L'une des plus grandes unités de production de biogaz d’origine agricole a été inaugurée, ce vendredi 20 septembre 2024, à Cérilly (Côte-d’Or). Dijon Céréales annonce le lancement de trois autres projets plus modestes de méthaniseurs dans le département. Mais c'est quoi, la méthanisation ?
Le méthaniseur géant de Cérilly a été inauguré ce vendredi 20 septembre, à l'initiative de Dijon Céréales et Nature Energy. L'opérateur du site, Sécalia, a pour objectif de produire à terme de quoi alimenter 25 000 foyers au biogaz chaque année. Officiellement en fonction depuis le 31 juillet 2024, le site de 15 hectares abrite l'une des plus grosses unités de production de biogaz en France.
La méthanisation, comment ça marche?
La méthanisation est un processus naturel biologique de dégradation de la matière organique animale ou végétale en l'absence d'oxygène, grâce à l'action de micro-organismes. Des bactéries dégradent la matière organique en différents composés, dont le méthane. Ce processus se rencontre naturellement dans les fosses à lisier, les tas de fumier, les décharges à ordures, les marais et… dans l’estomac des ruminants.
Le résidu de ce processus, appelé digestat, est ensuite utilisé comme engrais vert.
Comment fonctionne le méthaniseur de Cérilly?
Concrètement, ce dernier ne va presque consommer que du seigle fourrager issu des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE). Ces céréales, non destinée à la consommation par les animaux ou les hommes, sont issues des cultures implantées et récoltées entre deux cultures principales dans une rotation culturale. Ce seigle fourrager est cultivé par 150 agriculteurs, ce qui représente 5 000 hectares en tout.
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De nombreuses espèces peuvent être utilisées en tant que CIVE : avoine, pois fourrager, seigle, trèfle, ou encore la moutarde. Les CIVE sont des substrats intéressants en méthanisation grâce à leur fort potentiel méthanogène (produisant du méthane).
Le site s'étend sur 15 hectares entre Cérilly et Sainte-Colombe-sur-Seine. Il longe la route départementale 965 sur plus de 140 000 mètres carrés et se compose de plusieurs éléments : des silos de stockage de la biomasse végétale, les digesteurs, les cuves de stockage, et d'autres bâtiments.
"C'est extrêmement vertueux pour l'environnement"
Un système bénéfique pour l'environnement mais aussi pour les agriculteurs, selon Christophe Richardot, directeur général de Dijon Céréales. Jusqu'à présent les cultures de seigle n'étaient pas récoltées.
"On propose aux agriculteurs de récolter cette culture intermédiaire et de la transformer en gaz. On paye la récolte aux agriculteurs. Et ensuite, le digestat (engrais vert NDLR) retourne à la parcelle, donc c'est extrêmement vertueux pour l'environnement", nous expliquait le directeur général en 2022.
À quoi va servir le biogaz ?
En termes de rendement énergétique, l'immense site ambitionne de produire chaque année 230 000 MWh de biométhane, l'équivalent de 25 000 foyers chauffés au gaz.
Cela va couvrir les besoins de Châtillon-sur-Seine et Sainte-Colombe-sur-Seine. Le surplus sera acheminé dans l’agglomération dijonnaise pour couvrir 25 % de ses besoins.
Des méthaniseurs qui font débat
Pour autant, les méthaniseurs ne sont pas forcément bien vus par la population des communes qui les accueillent. C'est le cas à Cérilly où un collectif "Méga méthaniseur ni ici ni ailleurs" s'est créé.
Le porte-parole de la confédération paysanne dénonçait, avant l'inauguration, "un détournement de terres agricoles. Ce sont plus de 5000 hectares de terres qui vont être dédiées à l'alimentation de ce méthaniseur".