Ce mercredi 11 septembre, Steve L. est jugé au tribunal correctionnel de Dijon. Il est poursuivi pour homicide et blessures involontaires, soupçonné d'avoir mis le feu par négligence à son immeuble de la rue du Bourg à Dijon. Un homme de 26 ans avait perdu la vie et 11 autres avaient été blessées.
Le drame avait marqué les Dijonnais, à l'aube du Nouvel an 2021. Dans la nuit du 1er au 2 janvier, un violent incendie s'est déclaré au coeur du centre-ville ancien, dans un immeuble de la pittoresque rue du Bourg, connue pour ses commerces et son café.
Cette nuit-là, les résidents dorment, certains encore fatigués par les festivités du 31 décembre. Mais à 4 heures du matin, ils sont tirés du lit par une odeur de brûlé, de la fumée... puis des flammes, qui se transformeront en piège mortel.
"A l'arrivée des secours, plusieurs appartements étaient touchés"
Rapidement alertés, les pompiers se hâtent pour rejoindre cette rue piétonne, qui jouxte le centre Dauphine. Ils seront plus de 70 mobilisés sur cet incendie difficile à éteindre. Le bâtiment est un vrai dédale. "Les cheminements sont particulièrement délicats avec de nombreux demi-niveaux, des courettes intérieures qui ne sont accessibles que par des couloirs exigus," explique à l'époque Olivier Roy, le commandant des opérations.
L'urgence est d'abord de secourir les habitants pris au piège. Le commandant Olivier Roy indique aux journalistes sur place : "A l'arrivée des premiers secours, plusieurs appartements étaient touchés. Le feu avait percé la toiture. Surtout, des victimes se manifestaient aux fenêtres ou s'étaient pour certaines déjà réfugiées sur les toits."
Le corps de Joël, 26 ans, retrouvé dans les décombres
Les pompiers parviennent à secourir la quasi-totalité des résidents... Mais dans les décombres de l'incendie, au petit matin, ils découvrent un corps. Celui de Joël Basula Domingos, 26 ans, jeune papa d'un bébé de six mois. Il n'habitait pas sur place, mais était venu rendre visite à une locataire de l'immeuble.
Les autres habitants s'en sortent, mais le bilan est lourd : intoxiquée par la fumée, une femme est en urgence absolue, et on dénombre 10 victimes plus légères.
Risque d'effondrement et reprise de feu
Une fois les victimes évacuées, les pompiers ressortent rapidement "au vu des risques d'effondrement d'une partie du bâtiment", explique Olivier Roy. Ils mènent alors les opérations depuis l'extérieur, grâce à des lances à incendies et à de hautes échelles déployées dans la rue du Bourg et les rues adjacentes. Ils utilisent un drone, pour mieux visualiser le profil du feu.
Le 2 janvier à 14h30, le bâtiment est sécurisé par des étais, avec l'intervention d'une équipe spécialisée en sauvetage et déblaiement. Le risque d'effondrement est écarté. Mais l'incendie, lui, n'est toujours pas éteint.
Le lendemain, dimanche 3 janvier, une reprise de feu est repérée à un endroit "particulièrement difficile d'accès parce qu'il se situe dans une zone partiellement effondrée", précisera le commandant Olivier Roy à France 3. 16 pompiers reviennent rapidement sur place pour éteindre cette reprise de feu.
Steve L., arrêté une semaine après l'incendie
Dans les jours qui suivent, un élan de solidarité est lancé pour les habitants qui ont perdu meubles, vêtements et objets personnels dans l'incendie. Parallèlement, les enquêteurs cherchent à comprendre ce qui a causé ce drame. Incendie volontaire ? Défaillance technique ? Rapidement, la police s'oriente vers la piste d'un incendie d'origine humaine, mais pas forcément intentionnelle.
Le 8 janvier, le parquet de Dijon ouvre une enquête pour "homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence". Un homme de 40 ans est arrêté et mis en examen : Steve L, un locataire de l'immeuble.
France Bleu Bourgogne révèle qu'une négligence serait à l'origine du drame : le suspect aurait jeté un mégot, mal éteint, dans une poubelle des parties communes de l'immeuble.