Dans un courrier adressé ce 17 mai au gouvernement, les commerces indépendants réclament le report des soldes prévues le 23 juin. Les grandes marques souhaitent maintenir les dates actuelles. Au sein de la métropole de Dijon (Côte-d’Or), les avis divergent.
Petits commerçants face à grandes enseignes. Ce lundi 17 mai, la Confédération des Indépendants et la Fédération Nationale de l’habillement ont envoyé un courrier au gouvernement dans lequel elles demandent le report de la période des soldes. Celle-ci doit normalement débuter le 23 juin prochain. Mais les grandes marques espèrent de leur côté que les ventes à prix cassés commencent à la date prévue. Le débat suscite également des divergences dans la métropole de Dijon (Côte-d’Or).
Une réunion aura lieu ce 18 mai à partir de 8h45 au ministère de l’Économie entre l’exécutif et les différentes associations commerçantes pour avancer sur les modalités des soldes estivales. Celles-ci remettront les résultats des différents sondages réalisés par les fédérations locales auprès de leurs adhérents. À l'échelle nationale comme à Dijon, deux tendances s'affrontent alors que les commerces rouvrent ce mercredi 19 mai.
Les petits veulent réaliser leurs marges
"Le bilan est très disparate, nous annonce Denis Favier, vice-président des Commerçants et artisans des métropoles de France. Les succursalistes souhaitent que la date soit maintenue. Les indépendants veulent que la date soit le plus loin possible", détaille celui qui est également le président de Shop in Dijon, l’association des commerçants de la ville.
Ce sont deux mondes qui s’affrontent avec des problématiques encore plus éloignées en temps de pandémie. D’un côté, les grandes enseignes espèrent écouler rapidement leurs stocks. De l’autre, les petites structures veulent que la période où ils peuvent réaliser des marges pleines dure le plus possible après un mois et demi de fermeture."C’est très compliqué", souffle Denis Favier.
"Les indépendants veulent travailler à marge normale et pas à marge sacrifiée. Et les grandes enseignes qui ont des dizaines de collections par an ont besoin de les écouler. Donc pour eux, plus les soldes arrivent vite, mieux c’est", précise-t-il. Les commerces favorables à un maintien des dates veulent notamment capter la clientèle avant qu'elle ne parte en vacances.
Une campagne hivernale ratée
Le débat est donc épineux, d’autant plus que ces soldes estivales revêtent une importance capitale, après une campagne hivernale très compliquée. La période de vente à prix réduits organisée entre le 20 janvier et 2 mars cette année n’a pas eu le succès escompté. "On n’avait pas prévu le couvre-feu. Il y a eu un effet néfaste et la jauge de 10km n’a pas permis aux clients de bouger très loin. Les soldes d’hiver n’ont pas du tout fonctionné", raconte Denis Favier.
Certains commerçants se retrouvent donc avec des surplus de stocks de près de 50% qu’il faut désormais écouler. En temps normal, les surplus représentent 10 à 15% des réserves des professionnels de l’habillement. "Pour certains, c’est très compliqué au niveau de la trésorerie", avance le président de Shop in Dijon. Le ministère de l’Économie a déjà promis une aide de 6 000 à 8 000 euros pour chaque professionnel de l’habillement, de la maroquinerie, de la chaussure et de l’équipement sportif.
Mais la question des soldes reste épineuse. Le gouvernement devrait trancher dans la semaine. Seule certitude pour l’instant, il n’y aura pas de troisième période de rabais des prix cette année. Mais plusieurs élus des Chambres de Commerce et d'Industrie (CCI) de France ont expliqué que les grandes marques feraient de la résistance en cas de report. "Certaines enseignes feront quand même des promotions dès la fin juin", nous confirme la CCI de Côte-d'Or.
Favoriser le commerce local
Dans la lettre envoyée au gouvernement, les indépendants de l’habillement réclament également une aide financière pour inciter les consommateurs à privilégier les petites structures pendant la période de promotions. La présence des clients sera en effet primordiale pour relancer l’activité. L'année dernière, le report des soldes d'été du 15 juillet au 11 août avait eu un effet bénéfique, notamment en province.
Les commerces en attendent encore plus pour la campagne estivale de 2021. "Il faut qu’ils y ait un engouement plus important que d’habitude. Il faut un élan de solidarité des consommateurs vis-à-vis du commerce local. Qu’ils évitent d’aller sur les plateformes d’achat internationales", intime Denis Favier.
Le président de Shop in Dijon propose de différer la période des soldes d’une semaine pour ménager la chèvre et le chou. En attendant, les "Jours du commerce" seront proposés les 27, 28 et 29 mai prochain pour permettre aux indépendants dijonnais d’écouler une partie de leurs stocks.