Si comme tous les ans, la lutte contre la transphobie est au cœur des revendications de la marche des fiertés, cette année, plus particulièrement. Dans le cortège qui a déambulé dans les rues dijonnaises, Nathan et son papa sont venus faire entendre leurs voix. Témoignage.
Alors que la préfecture interdit la marche des fiertés au centre-ville de Dijon, la manifestation a bien eu lieu. Cette année, l’une des luttes est celle de la transphobie. Dans le cortège, Ju Garry-Combet, co-porte-parole du collectif Pride radical, précise que cette année, "les attaques contre les personnes trans ont été particulièrement nombreuses". C’est pourquoi les rassemblements comme ceux du jour sont importants, pour faire entendre leurs voix. "On parle beaucoup de transphobie, mais ce ne sont pas les personnes trans qu’on entend, ce sont surtout leurs contradicteurs. La transphobie, il y en a partout, mais on n'entend jamais les trans revendiquer leurs droits."
"On veut juste exister et avoir ce droit d’exister"
Dans le cortège, Nathan. Le jeune trans, accompagné de son papa, participe à sa première marche des fiertés. "C’est l’occasion de revendiquer ses droits, montrer qu’on est là. On n’est pas là pour embêter le monde, on veut juste exister et avoir ce droit d’exister", témoigne-t-il. Après avoir passé 18 ans de sa vie "dans le placard", Nathan "fait partie de ceux que personne n’a vu venir. Ma famille s’est un peu prise une tarte en même temps que moi."
Suite à des chamboulements dans sa vie personnelle et un déménagement à l’autre bout de la France, Nathan s’est retrouvé "avec [lui]-même". "À ce moment-là, je me suis rendu compte que je n’étais pas la personne que je pensais être, et que tout simplement, j'ai toujours été un petit garçon. Il y a toujours eu ce petit garçon à l’intérieur de moi, se souvient le jeune homme. Mais un enfant ne se rend pas compte, il va jouer avec une Barbie ou des petites voitures et il va juste jouer. Ça ne va pas être spécifiquement pour se genrer ou se mettre dans une catégorie." Nathan confie qu’à ce moment-là, "ça a été une claque pour tout le monde, mais surtout pour moi".
Une transition qui reste compliquée malgré le soutien de la famille
Après un temps d’adaptation, Nathan nous explique que ses parents ont totalement accepté la situation. "Je fais partie des personnes chanceuses qui ont toujours été acceptées et pas rejetées", assure-t-il. Des propos validés par son papa, comme toujours, présent à ses côtés. "C’était important de pouvoir le soutenir, comme je l’ai soutenu dès le départ. J’ai voulu que mon fils puisse avoir le soutien des membres de sa famille", témoigne son papa.
À travers moi aujourd’hui, il y a aussi ses grands-parents, son oncle, sa tante.
Papa de Nathan
Un soutien dont il a bien besoin puisqu’il soulève un point important. "On est tous là pour le soutenir dans sa transition, qui reste encore à l’heure actuelle compliquée. Que ce soit pour trouver des médecins, des psychologues, des endocrinologues, des gens qui soient assez "safe" pour pouvoir les accepter tels qu’ils sont."
Si aujourd’hui Nathan marche aux côtés de son papa, il lui a cependant fallu un temps d’adaptation. "Quand Nathan m’a fait l’annonce, je ne m’y attendais pas du tout. Pour moi, ça a été une grosse découverte, se souvient-il. Et il m’a fallu un mois pour que je puisse faire le deuil de la vie de ma fille dans son futur."
Je n’ai pas fait le deuil de mon enfant, mais vraiment de ma fille idéalisée.
Papa de Nathan
Grâce au soutien de sa nouvelle compagne, il l’a "accepté tel qu’il est". "Je me suis dit, ‘ça reste ton enfant, il a besoin d’aide, de soutien, ce n’est pas le moment de le lâcher’. Et aujourd’hui, je suis là."