En Bourgogne et partout en France, l'association "Médecins pour demain" appelle les médecins libéraux à se mettre en grève vendredi 9 juin. Ils s'opposent à la proposition de loi Valletoux, qui doit être examinée en juin. On vous explique les raisons de leur mécontentement.
Quelques mois après un mouvement d'ampleur contre le financement de la sécurité sociale 2023, les médecins entrent de nouveau dans l'arène. Cette fois-ci, c'est au tour des médecins libéraux en particulier d'exprimer leur colère, avec une journée de grève prévue le vendredi 9 juin, notamment suivie à Dijon par les deux structures SOS Médecins.
SOS Médecins Dijon cessera son activité de soins non programmés de 8H à 20H, le vendredi 9 juin 2023, en solidarité avec le mouvement national contre la proposition de loi Valletoux.
SOS Médecins Côte-d'Or
Une proposition de loi portée par le député Horizons Frédéric Valletoux et soutenue par la majorité présidentielle. Sur le papier, ce texte a pour objectif de combattre les déserts médicaux via "l'engagement territorial des professionnels". Il prévoit, entre autres, de rendre obligatoire la permanence de soins pour tous et pourrait même limiter la liberté d'installation des médecins.
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Sont aussi visés les intérimaires, soumis à de nombreuses critiques au cours des derniers mois. La loi pourrait ainsi l'interdire à "tous les professionnels, médicaux et paramédicaux, en début de carrière".
Une loi qui va "finir de torpiller la médecine libérale"
Des mesures qui font monter aux créneaux les principaux intéressés. Le collectif "Médecins pour demain", à l'origine de l'appel à la grève, dénonce un texte qui "met une fois de plus le feu aux poudres, arrivant dans un contexte déjà tendu entre l’état et les médecins libéraux". Dans une tribune publiée le 26 mai dans les colonnes du Monde, l'association allait jusqu'à évoquer le "coup de grâce" à la médecine libérale.
Martin Ambroise, généraliste et délégué en Côte-d'Or de la Fédération des médecins de France, estime quant à lui que la loi risque de "finir de torpiller la médecine libérale".
"Aujourd'hui, il y a très peu de médecins qui s'installent en libéral à l'issue du diplôme", assure-t-il. "Même après leur période de remplacement, ils ne sont pas majoritaires à s'installer. Sans parler de ceux qui se réorientent, de ceux qui se 'déplaquent', qui en ont tellement marre qu'ils se déconventionnent..."
Quand ce genre de loi est pondu, que peut-on dire aux jeunes pour les inciter à faire ce métier ? Absolument rien parce qu'on va les dégoûter dès le biberon.
Martin Ambroise,délégué de la Fédération des médecins de France en Côte-d'Or
"Les députés pourront communiquer en disant qu'ils ont mis les médecins libéraux au pas", poursuit-il. "Mais quand il n'y aura plus d'installation en libéral, ils verront bien que ça n'a pas marché." Un avis que partage même... le ministre de la Santé, François Braun. Invité du Grand jury sur RTL le 28 mai dernier, il parlait d'un "Pyrrhus de la santé. À force de vouloir une victoire rapide, en disant ça y est, on a réglé le problème, on va l'aggraver."