Une boulangerie d'Auxonne (Côte-d'Or) baisse temporairement le prix de la baguette d'1,20 euro à 80 centimes. Une réduction sur un produit d'appel pour combattre l'inflation et dynamiser les ventes... Au plus grand bonheur de sa clientèle.
À contre-pied de la tendance nationale. Depuis la mi-novembre, les deux boulangeries de la Grange à Pain à Auxonne et à Genlis (Côte-d’Or) bradent leurs baguettes. 80 centimes, au lieu d’1,20 euro d’habitude. "C’est vraiment sympa pour le budget de tous les jours !, s’exclame une habituée. À la fin du mois ça fait quand même quelques économies, donc on vient ici plutôt qu’ailleurs."
Ce dimanche midi, la boutique ne désemplit pas, et chacun repart avec son pain. "Normalement on fait les courses en grande surface, donc on prend la baguette là-bas, confie un trentenaire. Mais quand on a l’occasion, on passe ici parce que c’est moins cher !"
À la caisse, les vendeuses jouent la bonne humeur et ne manquent pas de mettre en avant les prix attractifs. "C’est sûr que le prix ramène des clients, remarque Manon Bodoignet. On vend plus de baguettes, et on doit en recuire le soir." En temps normal, 700 unités sont vendues par jour. C’est presque une centaine de plus depuis qu’elles coûtent 80 centimes.
Le propriétaire des deux établissements, Pascal Millière, est boulanger depuis 2014. C’est la première fois qu’il met en place cette opération, dans l’espoir de dynamiser une consommation en berne : "On voulait donner un coup de pouce au client car le pouvoir d’achat est en baisse et on le ressent bien". D’autant plus avant les fêtes.
Si la recette fonctionne, est-elle rentable ? En boutique, une cliente s’exclame : "80 centimes, ça me paraît peu cher par rapport au travail que ça représente pour le boulanger !" Pascal Millière confirme. "On est à la limite du prix de revient. On peut faire un geste pendant un certain temps, mais ce n’est pas viable." Entre la hausse des prix de l’énergie et l’inflation des matières premières, la promotion n’est pas vraiment avantageuse. D’autant que la baguette représente 30% de ses ventes.
"Ce n’est pas une histoire de rentabilité. L’objectif c’est de faire plaisir au client et lui permettre de se payer une baguette de pain chez un artisan."
Pascal Millière, artisan boulanger
En Côte-d’Or, La Grange à Pain n’est pas la seule à appliquer des tarifs réduits. À Messigny-et-Vantoux, la boulangerie propose un prix imbattable : 60 centimes la baguette ! Commencée début octobre, l’opération devait durer tout le mois. Elle est au final prolongée jusqu’à la fin de l’année.
Quel est leur secret ? Même David Nogueira, le président de l'union des boulangers de Côte-d'Or, ne comprend pas. "C’est impossible, ça ne tiendra jamais sur le long terme. Surtout avec le prix des matières premières et de l’énergie aujourd’hui. Et vous rajoutez à cela les employés qu'il faut payer. C’est alarmant, j’ai peur que la boulangerie travaille gratuitement", nous confiait-il en octobre.
À Auxonne et Genlis, l’opération doit prendre fin le 17 décembre. Mais le boulanger l’assure : "Si l’on peut, ce serait bien de continuer".