​​​​​​​Coronavirus Covid-19 : pourquoi l’épidémie oblige les associations d’aide humanitaire à se réinventer ?

L’épidémie de coronavirus a jeté de nombreuses personnes dans la précarité du jour au lendemain. Les associations humanitaires sont sur le pont, mais elles doivent innover face à une situation inédite qui bouleverse les dispositifs traditionnels.

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Toutes les associations d’aide alimentaire voient affluer de nouveaux venus


Secours populaire, Restos du Cœur, Banque alimentaire de Bourgogne, Croix-Rouge, Secours Catholique…

Avec la crise du coronavirus Covid-19, toutes les associations humanitaires voient arriver des personnes qui viennent pour la première fois demander de l’aide : des familles touchées par le chômage partiel ; des employés travaillant dans la restauration, le tourisme ou l’événementiel qui se retrouvent sans activité ; des intérimaires qui ne trouvent plus de missions ; des étudiants qui ont perdu leurs jobs… Tous se retrouvent obligés de recourir à l’aide alimentaire.

 


Les Restos du Cœur de Côte-d’Or, qui en temps normal viennent en aide à 6 000 personnes, ont déjà noté une augmentation de 10 à 15% du nombre de bénéficiaires. "Compte tenu de la situation économique du pays, on craint que de nombreuses entreprises mettent la clé sous la porte et, immanquablement, des gens qui n’auraient jamais fréquenté les Restos du Cœur devraient arriver bientôt", estime Jean-Denis Barroy, responsable départemental des Restos du Cœur 21.

Toutes les associations d’aide alimentaire se préparent donc à accueillir davantage de nouveaux venus. Pour cela, elles travaillent en concertation : "chaque semaine, on fait un état des lieux dans une visio-conférence pilotée par le conseil départemental. L’idée est de couvrir l’ensemble du territoire et d’apporter la solidarité là où il y en a besoin. Le but est d’être complémentaire plutôt que concurrent".

 

Le virus nous a obligés à changer complètement nos pratiques - Jean-Denis Barroy, responsable des Restos du Cœur 21


"Les Restos du Cœur, c’est de la distribution alimentaire, mais aussi beaucoup d’autres activités comme des ateliers cuisine, l’accompagnement dans la recherche d’emploi ou pour apprendre à tenir un budget, etc. Le coronavirus nous a obligés à ne garder que l’aide alimentaire", explique Jean-Denis Barroy.

"Sur nos 24 centres du département de Côte-d’Or, on a réussi à en conserver 20 en fonctionnement. Mais, on a dû modifier nos façons de faire : avant la crise du Covid-19, quand les gens venaient, on discutait, on échangeait. Maintenant, le matin on prépare des colis qu’on distribue l’après-midi et les gens restent à l’extérieur. A Dijon, pendant toute la durée du confinement, on a aussi livré plus de 400 familles chaque semaine. Ca représente un travail gigantesque", précise le responsable départemental des Restos du Cœur 21.

 


 

Accompagnement scolaire et alphabétisation via téléphone ou visioconférence


Au Secours populaire aussi, on a vu la fréquentation bondir : "avant la crise du coronavirus, on avait 7 000 bénéficiaires. Ils seront bientôt 10 000, soit environ 30 % de plus. On a dû mettre en place un numéro d’urgence que les familles peuvent appeler (06-70-96-49-58)", indique David Lebugle, secrétaire général de la fédération de Côte-d’Or.

Là aussi, l’aide alimentaire d’urgence a été maintenue via une organisation spécifique, avec des colis délivrés sur rendez-vous individuel et passés par la porte pour éviter tout contact physique entre les bénéficiaires et les bénévoles.

Et pour poursuivre les actions d’accompagnement scolaire et d’alphabétisation, il a fallu innover avec des bénévoles mobilisés depuis leur domicile pour aider les élèves à qui ils apportent une aide pour les devoirs. Un soutien individuel qui passe par le biais du téléphone ou par visioconférence pour ceux qui ont accès au numérique. Le Secours populaire de Côte-d'Or propose aussi une permanence assurée par une psychanalyste bénévole.

 

 

Innover pour trouver de nouveaux soutiens financiers


Derrière toutes les associations qui distribuent de l’aide alimentaire, il y a la Banque Alimentaire. C’est elle qui collecte des aliments lors de"la ramasse" : en clair, les invendus des grandes et moyennes surfaces sont récupérés, puis la Banque alimentaire répartit cette collecte entre les associations caritatives et les CCAS (Centres communaux d’action sociale), qui à leur tour redistribuent les produits aux plus démunis.

