Le 24 février 2003, Bernard Loiseau, le chef triplement étoilé se tirait une balle dans la tête avec son fusil de chasse. Il avait 52 ans. Parti sans donner d'explications, le génial cuisinier est encore dans toutes les mémoires.
Seize ans après sa mort, le "Relais Bernard Loiseau", à Saulieu, en Côte-d'Or ne figure plus au club très restreint des "trois étoiles" français. Le célèbre restaurant ne compte plus que deux étoiles, mais d'autres établissements portant son nom ont vu le jour : La Villa Loiseau des Sens à Saulieu, Loiseau des Vignes à Beaune, Loiseau des Ducs et La part des anges à Dijon. Sans oublier, Loiseau Rive Gauche (anciennement Tante Marguerite) à Paris dans le 7e arrondissement.Le reportage d'Anne Berger et Cécile Frèrebeau (2013)
Bernard Loiseau, né à Chamalières dans le Puy-de-Dôme, a grandi dans la charcuterie familiale. "J’étais tout le temps fourré dans la boutique", racontait-il. A 17 ans, il entre en apprentissage à la maison Troisgros de Roanne. Nous sommes en mars 1968. Quinze jours après son arrivée, il assiste ébloui à l’attribution d’une troisième étoile Michelin. Pour lui, c'est une révélation.
Son CAP de cuisine en poche en juin 1971, il avance tendu vers ce seul but. Lui aussi veut atteindre le firmament. Vingt ans plus tard, il accrochera 3 étoiles au fronton de "La Côte d’Or" en Bourgogne.
Responsable du garde-manger à Avallon
Son ascension débute à Paris. A 22 ans, il monte à la capitale où il est chef à la Barrière de Clichy. L’endroit est fréquenté par le monde du spectacle et du journalisme. C’est là qu'il prendra goût aux médias. Il passera aussi par l’Hôtel de la Poste à Avallon, où il est responsable du garde-manger de ce deux étoiles.A 24 ans, il se voit confier la responsabilité de La Côte d’Or, à Saulieu, établissement mythique vieillissant depuis le départ de son illustre propriétaire, Alexandre Dumaine. En mars 1975, il s'installe aux commandes de l’hôtel-restaurant bourguignon. Deux ans plus tard, il obtient sa première étoile Michelin.
En 1977, il se voit aussi attribuer trois toques et 17/20 au Gault et Millau. Aussitôt, il n'a de cesse d'obtenir une deuxième étoile, qu'il décroche en mars 1981.
Bernard Loiseau à la une du New York Times
Sa carrière décolle : son livre "L'Envolée des saveurs" est un vrai succès de librairie. Bernard Loiseau multiplie les apparitions dans les médias. En mars 1991, il obtient sa troisième étoile, Le New York Times lui consacre sa une.Bernard Loiseau poursuit sa quête : il ouvre deux restaurants à Paris, lance une gamme de plats cuisinés et devient même le premier chef au monde coté en Bourse.
Cette "success story" s'arrêtera brutalement en 2003. "Je suis tellement parti de bas, d'une famille très modeste, je me mets moi-même la pression en permanence", disait-il. Fatigue, perfectionnisme, dépression…Nul ne saura jamais vraiment ce qui a poussé ce surdoué à s'en aller si brutalement.
Depuis, à force de travail et de ténacité, sa femme Dominique Loiseau et son second Patrick Bertron ont su maintenir le bateau à flot. Le groupe Bernard Loiseau continue à voguer sur la voie du succès.