A Chalezeule en périphérie de Besançon (Doubs), la hausse du prix de l'électricité a eu raison de la motivation du couple de boulangers installé sur place. Une page d'histoire s’est tournée dimanche 15 janvier. Dernière fournée, dernières baguettes sorties du four, derniers échanges avec les clients.
La liste des boulangers contraints de fermer s’allonge. De jour en jour. Pour Adeline et Emmanuel Coulon, la hausse de la facture d’électricité est la goutte de trop. Ils possédaient une boulangerie en centre-ville, elle a fermé. L’autre boulangerie “Petrin Ribeirou” vient de subir le même sort. “On était à 4 500 euros d'électricité, on est passé à 15.000 en novembre avec une consommation d’un tiers en moins. C’est totalement de l’injustice, c’est dégueulasse. On ne va pas s’endetter pour payer des factures d’électricité exorbitantes" explique Emmanuel Coulon.
En 14 ans de métier, ces boulangers ont eu le temps d’établir des liens avec la clientèle. Ce dimanche matin, jour de fermeture définitive, un client est venu avec un bouquet de fleurs. “On a vu leurs enfants grandir, la boulangerie va nous manquer” dit-il. Pour Adeline, la boulangère, l’émotion est présente. “C’est très difficile pour les clients, pour tout ce qu’on a mis en 14 ans dans notre activité, pour notre vie de famille qui est passée là-dedans, et on finit sans rien, on doit repartir à zéro” lance émue, la jeune femme interviewée par notre journaliste Franck Menestret.
Le couple employait 6 salariés, ils vont devoir retrouver du travail. Pour cette boulangerie, les aides de l’Etat sont arrivées trop tard.
Le gouvernement fixe un prix maximum pour l'électricité des artisans
Boulangers, restaurateurs et autres artisans étaient en difficulté face aux coûts de l’électricité de ces derniers mois. Le gouvernement français a annoncé vendredi 13 janvier un tarif garanti de l'électricité en 2023, cher comparé aux prix historiques, mais beaucoup moins que les sommets vus ces derniers mois.
Environ 600.000 très petites entreprises (TPE) qui consomment beaucoup d'électricité, parce qu'elles chauffent ou refroidissent beaucoup, ne peuvent pas souscrire au tarif réglementé, plafonné par l'Etat dans le cadre du "bouclier tarifaire" depuis l'hiver 2021-22.
Des aides existent déjà pour ces artisans consommant beaucoup d'électricité, mais elles ne couvrent qu'une partie des hausses de tarifs ou ont parfois le défaut de nécessiter l'aide d'un comptable pour les demander.
Le gouvernement a donc décidé qu'aucune TPE ne paierait plus de 280 euros le mégawattheure en moyenne cette année, forçant la main des vendeurs d'électricité.
Avec AFP