Depuis l'explosion de l'inflation, les producteurs de Bourgogne ont parfois dû revoir leurs tarifs. Moutarde de Dijon, Anis de Flavigny, escargots de Bourgogne... comment ont évolué les prix de ces produits incontournables de la région ?
Depuis l'été 2021, l'inflation atteint des records avec +5,2% en 2022, selon l'Insee. Alors que les Français font parfois des impasses sur certains produits en raison des prix, comment ont évolué les étiquettes des produits du terroir bourguignon ?
+2€ pour la moutarde Fallot en 2022
Marc Désarménien est dirigeant de la Moutarderie Fallot à Beaune. Le prix de son pot de moutarde a augmenté de 2€ en 2022. Il déplore de nombreux facteurs en cause de cette hausse : "L'huile est dépendante des cours mondiaux, son prix est très élevé. Les emballages ont aussi beaucoup augmenté, il y a eu des hausses énormes sur le verre. Nos graines viennent de Bourgogne, le prix a augmenté de 30%. On doit s'aligner sur les prix des autres denrées agricoles pour que les agriculteurs trouvent la culture de graine de moutarde attractive."
Au total, le prix du pot de moutarde de Fallot a augmenté deux fois en 2022 : +9% au premier trimestre et +12% au dernier trimestre de l'année.
La boîte d'Anis de Flavigny se vend désormais 3,10€
Pour Catherine Troubat, directrice des anis de Flavigny, le prix de ses "bonbecs" a évolué à +2,90% jusqu'en novembre 2022 et a dépassé les 10% d'inflation depuis. Si l'on se rapporte à l'un des produits phares qu'est la traditionnelle boîte ovale en fer, l'année 2022 a connu +3% et +5,6% depuis novembre 2022.
"On serre la ceinture de tous les côtés, c'est vraiment galère. Même mon père n'a jamais connu ça avec l'entreprise. Ce qui nous motive c'est de voir que les consommateurs aiment toujours autant nos bonbons."
Catherine Troubatdirectrice des Anis de Flavigny
"Le prix du sucre a explosé avec une augmentation de 67%. Évidemment pour nos bonbecs, ça impacte fortement le coût de fabrication", regrette la directrice des Anis de Flavigny. "Nous avons énormément de changements au niveau des prix de l'électricité et du gaz comme toutes les entreprises de fabrication. Nos boîtes sont faites de métal, et celui-ci a augmenté de 38%. Ça nous oblige à répercuter à un moment sur nos étiquettes."
De 2,95€ en 2021, cette petite boîte se vend désormais 3,10€. "On serre la ceinture de tous les côtés, c'est vraiment galère", assure Catherine Troubat. "Même mon père n'a jamais connu ça avec l'entreprise. Ce qui nous motive c'est de voir que les consommateurs aiment toujours autant nos bonbons."
Les escargots de Bourgogne moins touchés ?
Mais tous ne souffrent pas de l'inflation. Du moins pas tous à la même intensité. Fréderic Marcouyoux est éleveur d'escargots de Bourgogne à Vernot (Côte-d'Or). Il s'estime moins touché que d'autres par cette période difficile. "On a de la chance par rapport à certains secteurs. Ça vient de plusieurs paramètres. Le fait que dans le commerce, seulement 5 à 10% des escargots sont élevés en France, et qu'une grande majorité vient d'Europe de l'Est joue un peu en notre faveur."
Avec les coûts des transports qui augmentent, l'écart creusé par les différences de prix de la main d'œuvre entre les différents pays à tendance à s'amenuiser. "On a toujours privilégié les producteurs locaux. Ils ont été moins touchés par les évolutions récentes, notamment au niveau des transports." Frédéric Marcouyoux se fournit chez un maraîcher à 10 kilomètres de chez lui pour assaisonner les escargots. Le circuit court permet de limiter les coûts de l'essence, qui se sont envolés.
Je travaille 70h par semaine, sept jours sur sept, c'est le seul moyen de dégager un SMIC en fixant le prix à 8€"
Frédéric Marcouyouxéleveur d'escargots à Vernot
Malgré ces facteurs positifs, le prix de sa douzaine d'escargots a tout de même augmenté. De 7€50 avant septembre 2022, elle est passée à 8€ depuis. "On n'avait pas changé depuis 4 ans", appuie le producteur. Il ne fixe ses prix qu'en fonction de ses coûts de production, mais il admet avoir tendance à ne pas valoriser assez le temps de travail. "Je travaille 70h par semaine, sept jours sur sept, c'est le seul moyen de dégager un SMIC en fixant le prix à 8€."
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Ce vendredi 14 avril, l'Insee a publié un nouveau rapport sur l'inflation en France au mois de mars. L'institut français révèle un ralentissement de l'inflation : "Sur un an, les prix à la consommation augmentent de 5,7% en mars 2023, après +6,3% en février".
Les prix de l'énergie ont été annoncés à la baisse, mais pour les producteurs interrogés, unanimement, "ça ne change pas grand chose pour le moment".