Besançon : l'anesthésiste soupçonné d'empoisonnements est en garde à vue, de nombreux autres cas sont suspectés

La justice l'interroge sur une cinquantaine d'incidents médicaux. Le docteur Frédéric Péchier a été placé en garde à vue ce mardi 14 mai. Il est soupçonné d'une série d'empoisonnements de patients dans des cliniques de Besançon (Doubs).

Mercredi 15 mai, la garde à vue été prolongée de 24 heures. De possibles nouvelles victimes sont auditionnées. Lire notre article.
 



Le procureur de la République Etienne Manteaux confirme le placement en garde à vue ce mardi matin du médecin bisontin. "Cette nouvelle garde à vue intervient dans le cadre de l'enquête préliminaire pour des faits d'empoisonnements susceptibles d'avoir été commis à la clinique Saint-Vincent de Besançon" indique Etienne Manteaux. Cet interrogatoire du médécin porte sur une cinquantaine d'événements indésirables graves.


La justice s'intéresse à une cinquantaine d'incidents médicaux 


Les enquêteurs ont étudié pendant de longs mois cette cinquantaine d'évènements indésirables graves (EIG) survenus dans des cliniques de Besançon où a exercé l'anesthésiste. Un "EIG" est un événement inattendu au regard de l'état de santé et de la pathologie du patient. Les conséquences en sont le décès, la mise en jeu du pronostic vital ou encore la survenue probable d'un déficit fonctionnel. 

Frédéric Péchier, 47 ans, médecin anesthésiste avait été déjà mis en examen en mars 2017 pour "empoisonnement avec préméditation".

Le procureur communiquera à l'issue de cette nouvelle garde à vue qui se déroule au commissariat de police. 
   

Deux patients étaient morts succombant à des doses léthales d'anesthésiants


Depuis le printemps 2017, Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir empoisonné sept patients âgés de 37 à 53 ans. Les faits remontent à une période allant de 2008 et 2017. Les incidents d'anesthésie s'étaient déroulés lors d'opérations sans difficultés particulières dans deux cliniques privées de la ville. Selon les investigations de la police judiciaire, des doses létales de potassium et d'anesthésiques locaux avaient été volontairement administrées aux patients. Elles ont provoqué des arrêts cardiaques. Cinq patients avaient pu être ranimés, deux étaient morts.

Le père d'Amandine Lehen a succombé à un dose de lidocaïne 5 fois supérieure à la dose léthale. La jeune femme attend depuis plus de 10 ans d'avoir une réponse sur les causes de la mort de son père.

L'enquête rebondit aujourd'hui et s'intéresse donc à de nouveaux incidents. Le médecin bisontin est défendu depuis le début de cette affaire par ses avocats Me Randall Schwerdorffer et Me Ornella Spatafora. Son avocat parlait en mars 2017 d'erreur judiciaire. "On m'accuse de crimes odieux que je n'ai pas commis", avait alors déclaré le médecin père de trois enfants.
 


Le docteur Péchier n'était pas en charge des patients lors des incidents médicaux

L'enquête qui a débuté il y a deux ans, a démontré que le docteur Péchier n'était pas en charge des patients. Il avait été appelé pour ranimer certains d'entre eux.

Le fait que l'anesthésiste ait exercé dans les deux établissements où les incidents opératoires s'étaient produits et qu'il ait parfois posé le bon diagnostic pour ranimer ces malades en arrêt cardiaque le désignait comme principal suspect aux yeux des enquêteurs. Ceux-ci le soupçonnent d'avoir sciemment modifié les poches d'injection de confrères afin de créer des incidents opératoires pour exercer ensuite ses talents de réanimateur.

 

Quatre corps de patients décédés ont été exhumés pour les nécessités de l'enquête. Un fait rarissime dans une affaire judiciaire médicale.

"Contrairement à ce que prétend la défense, il y a des indices graves et concordants qui justifient cette mise en examen" nous déclarait à l'automne 2018 Me Frédéric Berna, avocat des parties civiles.

Le médecin était en liberté, sous contrôle judiciaire, il avait depuis sa mise en examen interdiction d'exercer son métier d'anesthésiste. Il avait demandé plusieurs fois le droit de pouvoir retravailler. La justice n'avait pas donné suite au vu des charges pesant sur lui. Le 28 novembre, la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Besançon avait refusé pour la seconde fois le placement du médécin sous le statut de témoin et non de suspect mis en examen. 


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