Des élus de gauche dont la maire de Besançon Anne Vignot et des personnalités comme Leïla Slimani, Eddy de Pretto et Camille Lellouche signent une tribune dans Le Nouvel Obs pour soutenir un boulanger de Besançon, en grève de la faim contre l'expulsion de Laye Fodé Traoréiné, son apprenti guinéen.
Dix jours de lutte contre l’injustice. Dix jours de travail, intenses, de 3 heures à 20 heures, sans avoir rien mangé. Stéphane Ravacley, boulanger, a été conduit aux urgences ce mardi 12 janvier après avoir fait un malaise. Depuis dimanche 3 janvier, le patron se bat contre l’expulsion de Laye Fodé Traoréiné, son apprenti guinéen. Sa grève de la faim rencontre un écho dans tout le territoire. Après une pétition relayée par le député européen Raphaël Glucksmann, qui a récolté près de 220 000 signatures, c’est un collectif de plus de 40 personnes signe une tribune dans Le Nouvel Obs pour soutenir Stéphane Ravacley : « Monsieur le Président, aidez le boulanger de Besançon en grève de la faim ! ».
L'histoire prend une dimension nationale, mais cette expulsion n'est pas un cas isolé. Il y a six mois, Laye Fodé Traoréiné commençait la boulangerie à Besançon. Venant de Guinée, le jeune homme avait traversé le Mali et la Libye avant d’atteindre l’Italie, puis de rejoindre la France à 16 ans. A peine a-t-il atteint sa majorité, que le jeune guinéen, se voit opposer une obligation de quitter le territoire français (OQTF), avant même d’avoir pu passer son CAP et terminer son apprentissage à la Huche à pain.
Depuis une semaine, une immense vague de solidarité de boulangers et de citoyens s’est levée partout en France. Malgré cette vaste mobilisation, malgré la mobilisation de maires et d’élus locaux, malgré les 200 000 citoyens qui ont signé la pétition en ligne, ni Gérald Darmanin ni Marlène Schiappa n’ont daigné répondre à Stéphane. Et votre administration continue de faire la sourde oreille.
« Quand on accueille des mineurs non accompagnés qui s'engagent dans des formations, au bout de deux ans, si tout s'est bien passé, alors ils peuvent continuer à travailler en France », a estimé Elisabeth Borne, lors d'un déplacement sur la formation, le 8 janvier dernier. L'apprenti boulanger a donc déposé un recours auprès du tribunal administratif de Besançon pour contester sur le fond l'OQTF et le refus d'octroi de titre de séjour de la préfecture de la Haute-Saône.
Un bras de fer, une santé fragile
La grève de la faim de son patron s’entame comme un bras de fer contre le gouvernement. Un moyen radical d’interpeller sur le sort de ce jeune homme de 18 ans. Car Stéphane Ravacley a une santé « fragile » - trois embolies pulmonaires en trois ans. « Le laisser continuer cette grève de la faim serait une faute », notifie le collectif.
« Vous ne pouvez rester ainsi insensible au fait qu’un citoyen français mette sa santé en danger pour défendre les principes humanistes — liberté, égalité, fraternité — qui sont inscrits sur le fronton de nos mairies et sont censés sous-tendre notre République. »
Si la maire de Besançon et Marie-Guite Dufay, présidente de Bourgogne-Franche-Comté, interpellent le Président aux côtés de 40 personnalités, y aura-t-il une inflexion de la part du gouvernement ? Il faudra attendre le 26 janvier pour connaître la décision du recours. Laye Fodé Traoréiné saura s'il pourra passer son CAP boulangerie, et rester à Besançon.
Avec de nombreu·x·ses personnalités et élu·e·s, nous cosignons cette lettre au président de la République pour soutenir le combat de Stéphane Ravacley, boulanger à #Besançon, pour empêcher l'expulsion de son apprenti, Laye Fodé Traoré. https://t.co/sNrhrwzXqT
— Anne Vignot (@Anne_Vignot) January 11, 2021