Une trentaine de chercheurs européens sont réunis à Dijon (Côte-d'Or) pour documenter le niveau de contamination des sols agricoles par les microplastiques. Ce projet sur 5 ans, Minagris, présente ses premiers résultats qui sont préoccupants.
Une délégation d’une trentaine de chercheurs européens travaillant sur le projet européen Minagris est réunie à Dijon depuis ce mercredi 9 octobre, et pour 3 jours, à l'INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).
Ils sont ici pour partager les avancées sur les travaux réalisés, concernant le niveau de contamination des sols agricoles européens avec des microplastiques et évaluer leurs impacts sur la santé des organismes vivants dans les sols et des cultures.
The 2024 MINAGRIS plenary meeting in Dijon is underway! 🎉 Our partners from across Europe have come together to discuss the latest advancements in the project and plan the next steps for exploring the presence and impacts of agricultural #plastics in #soil. #HorizonEurope pic.twitter.com/CM6kxlVKYD
— MINAGRIS: Impacts of plastic debris on soil health (@MinagrisEU) October 9, 2024
Le plastique a de nombreux usages dans l'agriculture. Par exemple, les paillis (bois ou écorces broyés) utilisés pour lutter contre les mauvaises herbes contiennent souvent du plastique, tout comme les pneus des tracteurs et certains produits agrochimiques (pesticides, engrais, fongicides...)
Malgré cela, les impacts des débris de plastique laissés dans le sol sont peu connus, en particulier lorsqu'ils sont combinés à d'autres contaminants tels que les pesticides et les produits pharmaceutiques.
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"Il y a des microplastiques partout"
Les premiers résultats issus de prélèvement montrent une forte concentration des microplastiques dans les sols agricoles. Violette Geissen, coordinatrice du projet, déplore auprès de France 3 Bourgogne : "Ce n'est pas une bonne nouvelle."
Ce que l’on sait maintenant, c’est qu’il y a jusqu'à des milliers de particules de plastiques par kilogramme dans le sol. Ça montre que les microplastiques sont présents partout.
Violette Geissencoordinatrice du projet Minagris
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"On parle souvent du 6e continent dans les océans. Mais avant d’atteindre les océans, pas mal de plastique passe par les sols et les rivières", précise Fabrice Martin, directeur de l’UMR Agroécologie au sein de l'INRAE.
Ce projet permet d’avoir les premières donnés pour les sols agricoles de manière quantitative."
Fabrice Martindirecteur de l’UMR Agroécologie au sein de l'INRAE
"Au-delà de la détection, c’est aussi comprendre les effets sur la qualité du sol et les productions végétales", ajoute Fabrice Martin.
Des essais en "plein champ" à Dijon
Les premières données sur la quantification des plastiques sont donc là, "mais sur les effets, on est encore sur la recherche". En France, l’UMR Agroécologie de Dijon est chargée de mettre en place un essai en plein champ destiné à évaluer l’impact des microplastiques sur les micro-organismes du sol.
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La deuxième étude s'intéresse aux effets des microplastiques sur les micro-organismes capables de dégrader des contaminants. "On travaille à identifier l’effet des microplastiques sur la biodégradation des pesticides et antibiotiques. On se focalise sur ces deux composants car on les retrouve dans les sols agricoles", explique Fabrice Martin.
Minagris ("MIcro- et Nano-plastics in AGRIcultural Soils"), projet financé par l'Union Européenne, a démarré en septembre 2021, et va durer 6 ans. D'un budget de 6 millions d'euros, il regroupe une centaine de chercheurs dans 11 pays. Le but est de récolter et analyser les éléments pour explorer les moyens de réduire la dépendance des agriculteurs à l'égard des produits contenant des plastiques.