Baisse des prix, chute des températures... c'est la ruée vers le fioul : "on est débordés !"

Avec l’arrivée précoce du froid et les faibles prix du fioul en ce moment, les Bourguignons sont nombreux à remplir leur cuve pour l’hiver. Conséquence : les fournisseurs font face à une déferlante de demandes.

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“On est débordés, il y a une grosse semaine d’attente pour la livraison”, confie la société Patrick Louis, basée à Varennes-Saint-Sauveur (Saône-et-Loire). “Nous avons énormément de travail, nous n’avons même pas le temps de vous répondre !” s’excuse l’entreprise Marquet, qui distribue du fioul en Côte-d’Or. 

15 jours de délai

En cette mi-septembre, les fournisseurs de fioul croulent sous les commandes. “Chez nous, c’est complètement saturé. On a 15 jours de délai pour la livraison”, confirme Cécile Rousseau, co-gérante de Rousseau Fioul, basé à Liernais aux portes du Morvan.

Pourquoi une telle ruée vers le “rouge” ? D’une part, parce que le mercure baisse. Avec 5°C par endroits ce jeudi matin, on commence à grelotter. Les Bourguignons cherchent donc à remplir leur cuve avant l’arrivée des grands froids ; certains ont même déjà rallumé le chauffage. 

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Mais surtout, “le prix du fioul est très attractif en ce moment”, note Cécile Rousseau. En effet, si depuis quelques jours les tarifs se sont stabilisés, ils sont particulièrement bas en cette mi-septembre. 

En début d’année, nous étions à 1,30 euro le litre. Là, on est autour de 1,10 euro.

Cécile Rousseau

co-gérante de Rousseau Fioul

De fait, le prix du fioul n’avait pas été aussi bas depuis très longtemps, comme on peut le constater sur cet indice fourni par le site Fioulmarket. Depuis un an, les tarifs fluctuent mais n'étaient jamais passés en-dessous de 1,15 euro. Les prix étaient particulièrement élevés il y a un an : en septembre 2023, il fallait compter autour de 1,40 euro le litre !  

"C'est comme la bourse"

Et ces quelques centimes de différence pèsent lourd. Sur des commandes généralement entre 1000 et 2000 litres par foyer, cela représente plusieurs centaines d’euros d’écart. Ceux qui se chauffent au fioul le savent : passer commande peut donc devenir un pari.

Certains préfèrent acheter dès qu’ils constatent une baisse ; d’autres choisissent d’attendre un maximum, en espérant que les prix continuent de diminuer. Mais cette stratégie est risquée : “C’est comme la bourse, on a deux à trois prix différents par jour”, explique Cécile Rousseau. “Et comme nous avons beaucoup de demandes en ce moment, forcément, ça commence à remonter.”

La Bourgogne-Franche-Comté, première région consommatrice de fioul 

Ce phénomène est exacerbé dans notre région, puisque la Bourgogne-Franche-Comté est la région de France qui comporte le plus de foyers chauffés au fioul, selon une étude de l’INSEE parue en 2023. On en compte 15,5 % contre 10,5 % au niveau national. 

Cela représente plus de 200 000 maisons. “Plus rural qu’urbain, ce mode de chauffage est très présent le long de la frontière suisse et dans le Morvan. Il est davantage utilisé dans les logements anciens, principalement des maisons, et concerne surtout des ménages d’agriculteurs ou de retraités”, précise l’INSEE. Cécile Rousseau complète : 

Les pompes à chaleur n’ont pas beaucoup la cote, il fait trop froid par chez nous. Et pour qu’une pompe à chaleur soit efficace, il faut surtout des maisons bien isolées.

Cécile Rousseau

co-gérante de Rousseau Fioul

Une étude réalisée fin août 2024 par la plateforme de commandes fioulreduc ajoute que plus de 95 % des ménages chauffés au fioul ne souhaitent pas changer de mode de chauffage.  

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Le fioul, voué à disparaître

Les politiques publiques tendent pourtant à faire disparaître de nos foyers le fioul, une énergie fossile, émettrice de CO2 et donc très polluante. Depuis juillet 2022, il n’est plus possible d’installer de nouvelles chaudières au fioul ou au charbon.

Si votre chaudière fioul lâche, vous ne pourrez donc pas la remplacer : il faudra installer un autre mode de chauffage (électrique, au gaz, pompe à chaleur, géothermie, poêle à granulés...).

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Dernière précision : le cours actuel du fioul, bien plus bas que celui du gasoil, peut tenter les propriétaires de véhicules diesel de rouler au “rouge” plutôt qu’au carburant classique. Mais attention : c’est illégal, et considéré comme une fraude fiscale. Le fioul est en effet moins taxé que le gasoil routier.

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