ECONOMIE. "Le cours hôtelier de réputation internationale ne doit pas disparaître" : en Franche-Comté, de nombreux acteurs se mobilisent

Collectivités, préfecture, organismes professionnels, tous sont d'accord pour défendre l'école. Mais en changeant son mode de financement : jusqu'à maintenant, seules les inscriptions assurent le budget de cet établissement privé.

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C’est une institution que personne ne veut voir disparaître. Ce Cours Hôtelier existe depuis 107 ans. Il forme majordomes et gouvernantes réceptionnistes pour l’hôtellerie de luxe. On l’appelle aussi le Cours de Madame Cheval, du nom de son emblématique directrice durant plus de 25 ans, de 1963 à 1989. Si la rentrée 2023 semble bien compromise, celle de 2024 peut encore être possible. 

Une lente descente financière

Si l’établissement a accueilli une cinquantaine d’élèves chaque année, ces trois dernières saisons, le nombre d’inscriptions s’est lentement mais surement érodé. 32 il y a 2 ans, puis 26 la rentrée suivante pour seulement 13 en septembre 2023. Trop peu pour assurer un budget nécessaire au fonctionnement. Et pour cause, seules les inscriptions alimentent financièrement l’école. D'où les difficultés financières.

Covid, désaffection des métiers de l’hôtellerie et la restauration, bâtiment de la Grande Rue "vieillot " selon un connaisseur du dossier : les raisons de la baisse du nombre d’élèves sont multiples. Une session de formation, soit 9 mois de cours et 3 mois de stage, coûte 12 500 €.

Si 13 élèves ne suffisent pas à ouvrir à la rentrée de septembre, l’école n’a pourtant pas de déficit. Avec un nombre insuffisant d'élèves ces deux dernières années, elle n’a plus de trésorerie sans pour autant avoir de dette.

Des intervenants motivés

L'opération sauvetage est donc possible. Dans ce sens, jeudi 10 août, une réunion avec différents partenaires potentiels a été organisée en fin de journée, suivie d'un conseil d’administration. L'objectif : trouver une solution afin de sauver le Cours Hôtelier.

"On a plein de bonnes volontés autour de la table " dit l’un des participants qui souhaite garder l’anonymat. Est-ce que cela suffira ?

En tout cas, au chevet du Cours Hôtelier, les intervenants sont nombreux. La Chambre de Commerce et d’Industrie Saône-Doubs, l’UMIH ( l’Union des Métiers et des Industrie de l'Hôtellerie), les collectivités territoriales comme la ville de Besançon, le Grand Besançon, le département et même la Préfecture. Tous veulent que le Cours Hôtelier poursuive son existence. Déjà pour les élèves, car la preuve de son efficacité est là : 100 % trouvent un travail en sortant de cet établissement.

Quelles solutions étudiées ?

"Le modèle économique ne tient plus " affirme Abdel Ghezali, premier adjoint de la ville de Besançon. Tous font le même constat, notamment Jean-Luc Quivogne, le président de la CCI Saône-Doubs, qui propose, lui, de créer un CFA.

Un CFA, Centre de Formation des Apprentis, permettrait de percevoir des fonds des Organismes de Formation et des Collectivités Territoriales, donc de ne pas dépendre uniquement des inscriptions.

Oui, mais un CFA est-il compatible avec une formation "haut de gamme " dispensée par l’établissement et qui a fait sa renommée depuis plus d’un siècle ? "Tout à fait" affirme Jean-Luc Quivogne persuadé que la formule est gagnante : "Un CFA permettrait d’obtenir des contrats avec de grands groupes hôteliers. Il faut absolument conserver la réputation de l’école. Le luxe est son image !" Sophie Courvoisier, qui a pris la direction de l’établissement il y a moins de 2 ans, renchérit : "Le luxe, c’est l’ADN de l’école. Il faut le garder !"

Qui peut faire quoi ?

Parmi les participants au "sauvetage" : la ville de Besançon, qui est propriétaire du bâtiment situé idéalement Grande Rue, en plein centre-ville. Abdel Ghezali, 1er adjoint socialiste, était présent au conseil d’administration.


La ville a joué son rôle. Déjà, on a diminué le loyer. On a signé un nouveau bail de 5 ans, preuve que l'on tient à cette école. De plus, on a investi 100 000 € dans des travaux car les locaux étaient vraiment vétustes. Mais on n’a pas vocation à financer le Cours Hôtelier. Donc, il faut étudier la possibilité d’un CFA.

Abdel Ghezali,

1er adjoint à la mairie de Besançon

Jean-Luc Quivogne ajoute : " Nous, à la CCI, on sait faire et on a les outils. Mais il me semble plus normal que ce soit les professionnels qui prennent ce dossier". Les professionnels ? C’est le syndicat, l'UMIH. Philippe Feuvrier, son président départemental, se refuse pour le moment à en dire davantage. Des contacts ont été noués avec le niveau national.

Le temps presse : la rentrée de septembre 2023 semble quasiment impossible sauf miracle. Mais tous réaffirment leur volonté de sauver le Cours Hôtelier au moins pour 2024. Et Abdel Ghezali de conclure : "C'est un peu comme le FC Sochaux, on veut tous que le cours hôtelier continue de vivre...".

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