Dans la nuit du 3 au 4 mai 2024, des tags et symboles racistes ont été réalisés sur la façade de Radio BIP, média indépendant installé à Besançon, en référence à la mort du jeune Matisse, poignardé à Châteauroux fin avril. Une semaine après les faits, la direction dénonce un climat de haine inquiétant.
"Fuck antifasciste, justice pour Matisse". Cinq mots d'une couleur rouge sang, tracés à la bombe. À côté de cette phrase, un autre tag : celui d'une croix celtique, symbole repris par les groupes d'extrême droite. Samedi 4 mai au matin, voilà ce qu'ont découvert les salariés de Radio BIP, média local implanté à Besançon depuis 25 ans, sur la façade de leur local.
Énième dégradation à caractère nazi de la façade de la rédaction de Radio BIPhttps://t.co/OIFwaahTmD
— Média 25 - Media 25 (@m25_fr) May 4, 2024
Ce n’est pas la première fois que la façade de la rédaction de Radio BIP / Média 25 est vandalisée avec des inscriptions fascistes / nazies. Publicité arrachée, croix gammée… pic.twitter.com/b84jWz2X5R
"Ça s'est passé dans la nuit du 3 au 4 mai" explique Dominique Goetz, directrice d'antenne de la radio. "C'est clairement un geste raciste et fasciste, réalisé par des individus d'extrême droite que l'on dérange avec notre ligne éditoriale basée sur les droits humains".
"Les menaces de l'extrême droite, on ne les compte plus"
Ces dégradations à caractère raciste, le média indépendant en a malheureusement l'habitude. Depuis plusieurs années, Radio BIP est régulièrement victime de ces agissements. "On a déjà eu des tags de croix gammées, des carreaux de la rédaction cassés, des autocollants racistes" enchérit Dominique Goetz. "Et les menaces de l'extrême droite, on ne les compte plus. Mais là, on est sur une action en lien avec une actualité".
Cette actualité, c'est la mort du jeune Matisse, 15 ans, poignardé à Châteauroux fin avril après une altercation avec un autre adolescent. Un jeune du même âge et sa mère ont été mis en examen. Ils sont tous deux de nationalité afghane et en situation régulière en France. À côté des cérémonies d'hommages et des marches blanches, ce triste fait divers a été repris par des groupuscules d'extrême droite.
Les derniers tags s'inscrivent dans l'instrumentalisation de la mort de Matisse. À chaque fois qu'on a un triste fait divers de ce genre, on voit une recrudescence de ces actes. Ils sont de plus en plus forts, voilà ce qui est inquiétant.
Dominique Goetz,directrice d'antenne de Radio BIP
"Cet acte coïncide ironiquement avec la Journée de la Liberté de la presse" indique Radio BIP dans un communiqué. "Ce qui nous conforte dans notre objectif de fournir une information responsable et équilibrée sur les enjeux cruciaux des droits humains".
#France : RSF exprime son soutien à @radiobip_fr dont la façade du local à Besançon a encore été dégradée avec un symbole d'extrême droite. À la suite de la plainte du média, l'enquête doit amener les auteurs de cette nouvelle intimidation inacceptable à répondre de leurs actes. https://t.co/BQFxzTU4J9
— RSF (@RSF_inter) May 5, 2024
En réaction, le média a reçu de nombreux soutiens, comme celui de l'association Reporters sans frontières, du Syndicat national des journalistes (SNJ) ou encore du Comité de vigilance antifasciste de Besançon (CVAB).
Le but de ces néonazis est d'empêcher la liberté d'informer, de s'exprimer, tout en répandant la haine. C'est la démonstration des intentions de leurs auteurs : gouverner par l'intimidation, la menace, hors de tout respect des libertés individuelles et collectives.
Comité de vigilance antifasciste de Besançon
Des réactions qui "renforcent notre détermination à continuer notre travail" reprend Dominique Goetz. "On est plus soudé que jamais, même si ça devient compliqué d'exercer son métier avec le climat global qui entoure notre société".
Radio BIP a déposé une pré-plainte en ligne auprès des forces de l'ordre dès le 4 mai pour "dégradations à caractère fasciste". "On aimerait que les autorités agissent après toutes ses agressions et intimidations" dénonce la directrice d'antenne. "On a l'impression de ne pas être pris au sérieux et de ne pas être protégé. Va-t-on attendre un drame pour réagir ?"
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Pour rappel, des autres actes de ce genre, en lien avec la mort de Matisse, ont été signalés en France. À Montpellier (Hérault), des tags racistes ont été retrouvés sur la façade d'une association d'aide aux migrants : "Non à l'immigration", "asso complice".