François Patriat, François Rebsamen, Denis Thuriot, Jean-Baptiste Lemoyne. Tour d'horizon des figures politiques de Bourgogne-Franche-Comté qui ont fait le choix de rallier Emmanuel Macron depuis 2017.
Depuis 2016 et la création de son parti, il s'est lancé dans une campagne de grand recrutement. Emmanuel Macron a bouleversé la tectonique des plaques politiques, faisant imploser le PS de l'intérieur et affaiblissant Les Républicains de l'extérieur.
Résultat, en près de 6 ans, des figures de gauche et de droite ont quitté leurs formations d'origine pour rallier la Macronie. Fidèles de la première heure, ralliés plus tardifs ou soutiens pragmatiques dans le cadre du fameux front républicain après les résultats du premier tour de cette présidentielle 2022, on fait le point sur ceux qui choisissent Emmanuel Macron en Bourgogne.
Pour rappel, l'ancien ministre de l'Économie (2014-2016) durant le quinquennat Hollande est arrivé en tête des suffrages ce dimanche 10 avril avec 27,6%, devançant Marine Le Pen et ses 23%. En Bourgogne-Franche-Comté, c'est néanmoins la candidate RN qui termine devant (27,35% des voix), le président-sortant réalisant un score de 26,3%.
Les fidèles de la première heure
François Patriat (ex-PS), sénateur LREM de Côte-d'Or
L'ancien baron du PS et le jeune loup assoiffé de pouvoir. François Patriat est l'un des plus anciens fidèles d'Emmanuel Macron. Le 17 septembre 2016, alors qu'il rentre en voiture d'un match de football entre Dijon et Metz, l'ancien ministre de l'Agriculture du gouvernement Jospin (2002), est percuté à 130 km/h par un automobiliste. Au même moment, son téléphone sonne.
Au bout du fil, Emmanuel Macron qui cherche à obtenir quelques conseils politiques de la part de celui qui pourrait passer pour un sage. François Patriat lui explique qu'il agonise, écrasé dans sa voiture. Le futur président de la République appelle les secours. L'ancien président du conseil de Bourgogne est sauvé. Ce sont donc des liens à la fois politiques et humains qui unissent les deux hommes.
Fin 2016, François Patriat soutient alors le parti En Marche !, lancé par Emmanuel Macron. En 2017 pour la présidentielle, le sénateur de Côte-d'Or donne son parrainage à celui qui est vu comme un traître par le PS. François Patriat claque la porte de sa formation d'origine. Quelques mois plus tard, en juin, il devient le président du groupe LREM au Sénat. Poste qu'il occupe toujours aujourd'hui.
En 2022, François Patriat appelle logiquement à soutenir Emmanuel Macron pour la présidentielle afin de défendre une "France et une Europe plus indépendantes" et bâtir "un avenir meilleur pour notre pays et pour nos enfants".
Le 28 mars dernier, le sénateur de Côte-d'Or fera également partie des conviés à la visite du président-candidat à Dijon sur le thème de l'éducation.
Denis Thuriot (ex-PS), maire LREM de Nevers
On pourrait presque le voir en inspirateur d'Emmanuel Macron. En 2014, Denis Thuriot quitte le PS pour se porter candidat aux municipales à Nevers. Sans étiquette, il se qualifie au second tour et fusionne avec la droite pour l'emporter face à l'alliance de gauche.
Intéressé, Emmanuel Macron organise un rendez-vous au printemps 2016 avec Denis Thuriot. Alors qu'il entre dans la campagne présidentielle de 2017, le futur président se rend même dans la ville qui fut dirigée par Pierre Bérégovoy (ancien premier ministre de François Mitterrand) pour l'un de ses premiers déplacements.
Denis Thuriot et Emmanuel Macron se rejoignent dans leur intention de dépasser les clivages et leur volonté de mettre fin aux étiquettes politiques. Le maire de Nevers rejoint En Marche ! et obtient un second mandat à la tête de la commune de 57 000 habitants en portant les couleurs d'une écurie, LREM évidemment.
