de main-d'œuvre, auquel le boulanger est confronté depuis plusieurs mois. "On a du personnel qui est parti pendant l'été, et on n'a jamais réussi à en retrouver", déplore-t-il. "On a essayé de continuer le service qu'on avait mis en place, mais je suis tout seul. Les journées sont à rallonge et il faut malheureusement prendre des décisions."

"Quand on poste une offre d'emploi, on a un retour au bout de six, sept mois..."

Cette pénurie de personnel n'est pas nouvelle pour la profession. Début 2022, le Président de la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française, Dominique Anract, estimait ainsi à 21 000 le nombre de postes qui restaient à pourvoir dans le secteur (à la fois pâtissiers, boulangers et vendeurs).

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Une situation qui est "très, très répandue" dans la région, explique David Nogueira, président de l'union départementale des artisans boulangers de Côte-d'Or. "On essaie comme on peut d'améliorer les conditions de travail, de payer mieux nos employés, mais on constate que le métier attire moins. Quand on poste une offre d'emploi, on a un retour au bout de six, sept mois..."

Lui-même s'est vu contraint de fermer sa boutique un jour par semaine de plus, faute de personnel. "J'ai une vendeuse qui a un problème de santé et qui est depuis en arrêt maladie. On continue à la payer, mais avec la hausse du coût des matières premières et de l'électricité, même si on trouvait, on ne pourrait pas forcément embaucher quelqu'un en remplacement. Donc on n'a pas le choix."

Mêmes échos en Saône-et-Loire, d'après l'antenne locale de l'organisation professionnelle. "On voit que même si on a toujours beaucoup d'apprentis, les jeunes rechignent assez à travailler le dimanche. Il arrive aussi qu'ils arrêtent la boulangerie après avoir obtenu leur CAP, ou bien qu'ils aillent plutôt vers les chaînes ou la grande distribution. Ce qui fait que beaucoup de nos adhérents ont du mal à avoir un personnel complet."

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À noter que le secteur de la boulangerie emploie, au total, plus de 180 000 personnes, parmi lesquels 29 000 apprentis. En 2023, la France comptait environ 35 000 établissements sur l'ensemble de son territoire.

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