Dijon : Ibrahima Barry, apprenti boulanger, est menacé d'expulsion

À Dijon, un boulanger se bat pour garder son apprenti auprès de lui. Ibrahima Barry, originaire de Guinée, va avoir 18 ans dans trois semaines et est menacé d'expulsion. Une histoire qui en rappelle une autre à Besançon il y a peu.

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Mise à jour du 22 janvier : Ibrahima Barry a appris qu'il allait pouvoir rester en France au moins jusqu'au mois d'août 2021, le temps de l'examen de sa demande de titre de séjour, dont le dépôt a été accepté.

Notre article initial : Ibrahima Barry est fier d'être boulanger et il voudrait bien le rester. Mais ce jeune Guinéen ne sait pas s'il pourra obtenir son CAP au mois de juin. Le 2 février prochain, il aura 18 ans et il pourrait être obligé de quitter la France.

"Depuis novembre, les responsables du foyer m'ont dit que pour rester ici, pour continuer mon travail, il faut que j'obtienne un titre de séjour. Je ne peux pas faire ce dossier parce que je n'ai pas mon passeport", nous explique le jeune homme.

Il n'a pas de passeport, car l'ambassade de Guinée en France n'en délivre pas. Pour Frédéric Tarride, boulanger à Dijon et maître d'apprentissage d'Ibrahima depuis septembre 2019, la situation du jeune homme est totalement incompréhensible, et surtout injuste.

"On voulait continuer à le faire travailler voire l'embaucher"

"Ibrahima est un très bon apprenti, confie le boulanger. On vient d'apprendre que dans trois semaines, il n'a plus de travail, il n'a plus le droit d'avoir un salaire, il n'a plus le droit de continuer sa formation juste parce qu'il manquerait un papier pour la préfecture."

"Il a une carte d'identité consulaire, il a tous les papiers, son acte de naissance, tout ce qu'il faut. Sauf son passeport. Il manquerait que ça pour qu'il puisse continuer son apprentissage", poursuit-il.

 

Nous, derrière, on voulait continuer à le faire travailler voire l'embaucher. Et on ne peut pas parce qu'on est dans cette situation administrative qui nous bloque.

Frédéric Tarride, boulanger

"Ce n'est pas un dossier. C'est une personne extrêmement agréable, qui est travailleuse, qui veut s'intégrer. Il a appris le français en moins d'un an, il travaille comme j'ai vu très peu d'apprentis le faire depuis 17 ans. Ces jeunes là, il faut les laisser s'intégrer, ils ne demandent que ça."

L'histoire d'Ibrahima en rappelle une autre. Celle d'un boulanger de Besançon, Stéphane Ravacley, qui a entamé une grève de la faim début janvier pour que son apprenti ne soit pas obligé de retourner en Guinée. Laye Fodé Traore a finalement obtenu sa régularisation, après dix jours de mobilisation de son patron. 

"Il a fallu que Stéphane à Besançon fasse une grève de la faim pour faire parler de lui pour qu'on arrive à débloquer sa situation, rappelle Frédéric Tarride. Mais il a fallu jusqu'à l'extrême. Là, on voudrait que la raison l'emporte."

Un rendez-vous vendredi à la préfecture

Ibrahima a rendez-vous vendredi 22 janvier à la préfecture. Il y sera accompagné par Pascal Varlet, l'éducatrice de l'association Acodège qui le suit depuis son arrivée en France. "La préfecture demande un passeport que le pays d'Ibrahima, la Guinée, ne délivre pas. Donc ce sont des attestations de non-délivrance de passeport délivrées par l'ambassade. Est-ce que ce document ne peut pas suffire pour faire une première demande de titre de séjour", s'interroge-t-elle.

L'éducatrice mentionne également les propos de la ministre du Travail Élisabeth Borne, lors d'un déplacement dans le Doubs le 8 janvier, alors interrogée sur le cas de l'apprenti de Besançon. "Quand on accueille des mineurs non accompagnés qui s'engagent dans des formations, au bout de deux ans, si tout s'est bien passé, alors ils peuvent continuer à travailler en France", avait expliqué la ministre. 

Invité sur le plateau du 19/20 de France 3 Bourgogne le 21 janvier, le préfet de la Côte-d'Or Fabien Sudry a rappelé le processus que suivent les demandes comme celles d'Ibrahima. "Les services préfectoraux font un travail très approfondi d'examen de dossiers de demande. Ce qu'il faut comprendre c'est que nous sommes là pour appliquer les lois de notre pays", a-t-il indiqué sans se prononcer précisément sur le dossier du jeune Guinéen. "Il y a des considérations qui peuvent être humanitaires, avec un examen approfondi de situations. Et donc je suis amené parfois à trancher certains dossiers."

Inquiet, Ibrahima n'espère qu'une chose : voir sa situation régularisée et continuer à apprendre son métier. "Ibrahima n'est pas le seul. En Côte-d'Or et ailleurs, il y a d'autres jeunes dans sa situation", rappelle son éducatrice.

 

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