Ce samedi 14 septembre, l'association des communes forestières du Doubs s'est réunie pour son assemblée générale. Avec un constat : pour faire face au réchauffement climatique, elles auront besoin de soutien.
Les forêts de Bourgogne-Franche-Comté sont particulièrement menacées par la progression du réchauffement climatique. Attaquées par les scolytes depuis plusieurs années, les communes forestières du Doubs sont en première ligne. Ce samedi 14 septembre, l'association de ces communes a tenu son assemblée générale. L'occasion de faire le point sur les menaces qui planent sur les forêts de la région, et sur les solutions possibles.
Daniel Perrin, maire de Mouthe et président de l'association des communes forestière du Doubs, a répondu aux questions de France 3 Franche-Comté.
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Pourquoi les forêts du Doubs sont particulièrement fragiles ?
Les communes forestières du Doubs sont confrontées au changement climatique, d'autant plus que nous sommes situés sur une sorte de gruyère.
Le calcaire qui fait nos montagnes est extrêmement poreux et si vous vous promenez en forêt, vous constaterez que beaucoup d'épicéas et de sapins sont pratiquement sur le rocher. Il n'y a pas de sol, donc ce sol ne peut pas retenir la pluie. Ces épicéas souffrent du manque d'eau, ils sont affaiblis, ce qui les rend beaucoup plus vulnérables aux attaques du scolyte, qui est un parasite endémique.
Si le bois est bien irrigué par l'eau, il se défend contre le scolyte, et lorsque le scolyte pénètre l'écorce, il est noyé dans la résine. Mais quand il n'y a pas suffisamment de force et d'eau pour produire de la sève et de la résine, le scolyte entre dans l'arbre et pond ses œufs, le scolyte creuse des galeries horizontales, et l'arbre meurt.
- Que peut-on faire face aux scolytes ?
Aujourd'hui, pour lutter contre le scolyte, tout ce que l'on peut faire, c'est abattre les arbres affectés le plus rapidement possible, les sortir de la forêt de façon à ce que les scolytes ne contaminent pas d'autres arbres, et essayer d'exploiter l'arbre de façon que sa qualité reste la même. C'est ce que nous essayons de faire. Mais, il n'y a pas d'autre solution que d'abattre des arbres et les transformer rapidement.
- Quelles sont les conséquences pour les communes forestières ?
Il y a un volume de bois considérable sur le marché et la loi du marché s'applique. Lorsque le volume augmente considérablement, les prix diminuent. Aujourd'hui, une commune qui est impactée, va maintenir à peu près ses recettes forestières puisque le prix baisse, mais comme elle va exploiter davantage de bois, les chiffres se compensent.
Mais ces bois exploités aujourd'hui ne pourront plus l'être demain. Ce qui se passe aujourd'hui, c'est une décapitalisation des volumes de bois sur pied en forêt, et demain les communes forestières n'auront plus de ressources, puisqu'elles auront coupé tous les bois. Il n'y aura plus de recettes et en même temps, la commune devra investir pour reconstituer sa forêt.
- Alors, que faut-il faire ?
Nous allons nous mobiliser pour que le soutien aux communes en difficulté soit augmenté.
Il y a une enveloppe départementale allouée aux communes en situation difficile, comme celles du premier plateau ou de plaine qui ont dû couper leurs épicéas depuis un moment, mais elle est seulement de 86 000 euros pour le département. C'est une goutte d'eau... Ce n'est rien.
Il y avait eu une mission d'inspection qui avait proposé que l'enveloppe nationale qui était d'un million, portée à 2 millions cette année, soit de 10 millions d'euros. On demande que la mission d'inspection soit respectée par l'État et que les moyens soient attribués aux communes en difficulté. Et ce que nous demandons, c'est que les plans de relance donnent des moyens aux communes pour reconstituer leurs forêts.