Un mégot mal éteint à l'origine de l'incendie mortel rue du Bourg à Dijon : le suspect sera jugé en septembre

Dans la nuit du 1 au 2 janvier 2021, un violent incendie s'est déclenché dans un immeuble de l'hyper-centre de Dijon, rue du Bourg. Un homme de 26 ans est mort et une dizaine d'habitants ont été blessés. Le mis en cause, suspecté d'avoir jeté un mégot de cigarette dans les parties communes, sera jugé le 11 septembre 2024.

Il est 4 heures du matin, cette nuit du 1er au 2 janvier 2021. Alors que l'on vient de célébrer le passage - confiné - à une nouvelle année marquée par le covid, les Dijonnais dorment. Mais au 48 rue du Bourg, près du centre Dauphine, une odeur de fumée vient réveiller certains locataires.

Puis, arrivent les flammes. Elles deviendront un brasier, qui s'étendra aux immeubles adjacents et mobilisera plus de 70 pompiers pendant de longues heures : un incendie meurtrier et exceptionnel, dans le centre-ville historique de Dijon.

Un jeune papa de 26 ans perd la vie

Dans les décombres de l'incendie, les soldats du feu retrouvent un mort : Joël Basula Domingos, 26 ans, qui rendait visite à une locataire de l'immeuble. Joël était jeune papa, d'un petit garçon de six mois.

 

Le reste du bilan est lourd : une femme en urgence absolue, intoxiquée par les fumées, et 10 victimes plus légères elles aussi intoxiquées par les fumées.

Au coeur de la nuit, les pompiers font face à une première urgence : sauver les habitants prisonniers de leur immeuble en flammes. C'est ce que raconte à l'époque le commandant Olivier Roy, chef des opérations de secours :

À l'arrivée des premiers secours, il y avait plusieurs appartements touchés. Le feu avait percé la toiture. Et surtout, des victimes se manifestaient aux fenêtres ou s'étaient pour certaines déjà réfugiées sur les toits.

Olivier Roy

commandant des opérations de secours

Dans cette petite rue piétonne et pavée, prisée pour ses boutiques (dont le magasin de prêt-à-porter Kookaï, détruit dans l'incendie), les pompiers dépêchent quatre fourgons à incendie, trois échelles, quatre ambulances... Les opérations sont compliquées par la structure de ce bâtiment ancien, un vrai dédale.

"Les cheminements sont particulièrement délicats avec de nombreux demi-niveaux, des courettes intérieures qui ne sont accessibles que par des couloirs exigus," explique le commandant des opérations aux journalistes présents sur place.

Risque d'effondrement

Deuxième urgence : la fragilité de la structure du bâtiment. Une fois les victimes secourues, les pompiers ressortent rapidement "au vu des risques d'effondrement d'une partie du bâtiment", explique Olivier Roy.

L'extinction des flammes est alors menée de l'extérieur, grâce à des lances à incendie, du haut des échelles, dans la rue du Bourg et les rues adjacentes. Un drone est utilisé pour aider les pompiers à visualiser l'étendue des dégâts.

Une équipe spécialisée en sauvetage et déblaiement est dépêchée sur place pour poser des étais et sécuriser le bâtiment. Toute la matinée, les pompiers se relaient. À 14h30, le SDIS écarte le risque d'effondrement. Mais l'incendie, lui, n'est pas tout à fait éteint : le lendemain, dimanche 3 janvier, nouvelle alerte. Une reprise de feu est signalée à un endroit "particulièrement difficile d'accès parce qu'il se situe dans une zone partiellement effondrée", précisera le commandant Olivier Roy à France 3. 16 pompiers reviennent rapidement sur place pour éteindre cette reprise de feu.

Steve L., mis en examen une semaine après le drame

Dans les jours qui suivent, les Dijonnais se mobilisent pour les habitants qui ont tout perdu dans l'incendie. En parallèle, l'enquête avance vite. Le 8 janvier, le parquet de Dijon ouvre une enquête pour "homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence". Un homme de 40 ans est arrêté et mis en examen.

Locataire de l'immeuble, il nie son implication. France Bleu Bourgogne révèle qu'une négligence serait à l'origine du drame : le suspect aurait jeté un mégot, mal éteint, dans une poubelle des parties communes de l'immeuble.

Il "conteste les faits"

Cet homme, Steve L., sera jugé le 11 septembre 2024 au tribunal correctionnel de Dijon, a appris France 3 Bourgogne en ce mois de juillet. Il était sous contrôle judiciaire depuis 2021, et ne l'est plus depuis février 2024, date de la clôture de l'instruction.

Steve L. est mis en cause pour "homicide involontaire", "blessures involontaires avec incapacité de plus de 3 mois", "blessures involontaires avec incapacité de moins de 3 mois" et "destruction du bien d'autrui", le tout "dû au manquement à une obligation de sécurité ou de prudence".

Depuis son arrestation, Steve L. "conteste les faits" qui lui sont reprochés, indique le parquet de Dijon. Pourtant, c'est bien la piste du mégot mal éteint qui a été retenue par les enquêteurs, et "qui a motivé le renvoi du prévenu devant la juridiction de jugement", précise le parquet.

Ce procès s'annonce de grande ampleur, notamment par le nombre de personnes impliquées : 19 victimes et 16 parties civiles. Steve L. encourt jusqu'à 5 ans de prison, la peine maximale prévue par la loi en cas d'homicide involontaire (jugé comme un délit, et non un crime).

L'actualité "Faits divers" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Bourgogne-Franche-Comté
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité