Le saviez-vous ? Besançon, ville-étape de la flamme olympique des JO 2024, a déjà accueilli le plus célèbre emblème du sport international. C'était en 1967, juste avant les JO d'Hiver de Grenoble. Henriette Martini, 91 ans, avait alors porté la flamme dans les rues bisontines. L'ancienne gymnaste, toujours active dans son club de Thise (Doubs) se souvient.
"La gymnastique, c'est toute ma vie". Qui a dit que sport et grand âge étaient incompatibles ? Henriette Martini a beau courir sur ses 92 ans, c'est bien la gym qui l'anime depuis 81 ans. Et le temps n'a en rien érodé sa passion. "J'ai pris ma première licence en 1942 à Besançon, au club de l'Indépendant Comtois" explique Henriette. "Depuis, je n'ai jamais décroché".
Aujourd'hui, la nonagénaire assure toujours trois cours hebdomadaires auprès des jeunes licenciés de son club de Thise (Doubs). "Les enfants m'adorent" confesse-t-elle avec un sourire. "J'en profite tant que je suis en bonne santé. Et puis ça me rappelle mes belles années".
Au club de Thise, tout le monde la respecte énormément. Elle nous apporte beaucoup par sa gentillesse, son humilité et surtout, ses compétences
Robert Binétruy,président du club de gymnastique de Thise
Car des souvenirs sportifs, Henriette en a plein la tête. "C'était une grande athlète" révèle Robert Binétruy, président du club de gymnastique de Thise. "Elle a été dix fois championne régionale de gymnastique dans les années 50-60 avant de passer monitrice". "J'ai aussi participé à quelques championnats de France" complète la principale concernée. "Mais je n'étais pas la plus forte, loin de là".
Pourtant, en décembre 1967, elle fait partie des sportifs choisis par la municipalité bisontine pour assurer les relais de la flamme olympique. Celle-ci passait en effet à Besançon, un mois et demi avant l'ouverture des Jeux Olympiques d'Hiver de Grenoble 1968. Un moment qui a marqué Henriette Martini, alors âgée de 36 ans.
La Flamme olympique de 1967, "une fierté" partagée en famille
"Même si les Jeux n'avaient sans doute pas la même résonance qu'aujourd'hui, pour une sportive comme moi, c'était une sacrée fierté, un grand honneur" explique la nonagénaire. "J'avais parcouru environ 800m, du pont Battant au pont de la République, avec la flamme dans les mains".
Que retient Henriette de ces quelques minutes de prestige ? La foule, massée dans les rues et qui l'applaudissait ? La sensation de participer à un événement historique ? Eh bien non. "C'est le poids de la torche qui me reste en tête" s'exclame-t-elle. "10 cm de diamètre, le tout en métal. Et il faut qu'elle soit voyante pour le public ! Ça pèse !". Mais le plus important pour la gymnaste, "c'est d'avoir été accompagnée de ma fille de 10 ans et de mon mari. C'était extrêmement fort".
Le début d'une histoire d'amour entre les Olympiades et Henriette Martini. "Avec le club de Thise, on s'est rendu à Londres en 2012, où on a pu voir les épreuves de gymnastique. C'était sensationnel". Les JO de Paris 2024, Henriette les vivra aussi dans les tribunes. "Encore une fois, on ira avec les licenciés du club". Mais pas de gym, cette fois-ci. "Les sports étaient tirés au sort. Mais pas de soucis, car je serai avec mes arrières-petites-filles".
Des arrières-petites-filles gymnastes, comme leur aïeule. Et qu'Henriette a pu entraîner : "C'est ce que je retiendrai. J'ai pu apprendre la gymnastique à ma fille, ma petite-fille, qui est aujourd'hui monitrice à Thise avec moi, et à mes arrières-petites-filles. Cela restera gravé à vie".
Henriette future porteuse de la flamme olympique des JO le 25 juin 2024 ?
L'ex-championne attend donc avec hâte le 26 juillet 2024, 1er jour des JO de Paris. Mais ses retrouvailles avec les Olympiades pourraient arriver plus tôt que prévu : "Le Comité international olympique m'a demandé si je voulais parrainer une personne, dans l'espoir qu'elle soit choisie pour porter la flamme, à Besançon, le 25juin 2024" révèle Robert Binétruy.
"Je pense proposer Henriette. Qui de mieux qu'elle, avec tout ce qu'elle nous apporte au quotidien et avec son histoire, pour brandir la Flamme olympique" conclut-il. "57 ans après, le symbole serait magnifique". Quelle meilleure façon de boucler la boucle ?