Besançon : Laurent Thines, chef du service neurochirurgie du CHRU, démissionne de ses fonctions administratives

Quelque 1300 médecins français présentent ce jeudi 13 février leur démission administrative. Parmi eux, Laurent Thines, chef du service de neurochirurgie du CHRU de Besançon. Une décision qu'il explique prendre à regret, faute d'avoir été "entendu" par la ministre de la Santé.

Elle avait été annoncée, en même temps que celle de 1300 collègues « chefs de service ou responsable de structure » dans une lettre à la ministre de la Santé le 14 janvier dernier. Elle est désormais effective : Laurent Thines, chef du service neurochirurgie du CHRU de Besançon présente ce jeudi 13 février sa démission de ses fonctions administratives.

Représentant local du collectif Inter-Hôpitaux - constitué en septembre 2019 par des personnels soignants de toute la France et qui réclame depuis un « plan d’urgence pour sauver l’hôpital public » - le neurochirurgien explique regretter ne « pas avoir été entendu » pas le ministère.


 En novembre dernier, une série de mesures ont bien été avancées par le Premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Parmi celles-ci, une augmentation du budget alloué aux hôpitaux de 1,5 milliard d’euros sur trois ans, dont 300 millions dès 2020, et le déblocage d’une prime annuelle de « récompense » de 300 euros destinée à 600 000 professionnels de santé.
 

Plan d'urgence gouvernemental « insuffisant »


Des propositions jugées insuffisantes par les membres du collectif Inter-Hôpitaux. Ils demandent, entre autres, un budget des hôpitaux « largement supérieur » et une revalorisation de 300 euros mensuel de tous les salaires des paramédicaux, agents hospitaliers et jeunes médecins. « 300 millions pour gérer le budget de tous les hôpitaux de France, c'est une goutte d'eau », se désole Laurent Thines, joint par téléphone.
 
Si le CHRU de Besançon est « moins impacté » par la crise qui ébranle depuis près de quinze ans le milieu hospitalier français que «l'APHP (assistance publique - hôpitaux de Paris), par exemple », il n'est pas pour autant épargné. « On a certains postes qui ne sont pas pourvus, faute de candidats. On manque d'infirmiers anesthésistes, d'orthophonistes ou encore de kinésithérapeutes.»

Des soignants qui délaisseraient l'hôpital public au profit d'établissements privés, où la paie est bien souvent meilleure. « On créé des conditions de travail qui sont tellement défavorables que les gens, soit ne viennent plus, soit s'en vont » soupire Laurent Thines. « D'ici quelques années on aura tellement dégouté les gens de faire de la médecine qu'on aura plus assez de personnes pour soigner les malades. Et à partir de ce moment-là, on fait comment ? »
 

D'ici quelques années on aura tellement dégouté les gens de faire de la médecine qu'on aura plus assez de personnes pour soigner les malades. Et à partir de ce moment-là, on fait comment ?


Si le neurochirurgien ne remplira donc plus à compter de ce jour ses responsabilités administratives – qui représentaient en moyenne une à deux heures de travail par jour, nous détaillait-il en janvier dernier -, il continuera cependant à assurer sa mission « de soins, d’enseignement et de recherche » : « On va s'organiser entre collègues pour que le service fonctionne au mieux que possible et dans des conditions humaines pour nos patients.»
 

Réformer « en profondeur »


Par cette démission collective de leurs fonctions administratives, Laurent Thines et ses collègues chefs de service ou responsables de structures espèrent interpeller la ministre de la Santé « sur l’urgence d’un « Grenelle de l’hôpital public ». « Ce que nous demandons, c'est un vrai effort, un changement significatif des choses, une reforme en profondeur, pas des effets d'annonces comme cela a jusqu'ici été le cas. Si on ne prend pas les choses en main maintenant, on court droit à la catastrophe.»
 
Laurent Thines et les membres du collectif inter-hôpital comptent désormais poursuivre leur contestation. Une nouvelle journée de mobilisation nationale est prévue vendredi 14 février. A Besançon, un rassemblement est organisé à 14h sur le parvis de l'hôpital Minjoz. « On espère qu'en plus des soignants, des patients seront présents pour nous soutenir », glisse le neurochirurgien.
 
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