Mecredi 26 juin, la délégation de la Croix-Rouge de Dijon a ouvert sa nouvelle boutique solidaire, une friperie avec des articles de marque à prix réduit. L'économie et le pouvoir d'achat sont dans toutes les têtes de ceux qui passent les portes de ce magasin.
Fin de matinée, la boutique est ouverte depuis seulement une heure et elle est déjà remplie. "Les gens ont fait la queue avant l'ouverture. On ne s'attendait pas à cela," explique Nicolas Taché, dirigeant de la section locale de la Croix-Rouge de Dijon. Pour cette délégation, le 26 juin 2024 est un jour spécial : c'est l'ouverture de leur nouveau magasin solidaire, "Chez Henry".
Tatiana est arrivée une heure plus tard. Cette Dijonnaise, mère de deux enfants, a découvert la boutique un peu par hasard. "Je passais dans la rue et j'ai vu qu'elle allait ouvrir d'ici quelques jours. Je me suis dit : pourquoi pas, donc j'y suis retournée aujourd'hui," explique celle qui travaille dans l'événementiel. Après avoir vu les articles présentés, elle est très satisfaite.
"Je n'arrive pas à croire que cela existe encore ! Les articles sont magnifiques, et les tarifs sont incroyables !" Des chemises Ralph Lauren, des jeans Levi's, des maillots de football de l'OM ou du PSG, ainsi que des combinaisons sont disponibles à des prix très bas : de cinq à vingt euros en moyenne. Une aide importante pour cette Dijonnaise, qui élève seule ses deux enfants.
"L'alimentaire, les vêtements : aujourd'hui, tout est cher ! C'est vraiment compliqué de se faire plaisir..."
Tatiana Desoche
Des publics diversifiés
Différents publics sont visés par cette boutique dijonnaise. Ce mercredi, une femme au foyer côtoie des étudiants ou un retraité. Cette diversité des profils est recherchée par Nicolas Taché. "Certains bénéficiaires de la Croix-Rouge sont visés par cette boutique, mais aussi ceux qui viennent pour de la seconde main ou les ateliers que l'on propose."
Une personne est venue pour qu'on l'aide à la rédaction de son CV. Les autres sont présents pour les vêtements proposés. C'est le cas d'Alain. Originaire de Reims, il voyage souvent dans la cité des ducs.
Arrivé une dizaine de minutes auparavant avec sa femme, il aime déjà le concept proposé par la Croix-Rouge : "Je n'ai pas de problème d'argent, mais quand je vois des chemises Ralph Lauren à 14 euros, je me dis que c'est plus intéressant d'aller acheter ici."
Avec la crise du pouvoir d'achat, il estime que ce genre d'initiative "est un plus" pour aider les personnes en difficulté. Tatiana, elle, va plus loin : elle considère que les friperies sont "vraiment la solution" face à la vie chère.
Cette opinion est partagée par Laure. Étudiante en marketing en alternance, elle considère que ce genre de friperie est important pour trouver de beaux vêtements à prix réduit. "Quand on est étudiant, on n'a pas forcément un salaire conséquent pour pouvoir s'en acheter."
"Les politiques ? Ce sont tous des marionnettes"
Le pouvoir d'achat est l'une des grosses thématiques de la campagne des élections législatives. C'est, par exemple, le premier point du programme du Nouveau Front Populaire. De l'autre côté, Jordan Bardella a érigé sur TF1 cette problématique comme priorité absolue du Rassemblement National. Dans cette boutique solidaire de Dijon, cette question n'est pas la première considération des clients.
Deux raisons à cela : la première, c'est l'aversion pour certains partis. Laure ne connaît pas les réponses des candidats sur cette question. Elle pense néanmoins voter "pour un parti qui n'est pas dans les extrêmes." Peu importent leurs réponses sur le pouvoir d'achat, Tatiana ne votera pas pour le Rassemblement National.
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L'autre raison est la déconnexion avec les politiques. Tatiana l'explique : "Peu importe ceux qu'on choisit, ils ont à peu près les mêmes directions, ils vont faire pareil. Ce sont tous des marionnettes ; ils disent qu'ils veulent faire plein de choses, mais ils ne le font pas."
D'après la Fondation Jean-Jaurès, qui a mené des entretiens auprès de 36 abstentionnistes, cette déconnexion avec les politiques est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles les Français se sont abstenus lors de l'élection présidentielle de 2022.