Besançon : une plateforme de signalement et d'écoute lancée par l'Université pour lutter contre le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles

L'Université de Franche-Comté a lancé, lundi 8 novembre, SOS, une plateforme de signalement et d'écoute de victimes et témoins de violences sexistes et sexuelles, de discrimination et de harcèlement. La présidente s'attend à un grand nombre de témoignages.

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"Le sommeil m'a un peu fui ces 15 derniers jours." Les deux dernières semaines de Macha Woronoff ont été intenses. Outre la mise au jour des faits de harcèlement et du mal-être des étudiants au Centre de formation universitaire en orthophonie (CFUO) de Besançon, la présidente de l'Université de Franche-Comté a également planché sur les derniers détails de S.O.S (Signalement, orientation, suivi), une plateforme d'accompagnement des victimes "de violences sexuelles et sexistes, de discrimination, de harcèlement ou de toute autre forme de violences" pour les étudiantes et étudiants, les personnels, les intervenants extérieurs, lancée lundi 8 novembre. 

"Il fallait le faire. On ne peut pas fermer les yeux sur des situations trop nombreuses. Il faut faire cesser l'inacceptable. La peut doit changer de camp", a-t-elle déclaré, offensive, en conférence de presse mardi 9 novembre devant une dizaine de journalistes. Le projet de S.O.S avait été approuvé le 8 juillet dernier en conseil d'administration. C'était l'une des priorités de Mme Woronoff, présidente de l'Université depuis décembre 2020.

Benoît Gériaut, vice-président de l'Université en charge des relations humaines et sociales, voit ce lancement comme un aboutissement. "Il y a eu des comportements inacceptables par le passé. Il fallait aller au-delà de la loi et continuer de libérer la parole des victimes." Ils se sont notamment inspirés de l'Université de Strasbourg, de Lille ou de Lyon 1 avec qui des échanges ont eu lieu.

Comment va fonctionner cette plateforme ?

Le formulaire de signalement comporte trois étapes. D'abord caractériser le signalement puis détailler le témoignage. Et enfin, la tenue éventuelle d'un entretien confidentiel avec un des cinq membres de la cellule constituée : Isabelle Jacques, chargée de mission à l'accompagnement de la transformation sociale, deux agents de médecine préventive et deux agents de médecine psycho-sociale. 

L'objectif désormais est de faire connaitre la plateforme aux quelque 30 000 et 2 500 personnels. "Il faut donner le maximum de tam-tam médiatique à ce dispositif",  a déclaré la présidente d'université.

"Remonter une formation d'orthophonie de qualité"

Macha Woronoff a durant son intervention fait quelques allusions aux faits qui se sont produits au Centre de formation universitaire en orthophonie (CFUO) de Besançon et qui ont été révélés par Libération, fin octobre. 

Puis elle a fait le point sur la situation, à six jours de la réouverture de l'école. "Il y a juste un travail un peu à marche forcée pour pouvoir rouvrir l'école." Elle a annoncé que l'inspection générale de l'enseignement supérieur (IGESR) allait se rendre à Besançon lundi, mardi et mercredi prochains. "J'avais demandé à la ministre une enquête rapide, une mission flash. Très honnêtement, je ne peux pas faire plus vite que ce que j'ai fait en moins de 15 jours. C'est miraculeux."

Je suis là pour les croire, ne pas leur enlever l'anonymat, les protéger, prendre soin d'elles.

Macha Woronoff, présidente de l'Université de Franche-Comté

La présidente de l'Université a également réitéré son soutien aux victimes, "qui ont subi un traumatisme psychique. J'ai rencontré ces étudiantes plusieurs fois. Je suis là pour les croire, ne pas leur enlever l'anonymat, les protéger, prendre soin d'elles et remonter une formation d'orthophonie de qualité".

L'école d'orthophonie va rouvrir lundi 15 novembre

Le Centre de formation universitaire en orthophonie (CFUO) de Besançon est pointé depuis peu par des étudiants et étudiantes, des professeurs et des maitres de stage. L'affaire a pris de l'ampleur le 14 octobre, après l'envoi d'une lettre du collectif d’enseignants et maîtres de stage de l'établissement adressé notamment au directeur, Alain Devevey, et à la présidente de l'Université de Franche-Comté, Macha Woronoff.

Ce collectif dénonce "la dégradation de la santé de nos étudiants". "Nous sommes témoins du mal-être profond d’un nombre d’étudiants anormalement élevé." Parmi les symptômes évoqués : "vomissements", "boule au ventre", "troubles du comportement alimentaire", "troubles du sommeil", "troubles dépressifs"... "En 2021, les discours entendus nous paraissent de plus en plus graves et nous inquiètent sérieusement."

Le 28 octobre, les cours et les stages avaient été suspendus durant 15 jours par Macha Woronoff en raison "d'un risque d'atteinte à la santé et à la sécurité des étudiants". Quelques jours plus tôt, le directeur pédagogique du CFUO, Alain Devevey, et deux membres de l'équipe pédagogique avaient démissionné. 

Jeudi dernier, une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Besançon pour "harcèlement", à la suite d'une saisine de la présidente de l'Université.

Plusieurs affaires à l'Université de Franche-Comté

Cette plateforme intervient alors que plusieurs autres affaires ont éclaté à l’Université de Franche-Comté. A l’école des Beaux-Arts, l’ISBA, un collectif dénoncait des violences sexuelles. 17 témoignages avaient été publiés sur les réseaux sociaux. Après plusieurs mois d’enquête, la justice a annoncé fin juin, le classement sans suite de deux plaintes déposées. “Il faut une certitude absolue de la commission des faits, le moindre doute doit bénéficier à la personne poursuivie, dans cette procédure, je n’ai aucune certitude”, avait alors précisé Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon.  

En octobre 2021, le metteur en scène de théâtre Guillaume Dujardin, professeur de 50 ans, a été condamné en appel par le tribunal correctionnel pour des faits d’agression, harcèlement et chantage sexuels sur 9 étudiant(e)s qu’il faisait répéter nus. Les faits remontent aux années 2014-2017. Guillaume Dujardin enseignait à cette période à l’Université de Franche-Comté.    

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