Charcuterie : vers la fin des nitrites dans les saucisses de Morteau et de Montbéliard ?

D’ici fin avril 2023, les industriels devront baisser d’environ 20% le taux de nitrites dans les charcuteries, à la demande du gouvernement. Une mesure pas suffisante pour les associations Foodwatch et la Ligue contre le cancer, alors que l’amendement d’interdiction des nitrites porté par les Verts a été rejeté à l’Assemblée nationale.

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Le lien avait été établi, il a depuis été confirmé par l’Anses. L’exposition aux additifs nitrés (nitrites, nitrates) augmente le risque de cancer, d’après une étude de l’agence sanitaire de juillet 2022. Des résultats qui ont poussé le gouvernement à établir un plan d’action présenté lundi 27 mars 2023 aux professionnels. Il prévoit des "baisses immédiates d'additifs nitrés" d'environ 20% d'ici la fin du mois dans la charcuterie de grande consommation, et donne des objectifs plus ambitieux à court terme (6 à 12 mois), voire une suppression totale dans un horizon de cinq ans si des solutions de remplacements sont trouvées. Parmi ces produits, figurent les stars des tables francs-comtoises : les saucisses de Montbéliard et les saucisses de Morteau.

Des nitrites pour la conservation

Dans le Doubs, le Tuyé de Mésandans a déjà pris les devants. "Nous ajoutons des sels nitrités à nos saucisses de Montbéliard. Ces produits-là sont soumis à un cahier des charges IGP. Nous sommes déjà en dessous de 100 mg/kg de produit", explique Mathieu Invercini, responsable qualité de l’entreprise. En effet, la réglementation française tolérait une teneur en nitrites de 120 mg/kg ; c'était déjà 30mg de moins que les lois européennes. D'ici à la fin du mois, cet indice sera révisé à 100 mg/kg.

Pour correspondre aux prochaines échéances du plan d’action, il leur faudra encore retravailler la recette pour réduire ces additifs. "Si on retire les nitrites de ces charcuteries, on aura un produit beaucoup plus gris que rosé", précise le contrôleur qualité. Outre l’aspect esthétique, il faudra également faire attention aux risques sanitaires, comme l'explique Mathieu Invercini : "Le nitrite est très important pour la charcuterie, car il permet de conserver le produit et de limiter la multiplication des bactéries pathogènes."

Ce producteur de charcuterie comtoise propose déjà une gamme sans nitrite, et d'autres fabricants produisent également des saucisses de Morteau et de Montbéliard sans ces additifs. Un avenir zéro nitrites paraît-il envisageable ? Mathieu Invercini reste mesuré : "C’est très difficile pour nous, mais je pense qu’on y viendra. […] Je crois qu’il faut surtout respecter la dose journalière autorisée. On éviterait par la suite des cancers liés à une consommation excessive de nitrites".

 "Les nitrites tuent les plus pauvres"

Cette baisse de nitrites échelonnée n’est pas suffisante pour une partie l’opposition qui demande une interdiction totale de ces additifs dans toutes les charcuteries d’ici 2024. Une proposition de loi, portée par la députée EELV Francesca Pasquini, allait dans ce sens, mais elle a été rejeté jeudi 6 avril par l’Assemblée nationale. Le député MoDem Richard Ramos, qui avait soutenu cette mesure d’interdiction, a lancé à l’hémicycle que "les nitrites tu[aient] les Français, et tu[aient] les plus pauvres", dénonçant les lobbies de l'industrie alimentaire.

Des associations abondent en ce sens. "Plus de 4.000 cas de cancers de l'estomac et du côlon pourraient être évités en France. Il n'y a aucune dose acceptable dans notre alimentation", estiment ainsi la Ligue contre le Cancer et l'association Foodwatch. Ces deux associations, en pointe dans la lutte contre ces additifs, "dénoncent la frilosité du gouvernement, qui se contente surtout de réductions sur base d'engagements volontaires des industriels".

(Avec AFP)

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