Elles signalent les enseignes ou bureaux qui restent allumés : qui sont les Sentinelles de la nuit ?

La pollution lumineuse a un impact encore méconnu sur l'homme et son environnement. En France, les éclairages doivent être éteints à partir d'1 h du matin, mais est-ce bien respecté ? Pour s'en assurer, les Sentinelles de la nuit veillent au grain.

La nuit, alors que la plupart des gens dorment, certains patrouillent avec vigilance. Les Sentinelles de la nature sont un projet porté par France Nature Environnement (FNE) et lancé en 2015. L'idée, c'est de permettre à chaque personne de signaler une atteinte à l'environnement sous toute forme que ce soit. Les signalements peuvent aller du dépôt de déchets en forêt à la pollution d'une rivière par exemple. En Bourgogne-Franche-Comté, l'association dénombre 750 membres.

Pour ce mois d'octobre 2024, FNE lance une nouvelle campagne : les "Sentinelles de la nuit" du 1er octobre au 31 octobre.Objectif de cette initiative : lutter contre la pollution lumineuse. Par "campagne", l'association entend mettre en avant ce thème en particulier pour pouvoir agir plus efficacement sur une période définie.

La pollution lumineuse, un facteur de risques sous-estimé

Héloïse Puga, chargée de mission du programme Sentinelles de la nature en Bourgogne-Franche-Comté, décrit les dangers de la pollution lumineuse : "Cette lumière va avoir plusieurs impacts, sur la santé, elle allonge le cycle jour du corps et impacte la production de mélatonine, l'hormone du sommeil. Sur la faune, certaines espèces comme les chauve-souris ne vont plus être en capacité de chasser par exemple."

Pour l'impact sur les êtres vivants, La Préfecture de l'Eure pointait même la pollution lumineuse comme un facteur meurtrier dans son étude : "La lumière artificielle est la deuxième cause d’extinction des insectes après les pesticides."

Si l'impact économique et énergétique n'est pas particulièrement mis en avant, c'est parce que de plus en plus de communes et entreprises optent pour la technologie LED. La consommation électrique est certes moindre, mais comme l'affirme cette étude de Vie publique elle est en revanche plus dangereuse : "La lumière bleue présente en forte proportion dans les systèmes d’éclairage par LED perturbe aussi l'horloge biologique humaine. Elle a des effets nocifs sur la santé." Selon cet article, ces effets pourraient être des troubles du sommeil, de la mémoire, de l'humeur et de l'attention, des risques cardiovasculaires ou encore un accroissement des risques de cancer du sein et de la prostate, de diabète ou encore d'obésité.

À noter que plusieurs autres études, comme ce rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), font état de conclusions similaires. Mais ce sujet reste encore peu documenté.

Enfin, la pollution lumineuse complique grandement l'observation astronomique. Il faut s'éloigner de la civilisation pour pouvoir observer des aurores boréales ou des astres comme la comète Tsuchinshan-ATLAS.

Objectif zéro lumière après 1 h du matin

L'année dernière déjà, les Sentinelles de la nature de Bourgogne Franche-Comté avait réalisé une campagne similaire. "Cette année, d'autres régions ont aussi voulu participer. On a mis en commun et on a choisi le mois d'octobre car il y a aussi le jour de la nuit (12 octobre)", explique Héloïse Puga. "Avec cette actualité, les gens s'intéressent un peu plus à la pollution lumineuse et avec les Sentinelles de la nuit, on propose d'aller un peu plus loin."

Concrètement, les Sentinelles de la nuit vont signaler les enseignes, les éclairages ou les bureaux qui restent allumés après 1 h du matin. Car ces lumières, si elles émettent après cet horaire, sont interdites selon l'arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses.

Le signalement peut se faire sur la plateforme Sentinelles de la nature ou sur l'application. Il est aussi possible de laisser un courrier à l'entreprise ou l'entité visée par le signalement. "L'objectif c'est d'abord d'informer", précise Héloïse Puga. "Par la suite, si l'organisme ne répond pas favorablement, on peut saisir la mairie ou la Préfecture s'il s'agit d'une commune." Depuis le début du mois d'octobre, une trentaine de signalements ont été enregistrés en Bourgogne-Franche-Comté. L'année dernière, à la fin de la première campagne, ce sont près de 375 signalements qui avaient pu être comptabilisés.

Une maraude est prévue à Dijon, ce dimanche 20 octobre à partir d'1 h du matin, pour lutter contre la pollution lumineuse en groupe. L'action sera menée en partenariat avec la Société astronomique de Bourgogne. Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le site internet des Sentinelles de la nature.