Lundi 29 janvier, les taxis sont en grève dans toute la France pour protester contre la nouvelle convention qui les lie à l’Assurance maladie. Cette dernière leur ferait "perdre de l'argent". Des opérations escargots sont en cours à Besançon (Doubs) et à Belfort (Territoire de Belfort).
Alerte taxis en colère. Lundi 29 janvier est un jour de grève nationale pour la plupart des chauffeurs de taxis français. Partis de Châteaufarine à 7h, près de 80 taxis ont traversé Besançon (Doubs) en cortège à vitesse réduite avant de se stationner devant les locaux de la CPAM du Doubs, rue Denis Papin. Barbecue installé, lampes rouges activées, les conducteurs annoncent rester "une bonne partie de la journée" pour manifester leur colère.
La veille, dimanche 28 janvier, la préfecture du Doubs et la ville de Besançon ont alerté, via leurs réseaux sociaux, sur des risques de perturbations à la circulation.
Perturbations à prévoir ⚠️
— Ville de Besançon (@villedebesancon) January 28, 2024
Ce lundi 29 janvier, une manifestation des taxis aura lieu à Besançon. Départ à 6h30 depuis Châteaufarine, arrivée à la CPAM vers 7h45. La circulation risque d'être perturbée. Si vous en avez la possibilité, pensez à adapter votre trajet. pic.twitter.com/VPaAUJmWKO
La raison de leur grogne, la nouvelle convention les liant à l'Assurance maladie, qui régit les prix du transport des "malades assis" (les transports sanitaires des patients jusqu'aux hôpitaux ou médecins).
Revu fin janvier 2024, ce texte "nous ferait perdre de l'argent, alors que dans le même temps, tout augmente. Que ce soit les charges, l'essence..." explique Johannes Ussel, président de la fédération des taxis du Doubs et chauffeur de taxis depuis 14 ans.
"Dans le Doubs, nous faisons 90 voir 100 % de notre chiffre d'affaires avec le transport de patients, qui est intégralement pris en charge par la Sécu, à laquelle nous adressons des factures" explique Johannes Ussel. "Face à l'inflation, le ministère de l'Économie nous a accordé une hausse de 5,4 % du prix de nos prestations".
"Sauf que l'Assurance maladie, en réaction et pour ne pas dépenser trop d'argent, a augmenté l'abattement présent sur chacune de nos factures" continue-t-il. La hausse des tarifs ne serait alors en réalité plus que de 0,2 %. "Soit un centime de plus par courses, à la place de 10" se plaint Johannes Ussel.
La situation est déjà critique. On a un seuil de rentabilité quasi nul, alors que le volume de transports de malades augmente. Il faut être clair, on risque la faillite. Deux entreprises de taxis du Doubs sont déjà tombées en cessation de paiement.
Johannes Ussel,président de la fédération des taxis du Doubs et chauffeur de taxis depuis 14 ans
Pour Johannes Ussel, les taxis, "en train de suffoquer", seraient "contraints" de signer cette nouvelle convention. "Si on refuse, on est déconventionné par l'Assurance maladie et on perd une grande partie de nos clients. C'est une forme de chantage contre lequel on veut se battre".
Opération escargot depuis Valdoie jusqu'à Belfort
Une action similaire est organisée dans le Territoire de Belfort. Un convoi d'une vingtaine de véhicules est parti de Valdoie vers 7h pour rejoindre Belfort. L'opération escargot s'est achevée devant la CPAM, rue du Général Strolz où les 27 véhicules sont stationnés. Damien Stoeckel, conducteur de taxi à Belfort le dit sans ambages, "l'avenir de mon entreprise est en jeu, si la nouvelle convention est mise en place, je serais contraint de me séparer de mes deux chauffeurs employés".
Le but de ces deux actions : montrer le mécontentement unanime de la profession. "On demande l'annulation pure et simple de cette nouvelle convention" conclut Johannes Ussel. "Et revenir à la table des négociations pour abaisser ce taux d'abattement". Vers 10h, quelques représentants de la fédération des taxis 90 ont été reçus par la direction de la caisse d'assurance maladie. Ils ont obtenu un gain de temps.
Réunion lundi 29 janvier au ministère de la Santé
Les réelles négociations vont se jouer à Paris au Ministère de la santé. Les entreprises de taxis sont optimistes. Elles ont jusqu'à la mi-février pour signer, ou non, la convention qui les lie à l'Assurance maladie. Et elles pensent pouvoir réussir à faire entendre leurs doléances au gouvernement. Comme un bon signe, leurs représentants nationaux seront d'ailleurs reçus ce lundi à Paris, par le ministère de la Santé.
La grève des taxis s'ajoute à la mobilisation des agriculteurs. Engagés depuis des jours dans un mouvement social, ils mettent en place un barrage filtrant à Étalans, au rond-point de l'Alliance, à partir de 11 h 30.