Alors que le pouvoir d'achat est l'un des thèmes majeurs de la Présidentielle 2022, Emmanuel Macron propose un chèque alimentation pour les plus modestes. On vous détaille la proposition du président sortant.
C’est l’une des promesses d’Emmanuel Macron pour aider les revenus les plus précaires. Un chèque alimentation de 50 euros par mois sera mis en place pour 8 millions de ménages en cas de réélection du président sortant.
Une aide pour permettre aux plus modestes d’acheter des fruits et des légumes bio, de la viande française ou encore du fromage. Ce mercredi 20 avril, le candidat LREM a profité du débat de l’entre-deux-tours pour évoquer cette proposition, défendant une mesure "efficace" et "juste".
Le chèque alimentation pour Macron – la TVA à 0% pour Marine Le Pen
Face à lui, Marine Le Pen promet la mise en place d’une TVA à 0 % sur les produits de première nécessité tant que l’inflation est supérieure de 1 point à la croissance. Réponse d’Emmanuel Macron dans le duel qui a réuni près de 15,4 millions de téléspectateurs :
"Ce n’est pas une mesure efficace […] Votre baisse de la TVA va aller aux grands distributeurs plutôt qu’aux consommateurs. Elle est injuste cette mesure. Parce que vous et moi on n’a pas besoin de payer 0 % de TVA. On veut que les ménages qui en ont le plus besoin puissent toucher quelque chose".
Le chèque est plus adapté que la baisse de la TVA qui n’est pas ciblée. Ça va nous couter des milliards alors que ça va profiter à des gens qui n’en ont pas besoin.
Emmanuel Macron durant le débat
Selon le cabinet de conseil en économie Asterès, le passage de la TVA de 5,5 % à 0 %, générerait un gain de 133 euros par an. Mais les ménages français ne récupéreraient que 10 % de cette somme, le reste étant capté par les distributeurs et entreprises.
En moyenne, la mesure représenterait donc concrètement 13 euros de plus par an, soit une hausse du pouvoir d’achat de 0,03 % par ménage. Mais le gain serait plus important pour les foyers aisés par rapport aux plus modestes (17 euros contre 10 euros). Par ailleurs, la mesure coûterait 3,5 à 4 milliards d’euros chaque année à l’État.
Opposition frontale donc entre les deux prétendants à l’Élysée, sur un thème essentiel, le pouvoir d’achat étant l’une des préoccupations majeures, si ce n’est la principale, des Français en marge de la présidentielle.
Comment fonctionne le chèque alimentation ?
Pour rappel, le principe du chèque alimentation a déjà été voté en juillet 2021 par le Parlement à la suite de la proposition de la Convention citoyenne pour le climat. Mais la mesure n’a toujours pas été appliquée.
Concrètement, le chèque pourrait concerner les personnes qui vivent sur le seuil de pauvreté établit à 1 102 euros et les foyers les plus modestes, soit près de 8 millions de Français.
Une somme de 50 euros mensuels est annoncée, représentant un coût de 4 à 6 millions d’euros par an pour l’État. Ce chèque pourra-t-il être utilisé en grande distribution ou uniquement en point de vente direct ? Comment savoir s’il est bien dépensé ? Par qui sera-t-il distribué ? Les modalités de fonctionnement restent à déterminer.
Les premiers concernés sont réservés
Dans cette épicerie de Secours Populaire de Dijon (Côte-d’Or), les foyers potentiellement concernés par la mesure se montrent sceptiques. Pour Anne-Marie, le chèque ne lui permettra pas de changer ses modes de consommation.
"Si on n’achète que la baguette de pain, faites le calcul. 1 euros 30 la baguette, vous multipliez par 30, ça fait à peu près 40 euros. Donc ce chèque de 50 euros ça permettra d’acheter la baguette tous les jours", estime la mère de famille.
Pour le secours populaire, les craintes sont les mêmes… Face à la hausse des prix en supermarché, un chèque alimentaire n’est pas assez suffisant. Les plus modestes auront encore besoin des associations.
"Vu le nombre de familles qui viennent ici et qui est en constante augmentation, on aura toujours besoin à distribuer. Et avec 50 euros, le panier sera quand même à compléter. L’inflation risque de durer, ça ne va pas nous enlever des bénéficiaires", juge Elodie Leblond, comptable au Secours Populaire de Côte-d’Or.
Un plus pour les circuits courts ?
Pour autant, du côté des producteurs locaux, on imagine déjà l’arrivée d’une nouvelle clientèle avec l’instauration du chèque alimentation. C’est en effet l’un des buts de la proposition : favoriser les circuits courts.
"C’est intéressant pour tout le monde. S’il y a plus de consommateurs, il y a plus de ventes. Ce serait bien que les produits locaux soient ouverts à tout le monde et pas qu’à une catégorie de clientèle", plaide Stéphane Bastien, co-gérant de Multiferm.
Sur le plateau de Dimanche en politique ce dimanche 17 avril sur France 3, Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a affirmé que le chèque alimentation devrait être mis en œuvre "après l’élection, courant de l’année 2022", en cas de réélection d’Emmanuel Macron.