"Si je sors, je peux me prendre une balle" : après la fusillade dans ce quartier de Dijon, les habitants entre peur et colère

Alors qu'une fusillade a eu lieu à la Fontaine d'Ouche (Côte-d'Or) ce mercredi 13 mars, blessant un jeune homme de 17 ans, les habitants de ce quartier dijonnais évoquent leurs peurs et leur colère. Beaucoup craignent d'être des victimes collatérales des règlements de compte sur fonds de trafic de drogue.

C’est un quartier à la fois sous le choc et en colère qui s’est réveillé ce jeudi 14 mars au lendemain d’une nouvelle fusillade sur fond de trafic de drogue. Hier, aux alentours de 17 heures, plusieurs personnes à bord d’un véhicule ouvrent le feu dans le quartier de la Fontaine d’Ouche à Dijon (Côte-d’Or). Un jeune homme de 17 ans, condamné pour trafic de stupéfiant, a été blessé à l’épaule. Mais ses jours ne sont pas en danger.

Plusieurs véhicules ont également été touchés par les tirs et une balle a terminé dans un appartement, sans faire de blessé. Mais l'évènement rappelle la fusillade du 25 au 26 novembre dernier dans le quartier Stalingrad. Un homme de 55 ans avait trouvé la mort alors qu’il était dans son lit suite à des coups de feu.

Une fusillade près d'une école élémentaire

Pour les habitants de la Fontaine d'Ouche, le sentiment de ras-le-bol est intense. "Franchement, c’est grave. On n’est plus en sécurité du tout. Je sors, je prends peut-être une balle, on n’en sait rien", confie anonymement un homme accompagné de son chien.

Une inquiétude d’autant plus grande que la fusillade a eu lieu à proximité d’une école élémentaire. Une mère, elle-aussi sous couvert d’anonymat, raconte ses craintes. "Je viens de dire à la directrice que je vais partir de là. Je n’ai pas envie de rester et que mes enfants grandissent ici. J’ai peur".

Car le quartier de la Fontaine d’Ouche est connu des autorités pour abriter des points de deal. Certains habitants subissent les conséquences des violences liées au trafic de drogue et s’adaptent pour éviter les risques.

"On voit des vitres et des portes cassées. Moi je ne sors plus la nuit, il y a longtemps que je ne sors plus le soir, c’est fini. Après sept heures, je reste à la maison ! Il y a des gens qui trafiquent la nuit et ce sont ceux-là qui sont dangereux pour les femmes ou les personnes âgées", détaille un retraité vivant à la Fontaine d’Ouche.

Pour assurer la sécurité dans le quartier, une brigade de CRS83 a été envoyée en renfort à la Fontaine d’Ouche. Elle sera encore sur place cette nuit, composée de 30 agents. Cette unité venue d’Auvergne-Rhône-Alpes est spécialisée dans les violences urbaines. Des policiers spécialement entraînés pour ces tâches la composent.

"On veut montrer aux Dijonnais qu'on tient la rue"

"On veut montrer clairement aux Dijonnais qu'ils ont droit à la sécurité et qu'on tient la rue. Il s'agit de montrer que la rue appartient à la police. Je comprends l'émotion et les Dijonnais doivent comprendre qu'on réagit en force et vite", justifie le préfet de Côte-d'Or Franck Robine.

Quant à l’enquête, elle est pilotée par la Direction Interdépartementale de la police nationale de Dijon. "C’est de l’écœurement et de l’agacement de voir ce genre de faits se produire non pas à Marseille, à Montpellier ou à Rennes comme on a pu le voir dernièrement. C’est dramatique d’avoir ça dans notre province. On a une pensée pour toutes les victimes collatérales. C’est intolérable. La République ne peut pas continuer à supporter ça plus longtemps", lance Christophe Fernandez, représentant du syndicat Unité SGP de la police de Bourgogne-Franche-Comté.

L’enquête est en cours. Les auteurs des faits sont toujours recherchés pour "tentative d'homicide volontaire en bande organisée et dégradations dangereuses pour les personnes". Et les deux personnes visées par la fusillade ont été interpellées par les forces de l’ordre dans la foulée des tirs.

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