Un an plus tard, Denis Thuriot est à nouveau un candidat de la majorité présidentielle, cette fois-ci aux Régionales en Bourgogne-Franche-Comté. Tête de liste, il se qualifie au second tour avec 11% des suffrages. Il tend la main à Marie-Guite Dufay mais faute d'accord, se maintient et termine finalement avec 9,79%.
Pour la présidentielle 2022, Denis Thuriot fait donc, sans surprise, partie des alliés d'Emmanuel Macron.
Jean-Baptiste Lemoyne (ex-LR), ancien sénateur de l'Yonne
Si la Macronie compte beaucoup de figures politiques bourguignonnes de gauche, elle est également parvenue à séduire des personnalités de droite. Parmi elles, Jean-Baptiste Lemoyne.
Pendant près de 20 ans, ce dernier fera ses gammes au sein de l'UMP puis des Républicains, en tant que collaborateur ministériel, conseiller général de l'Yonne ou encore sénateur de l'Yonne. Mais la présidentielle 2017 vient rompre ses liens avec la droite traditionnelle.
Lors de la primaire des Républicains, il soutient la candidature d'Alain Juppé. François Fillon remporte finalement la primaire mais sa campagne présidentielle s'embourbe sur fonds de soupçons d'emplois fictifs. Le 15 mars 2017, Jean-Baptiste Lemoyne fait son choix. Il rejoint Emmanuel Macron et démissionne de ses fonctions de secrétaire national des LR ainsi que de président de la fédération du parti dans l'Yonne.
Une fois Macron élu, il intègre le gouvernement en tant que secrétaire d'État, notamment auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. En décembre 2021, il est finalement nommé ministre délégué en charge des Petites et Moyennes Entreprises.
En parallèle, il restera sénateur de l'Yonne jusqu'en novembre 2020 et conseiller départemental jusqu'en juin 2021.
Pour 2022, il soutient le président-sortant candidat à sa propre réélection.
Les ralliés plus tardifs
François Rebsamen (ex-PS), maire de Dijon
C'est un ami de François Hollande, mais il a fait le choix récent de soutenir Emmanuel Macron. François Rebsamen a appelé à voter pour le président sortant lors de cette présidentielle 2022 le 5 mars dernier.
Mais l'ancien cadre du PS, numéro 2 du parti de 1997 à 2008, tourne autour de la Macronie depuis plusieurs mois. En juillet 2021, François Rebsamen, comme 381 autres personnalités politiques, signe une tribune de différents maires et élus locaux qui salue le courage des décisions prises par Emmanuel Macron.
Quelques mois plus tard, le 9 octobre, il envoie un message vidéo à l'occasion du congrès de Territoire de progrès, le mouvement qui réunit les membres de l'aile gauche de la majorité présidentielle. Il affirme alors : "nous serons amenés demain à poursuivre des causes communes".
Pendant plusieurs mois, Emmanuel Macron travaillera pour attirer le maire de Dijon, poids lourd de la gauche, dans ses filets. Il y parviendra donc juste avant le premier tour de la présidentielle 2022. Le président-candidat réalise alors le 28 mars son premier déplacement de campagne à Dijon, où il est accueilli chaleureusement par l'ancien ministre du Travail.
Dans la foulée, François Rebsamen crée un parti rassemblant plusieurs figures venues du PS : "Fédération progressiste". Son objectif : soutenir Emmanuel Macron en cas de réélection.
Guillaume Larrivé (LR), député de l'Yonne
Guillaume Larrivé n'a certes pas quitté Les Républicains, mais le député de l'Yonne n'est pas insensible aux idées d'Emmanuel Macron.
Pourtant, en 2017, il déclare voter blanc au second tour de l'élection présidentielle qui voit s'opposer Marine Le Pen et le candidat En Marche !.
