Crash de Charm-El-Cheikh : 20 ans après, des familles de victimes se rendent en Égypte, et espèrent toujours un procès

20 ans après la catastrophe aérienne de Charm el-Cheikh (Égypte), la Franc-Comtoise Annie Gaudillière espère une réponse judiciaire à ce terrible drame. L’association de Défense des Familles de Victimes de cette catastrophe se rendra en Égypte, avec, ce jeudi 18 janvier 2024, un nouvel hommage en mer et sur terre.

148 personnes ont trouvé la mort lors de ce crash. En janvier 2004, à bord du Boeing 737-300, se trouvaient le frère, la belle-sœur et la nièce de la Bisontine Annie Gaudillière mais également onze membres de la famille Fouchard, en Côte-d'Or.

Ne jamais baisser les bras. Annie Gaudillière et les autres familles de victimes de ce crash aérien ne se résignent pas à l’absence de procès. 

On va aller jusqu'au bout. Nous voulons un procès pour mettre un point final à notre histoire. Elle est toujours en suspens.

Annie Gaudillière

"On va lire les noms de toutes les victimes, y compris égyptiennes" 

Le 3 janvier 2004, moins de trois minutes après son décollage de la station balnéaire à destination de Paris, déséquilibré sur sa droite, l'appareil de la compagnie égyptienne à bas coût Flash Airlines tombe en mer Rouge. Il n’y a aucun survivant. Sur les 148 passagers et membres d’équipage, 134 étaient Français.

Jeudi 18 janvier 2024, une vingtaine de membres de l'association de défense des familles de victimes de la catastrophe aérienne de Charm el-Cheikh se retrouveront devant le monument officiel qui rend hommage aux victimes. "Nous lirons le nom des 148 victimes, nous irons en mer sur le lieu du crash jeter des fleurs" précise à France 3 Franche-Comté, Catherine Ales, président de l'ADFVCA Charm el-Cheikh. Elle se rendra pour la troisième fois sur les lieux du drame avec toujours la même émotion. 

20 ans de procédures judiciaires, où en est l'enquête ?

Une enquête judiciaire pour "homicides involontaires" avait été ouverte le jour de la catastrophe. Elle a donné lieu à 37 tomes de procédure, sans qu'aucune mise en examen n'ait été prononcée.

En parallèle de l'enquête judiciaire, des procédures civiles ont été engagées par les ayants droit des victimes. Le dossier compte plus de 600 parties civiles. Le volet civil a finalement été réglé et les familles indemnisées, mais elles veulent connaître "la vérité sur les conditions et les raisons de l'accident" précise Annie Gaudillière. 

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Très engagées dans la procédure, les familles des victimes avaient publié en juin 2007 leur propre rapport d'experts, qui épinglait tous les acteurs, y compris la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), pour n'avoir pas interdit de vol la compagnie. Annie Gaudillière souligne que "cet avion était interdit de vol au-dessus de la Suisse en raison de son mauvais état".

Des pilotes peu formés

L’insuffisance de formation des pilotes a été soulignée dans un rapport d’expert en 2009, pointant du doigt les "manquements" de la compagnie. Leur décès semblerait avoir mis fin à toutes poursuites. Les experts avaient aussi relevé la "fatigue" due au temps de service des deux pilotes lors des deux semaines précédant le crash. Flash Airlines ne disposait pas non plus des manuels de vol nécessaires.

Le dirigeant de la société aérienne Flash Airlines n’a pas été poursuivi en première instance. L'entreprise avait été mise en liquidation judiciaire en 2006.

Mise en examen en 2021 du responsable de la compagnie aérienne

En janvier 2016, le parquet de Bobigny a estimé que des poursuites n'étaient pas justifiées et a requis un non-lieu, confirmé par le tribunal. D’après le tribunal de Bobigny, il n’était pas possible de retenir une autre hypothèse que "celles des fautes imputables à l’équipe de pilotage".

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Mais, en 2019, la chambre de l’instruction de la cour d’Appel estime "insuffisantes" les démarches entreprises pour entendre le président égyptien du conseil d’administration de Flash Airlines. Cette nouvelle procédure va finalement aboutir à la mise en examen pour "homicides involontaires" fin 2021 de Mohamed Nour, le représentant légal de Flash Airlines.

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Lorsque le responsable égyptien a été mis en examen, les membres de l'association ont eu l'espoir d'enfin voir un procès se tenir. Mais, depuis plus d'un an, ils attendent les réquisitions du procureur. "Les familles des victimes attendent une reconnaissance de la justice" espère toujours Catherine Ales, présidente de l'association des familles de victimes. Un procès qui marquerait un point final à 20 ans de procédures. Un procès qui n'effacera pas la douleur laissée par les êtres disparus.

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