"Notre rôle n’est pas de distribuer directement ces aliments", explique Gérard Bouchot, président de la Banque Alimentaire de Bourgogne.
Mais, au début de la crise du Covid-19, certaines associations - privées de leurs bénévoles âgés et vulnérables au virus - ont suspendu leur activité de distribution pendant quelques temps. C’est pourquoi nous avons dû distribuer des denrées directement à des centres d'accueil et des foyers d’hébergement dijonnais."

Aujourd’hui, la situation commence à se stabiliser. Mais, en raison de l’arrivée de nouveaux bénéficiaires, la Banque Alimentaire distribue environ 10 tonnes de denrées supplémentaires par semaine. Si pour le moment il n’y a pas de problème d’approvisionnement, "le grossiste" des associations caritatives commence déjà à faire les comptes et espère que les 39 millions d'euros promis par l’Etat pour l’aide alimentaire arriveront bientôt.
"En attendant, nous sommes preneurs de dons financiers bien sûr, ainsi que de dons alimentaires des industries et des grandes surfaces. On est intéressés notamment par des produits pour les bébés : lait maternisé, petits pots… ", ajoute Gérard Bouchot.

 

 

Si la situation ne s’arrange pas, on ne pourra pas faire certains achats alimentaires ou organiser certaines actions de solidarité - David Lebugle, secrétaire général de la fédération du Secours populaire de Côte-d’Or.



Toutes les associations caritatives surveillent de près leur budget : "si la crise s’installe et qu’on ne peut plus organiser certaines actions (collectes, boutiques de la solidarité, braderie annuelle du Zénith avec la Fnac), cela risque d’avoir un impact sur la santé financière du Secours Populaire", craint David Lebugle.

"Fin avril, on avait déjà un manque à gagner de 60 000 euros. Heureusement, que les particuliers sont très généreux et que les collectivités locales nous soutiennent. Mais, si la situation ne s’arrange pas, fin juin on risque de dépasser la barre des 100 000 euros de manque à gagner. Du coup, cela signifie qu’on ne pourra pas faire certains achats alimentaires ou organiser certaines actions de solidarité."

C’est pourquoi au Secours populaire de Côte-d’Or, "on essaie de réfléchir à de nouvelles formes de solidarité qui apporteraient un soutien financier pour pallier le manque à gagner. On a été contactés, par exemple, par une entreprise de communication qui veut lancer des tee-shirts portant le logo de l’association. Les bénéfices de la vente seraient versés au profit de l’association." Cette idée et d’autres sont à l’étude.

 
 

Un dispositif d’écoute et de conciergerie pour les personnes âgées, isolées ou fragiles


La Croix-Rouge a elle aussi innové depuis que l’épidémie de coronavirus a bouleversé la vie quotidienne de ses bénéficiaires.
Pendant le confinement, l’association a mis en place un service baptisé "Croix-Rouge Chez Vous", qui a tellement bien marché qu’il va être maintenu.

Il s’agit d’un dispositif à la fois d’écoute et de conciergerie pour les personnes âgées, isolées ou fragiles qui ne peuvent pas sortir de chez elles :
-si elles ont besoin de parler et d’être rassurées, elles peuvent s’entretenir avec des bénévoles formés à l’écoute.
-elles peuvent aussi commander des produits de première nécessité (denrées alimentaires, produits d’hygiène et d’entretien) dans des magasins et se faire livrer gratuitement à domicile. Ce sont des volontaires de la Croix-Rouge qui livrent les paniers de courses ou des médicaments.


 


"Pendant le confinement, on s’est aussi apercu que des gens n’allaient jamais voir un médecin ou un dentiste. On veut donc développer notre secteur de prévention santé en partenariat avec d’autres associations. Ce pourrait être une infirmerie mobile, qui irait de temps en temps à la rencontre des plus précaires lors des maraudes.
Ca existe déjà, mais on va le faire en complémentarité pour étoffer cette offre", dit Christophe Talmet, président de l’unité locale du Grand Dijon de la Croix-Rouge.

"On va aussi essayer de créer dans notre service social un espace de détente et de rencontres : le but est que les gens puissent discuter, papoter et pourquoi pas, comme on a des bénévoles de toutes les professions, proposer des séances de coiffure pour que les gens se sentent bien."
Car les personnes démunies ont autant besoin de colis alimentaires que de lien social et de nourritures affectives.


 
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