Un jeune homme de 23 ans avait saisi la justice après avoir été frappé au visage par un policier lors d'une manifestation de gilets jaunes au printemps 2019 à Besançon.
Les faits se sont déroulés le 30 mars 2019, à l'angle du quai Veil Picard et de la rue Antide Janvier à Besançon.
Un policier frappe avec sa matraque un manifestant gilet jaune. Le coup touche l'épaule puis la tête. La scène est filmée par la journaliste Emma Audrey, de Radio Bip-Média 25.
Cette vidéo fait la une, et rapidement, les autorités prennent la défense du policier.
Le préfet du Doubs, Joël Mathurin, explique dès le lendemain de la manifestation que le gilet jaune frappé était "menaçant". "Il a été fait un usage proportionné du bâton de défense", justifiait le représentant de l'Etat dans le département.
Il n'y a pas d'images de violences policières
Christophe Castaner, ministre de l'IntérieurFrance 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, le 2 avril 2019
Le ministre de l'Intérieur d'alors, Christophe Castaner, défend lui aussi ses troupes: "Il n'y a pas d'images de violence policière. Il y a une scène ou un policier, dans l'action, à un moment d'une charge, a effectivement poussé quelqu'un. Quand les policiers sont chargés de dégager une manifestation, effectivement il y a des gestes qui peuvent se produire. Mais pour lever le doute, y compris parce que ce qui nous est rapporté, c'est que l'individu en question voulait se saisir d'une grenade à renvoyer sur les forces de l'ordre, j'ai demandé au préfet que l'IGPN soit saisie"
Ces arguments finissent par porter. L'IGPN, l'Inspection générale de la police nationale, est saisie. Son rapport incite le procureur de la République, Etienne Manteaux, à classer sans suite la plainte du gilet jaune. "Il n'y a pas d'intention coupable de la part du policier", juge le magistrat, tout en reconnaissant comme acquis le fait que le gilet jaune a voulu s'écarter d'une grenade perdue pas un autre policier plutôt que s'en saisir.
Mise en délibéré au 11 février
Le gilet jaune a donc saisi le tribunal judiciaire via la procédure de citation directe, qui débouche sur le procès de ce vendredi 7 janvier.
Le policier est poursuivi pour violences volontaires agravées par personne dépositaire de l’autorité publique. Il risque jusqu'à 7 ans de prison.
L'avocat parisien du gilet jaune, Arié Alimi, a demandé 5000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice subi par son client, plus 3000 euros pour les frais de justice.
Le parquet n'a pas changé de position, demandant la relaxe du policier.
Plusieurs policiers et plusieurs gilets jaunes ont assisté à l'audience pour soutenir les protagonistes de ce procès.
L'affaire a été mise en délibéré au 11 février prochain.