Mais en juillet 2020, l'ancien conseiller régional de Bourgogne est le seul député LR à voter la confiance au gouvernement Castex, en pleine crise pandémique. Guillaume Larrivé suscite la colère de 5 élus icaunais qui demandent sa démission des Républicains de l'Yonne qu'il dirige depuis 2018.
Toujours en juillet 2020, celui qui s'est porté candidat à la présidence des Républicains un an plus tôt est pressenti pour être nommé ministre de la Justice. C'est finalement Éric Dupond-Moretti qui intègre la fonction.
Pour cette élection présidentielle 2022, le député de l'Yonne adoptera une position ambivalente, soutenant officiellement Valérie Pécresse, mais plaidant pour Emmanuel Macron en cas de défaite de la candidate LR. En mars dernier, Guillaume Larrivé estime alors que son parti doit "construire une nouvelle majorité avec Emmanuel Macron", en raison de "fortes convergences".
Suite à l'élimination de Valérie Pécresse, Guillaume Larrivé appelle donc à voter pour le président sortant. "Le meilleur pour diriger notre pays, désormais, c'est Emmanuel Macron. Je voterai pour lui le 24 avril", tweete-t-il.
Les ralliés dans le cadre du front républicain
Marie-Guite Dufay (PS), président de la région Bourgogne-Franche-Comté
Élue PS à la tête de la Franche-Comté depuis 2008 puis de la grande région depuis 2016, Marie-Guite Dufay avait avoué avoir voté pour Emmanuel Macron lors de la présidentielle 2017, sans pour autant quitter sa formation d'origine et rejoindre LREM. Marie-Guite Dufay refuse même durant le mandat Macron d'entrer au gouvernement.
C'est alors en tant que candidate du Parti Socialiste qu'elle se fera réélire présidente de la Bourgogne-Franche-Comté en 2021, affirmant que ses convictions restent "à gauche". Après le premier tour de l'élection, elle rejette même la main tendue du candidat LREM Denis Thuriot et choisit de s'allier avec La France Insoumise et EELV.
Pour l'élection présidentielle cette année, elle affiche également son soutien à la candidate PS Anne Hidalgo. Mais après l'élimination de cette dernière et face à la menace d'une victoire de Marine Le Pen, Marie-Guite Dufay appelle à voter Emmanuel Macron, tout en lui demandant des "gages à tous ceux qui vont faire jouer le sursaut républicain".
François Sauvadet (UDI), président de Côte-d'Or et de l'assemblée des départements de France
Selon certaines sources que nous avions contactées en février dernier, il était question que François Sauvadet annonce son ralliement à Emmanuel Macron dans le cadre de la présidentielle 2022. Avant le premier tour, il n'en a rien été.
Proche de François Bayrou, François Sauvadet soutient finalement Nicolas Sarkozy en 2007. En 2008, il devient président du conseil de Côte-d'Or, poste qu'il occupe toujours aujourd'hui. Il sera également ministre de la Fonction publique de juin 2011 à mai 2012.
Fidèle à l'UDI, François Sauvadet se montre critique du mandat Macron, lui envoyant par exemple une lettre en 2019, au moment de la crise des Gilets Jaunes. "On a voulu faire des grandes communes, des grands cantons, des grandes intercommunalités, des grandes métropoles. Toujours plus grand. Où sont les économies qu’on nous avait vendues ? Il n’y en a aucune".
Proche des milieux agricoles, farouche adversaire de ce qu'il nomme les "bureaux parisiens", François Sauvadet voit en Emmanuel Macron un "pur produit de la technocratie".
Mais malgré ces divergences, le président de l'assemblée des départements de France depuis juillet dernier appelle dans un communiqué publié après le premier tour de la présidentielle à voter Emmanuel Macron le 24 avril. "Il n’y aura pour ma part aucune hésitation : je voterai et j’appelle à voter Emmanuel Macron au second tour parce que mon combat contre l’extrême-droite a toujours été clair".
Dans la région, Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône et ancien numéro 2 de LR, a de son côté expliqué qu'il ne voterait ni pour Emmanuel Macron, ni pour Marine Le Pen au second tour.