Pauvreté en France 2022 : 5 euros par jour, pour manger, s'habiller... Le rapport du Secours Catholique voit la précarité et l'isolement s'aggraver

Inflation, hausse de l’énergie, les personnes les plus précaires n’ont ni marge de manœuvre, ni filet de sécurité pour faire face à ces nouvelles dépenses. Un nouveau coup dur après ceux encaissés lors de la crise liée au Covid-19.

Les statistiques sont implacables et ne laissent pas de répit. Les situations de précarité, en France comme en Franche-Comté, touchent d’abord des mères isolées ou des familles. Chaque année, le Secours Catholique publie « une photographie de la pauvreté en France », un rapport établi à partir des rencontres réalisées dans les délégations de l’association caritative.

En Franche-Comté, 15.000 personnes ont été rencontrées en 2021 par l’un des 1000 bénévoles de l’association. 50% des personnes rencontrées par le Secours Catholique sont des mères isolées ou des couples avec enfant.

Couper la solitude

« Un des enseignements de la crise Covid est que les personnes sont encore plus isolées qu’avant. D’où le travail engagé par le Secours Catholique sur la qualité du lien entre les personnes. On va revisiter nos façons de rencontrer les gens » explique Antoine Aumonier, délégué du Secours Catholique pour la Franche-Comté.

C’est ce qui a permis à la Jurassienne Laurence Schwab de s’en sortir. «Je suis arrivée à Dole avec un sac à dos, j’ai poussé la porte du Secours Catholique et on m’a proposé un café ». C’était en 2004. Depuis, la Doloise a trouvé un logement, s’est formée au métier d’aide à domicile. Pendant 18 ans, elle a exercé ce métier à l’ADMR, et elle vient juste d’être à la retraite.

J’avais envie d’avancer et on m’a aidé à réaliser ce que j’avais envie de faire.

Laurence Schwab

Aujourd’hui, Laurence Schwab, a un reste pour vivre de 60 euros par semaine avec une retraite inférieure à 1000 euros.

Pour «couper la solitude », Laurence veut participer à deux ateliers hebdomadaires de couture et jeux de société, organisés par le Secours Catholique.

« Il y a tout un ensemble de choses, ce n’est pas qu’une aide financière ». Pour rebondir, il faut faire les bonnes rencontres.

Un reste pour vivre en diminution

Avec cette crise sanitaire, des familles sont venues pour la première fois au Secours Catholique, très fragilisées par les conséquences de la pandémie.

Pour les personnes ciblées par les aides d’urgence mises en place, elles ont temporairement limité l’aggravation des conditions de vie. Mais la crise a été un choc brutal pour les personnes déjà accompagnées, qui sont dans une forme plus structurelle de pauvreté, ancrée dans la durée.

Secours Catholique

Lire l’état de la pauvreté en France dressé pour 2021 par le Secours Catholique, c’est aussi prendre conscience que, en France, des hommes, des femmes et des enfants vivent une grande précarité.

Au Secours Catholique, le niveau de vie médian des personnes accueillies en 2021 est de 548 euros. Cela veut dire que la moitié de ces personnes ont moins de 548 euros de revenu et que l’autre moitié a plus de 548 euros. Il s’agit d’une somme calculée par « unité de consommation ».

Un adulte, par exemple, correspond à une unité de consommation. Rappelons que  le seuil d’extrême pauvreté est fixé à 754 euros pour une famille de deux enfants.

Près d'un million de personnes rencontrées en 2021 en France.

Plus que les revenus, c’est le reste pour vivre qui est important. Ce qui reste aux familles lorsqu’elles ont payé le loyer, les factures d’énergie, la crèche, les assurances, la carte de transport. En moyenne, le Secours Catholique a estimé ce reste pour vivre à 5 euros par personne et par jour. 5 euros pour les repas, s’habiller, se meubler… La moitié des ménages dont le budget a été étudié deux ans après la crise Covid sont dans cette situation. La moindre augmentation met en péril ces familles en situation de précarité.

Le reste à vivre a diminué de 1 euro avec la crise Covid.

Secours Catholique

« Rassembler, Protéger et anticiper »

Le Secours Catholique ne se contente pas seulement de constater l’évolution de la pauvreté en France, l’association a aussi des revendications. Relever les minima sociaux, faire accéder les 18-25 ans au RSA, et faire en sorte que tous ceux qui pourraient toucher le RSA en bénéficie. D’après le Secours Catholique, le tiers des ménages éligibles au RSA (environ 550 euros par mois) n’a pas fait les démarches pour le toucher.

L’association milite aussi pour anticiper sur les conséquences du changement climatique en demandant par exemple de cibler l’effort de rénovation sur les plus modestes. Enfin, le Secours Catholique rappelle que « plus on va vers les crises, plus on a besoin de se serrer les coudes ». Un message directement adressé aux responsables politiques.

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