Le 24 février 2022, la Russie lançait une violente offensive contre l'Ukraine. Deux ans plus tard, la guerre fait toujours rage, contraignant des milliers de réfugiés à reconstruire leur vie en France. À Dijon (Côte-d'Or), une quinzaine d'Ukrainiennes ayant fui leur pays travaille à l'obtention de diplômes français.
Deux ans, jour pour jour. Le 24 février 2022, après de longs mois d'une tension accrue, les troupes russes franchissaient la frontière ukrainienne dans le cadre d'une opération militaire d'ampleur - la plus importante en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le conflit s'est depuis enlisé, sans réelle perspective de paix entre l'Ukraine et la Russie... et sans perspective de retour pour les millions de réfugiés ayant fui la guerre.
Des dizaines de milliers de ces exilés ont trouvé refuge en France. Au 31 décembre 2023, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estimait à près de 70 000 le nombre d'Ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, accueillis dans l'Hexagone. La Bourgogne elle-même a servi de terre d'accueil et permet, aujourd'hui encore, à des réfugiés de reconstruire leur vie.
"Elles ont besoin de repères"
Parmi eux, Nadiia Kadurina. Avant la guerre, elle exerçait en tant qu'esthéticienne dans son pays. Un métier qu'elle aimerait à nouveau pouvoir exercer en France, mais elle doit pour cela obtenir un CAP français équivalent à son diplôme ukrainien. Ce qu'elle compte faire sans repasser par des études grâce à un dispositif dit de validation des acquis de l'expérience (VAE).
"Ça été très difficile à mon arrivée parce que je connaissais deux mots : bonjour et merci", explique-t-elle. "Ensuite j'ai commencé à apprendre le français, donc j'ai progressé. C'est important car avant de passer devant le jury, il faut très bien parler français. Mais c'est une très grande chance."
Lancé par un service académique et l'association "Aidons l'Ukraine", l'objectif du dispositif est d'éviter aux réfugiées de subir un déclassement social. "Le constat qu'on a pu faire, c'est qu'il y avait un déclassement pour la plupart des migrants", note Grégory Morel, directeur du Dispositif académique de validation des acquis (DAVA). "Ils possèdent des qualifications et un niveau d’études, mais lorsqu'ils arrivent, ils se retrouvent à faire un métier avec des qualifications moindres."
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"Pour ce public, ça a du sens d'avoir un moment pour valoriser leur expérience", poursuit-il. "Elles viennent de changer de pays, de travail... Elles ont besoin de repères, et ce premier niveau de reconnaissance officielle de l'État leur permet d'avoir un peu plus d'estime de soi."
À Dijon, 16 autres Ukrainiennes ont, comme Nadiia, intégré le dispositif de la VAE. C'est le cas de Tetiana Reva qui, en parallèle, travaille dans une boulangerie. Lorsque nous la rencontrons, elle ne tarit pas de remerciements pour cette "chance" de reconstruire sa vie... mais espère redevenir assistante de direction afin d'aider, aussi, à reconstruire son pays.
"On voit beaucoup de bénévoles qui achètent de la nourriture, des médicaments, des traitements pour les soldats et les gens blessés à cause de cette guerre. Si je peux gagner plus d'argent, je pourrais aider plus mon pays." Pour rappel, le coût de la reconstruction et de la relance en Ukraine est estimé à plus de 486 milliards d'euros.