Une journée de grève et un rassemblement sont organisés ce mardi 19 décembre devant le Centre hospitalier de Novillars, non loin de Besançon (Doubs). Les soignants mobilisés dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail, un manque de moyens dans la prise en charge des patients dits "cas complexes".
"La situation ne se débloque pas, on accumule les accidents de travail, les arrêts maladie, les situations de violences physiques et psychologiques". Les équipes soignantes du centre hospitalier de Novillars (Doubs) tirent la sonnette d'alarme. Une grève a lieu ce mardi 19 décembre pour alerter sur la dégradation des conditions de travail des soignants qui, depuis un an et demi, doivent accueillir des patients dits "cas complexes". Il s'agit de personnes porteuses de troubles du spectre autistique sévères.
Le centre hospitalier répond à une injonction de sa tutelle, l'Agence Régionale de Santé sans bénéficier de moyens supplémentaires suffisants pour le faire, selon l'Intersyndicale FO CGT qui organise ce mouvement de grève. "Nous avons reçu 50.000 euros, or nous avons besoin de 250.000 euros au total pour fournir les soins appropriés à cette catégorie spécifique de patients", estime l'intersyndicale.
Une situation "malmenante et stigmatisante"
Aujourd'hui en psychiatrie, au centre de Novillars, l'hospitalisation des patients dits "cas complexes" se fait au détriment des prises en charge d'autres patients, selon les personnels en grève. "Ces patients embolisent l'unité Calypso où ils sont accueillis et notamment les chambres en soins intensifs", déplore Jan Szoblik, secrétaire syndical CGT et infirmier en psychiatrie. Les autres patients nécessitant une prise en charge dans cette même unité pour des séjours de rupture sont donc reçus trop tardivement, selon lui. "Cela engendre une aggravation de leurs symptômes, de la violence et parfois des passages à l'acte", poursuit-il.
Quatre soignants se relaient chaque jour au sein de l'unité Calypso où sont hospitalisés une vingtaine de patients. "Tous les mois nous interpellons notre direction sur ce sujet," insiste l'intersyndicale qui a sollicité plusieurs CHSCT extraordinaires et périls imminents. Les personnels en grève dénoncent une situation "malmenante et stigmatisante pour les patients souffrant de troubles sévères qui dure dans le temps". En novembre 2022 déjà une grève et un rassemblement de personnels et de familles de résidents avaient eu lieu devant la Maison d’aide spécialisée (M.A.S). Après les services du médico-social, au tour des personnels de la psychiatrie de se mobiliser.
"Il faut plus de structures d'accueil et trouver une solution, même transitoire"
Ils demandent davantage de moyens et surtout la création de nouvelles structures d'accueil spécifique pour ce type de patients. Ces structures adaptées sont des URTSA (Unité pour adultes autistes en situation très complexes), destinées à accueillir des adultes porteurs de Troubles du Spectre Autistique sévères. Il s'agit d'un lieu de vie pérenne, où un accompagnement et des interventions expertes sont proposés au sein de locaux spécifiquement conçus pour ce public.
Il existe seulement deux URTSA dans la région. Une première unité, ouverte en décembre 2022, accueille deux personnes en hébergement permanent et quatre adultes en hébergement temporaire. Une deuxième unité implantée dans le Jura, sur la commune de Chaux-des-Crotenay, ouvrira au premier semestre 2024, à l’issue de travaux. "Il est prévu, à terme, d’accueillir six personnes en hébergement permanent , une personne en hébergement temporaire," précise l'ARS. Insuffisant selon les personnels soignants de Novillars qui constatent "une recrudescence de patients dits cas complexe à accueillir".
"J'ai l'exemple d'une famille en tête qui doit faire face à une liste d’attente phénoménale de plus d'un an", nous confie Jan Szoblik, infirmier en psychiatrie et secrétaire syndical CGT. Ce manque de visibilité sur le devenir de ces patients engendre aussi de la souffrance au sein des équipes soignantes. "Ce silence assourdissant de notre tutelle et de notre direction met à mal tout le monde et génère une perte de sens de notre travail".
Bientôt une troisième unité
"Depuis plus d'un an, l'ARS, notre tutelle, nous promet que ces patients pourront bénéficier d'une prise en charge au sein d'une URTSA. Des promesses qui ne sont pas suivies d'actes", dénonce l'intersyndicale.
De passage au CH de Novillars en juillet 2023, le nouveau directeur de l'ARS aurait "promis oralement une solution en septembre 2023". L'ARS explique qu'une troisième URTSA est en préparation en Bourgogne-Franche-Comté. Un appel à candidatures sera lancé début 2024.