Les champignons ont presque disparu des forêts du Haut-Doubs avec les fortes chaleurs de l'été, au grand désarroi des amateurs de cueillette et des scientifiques.
Sale temps pour les champignons. Alors que le début du mois de septembre a été marqué par de fortes chaleurs dans la continuité de l'été, les champignons ont déserté les forêts de Franche-Comté et plus particulièrement celles du Haut-Doubs.
Les passionnés de cueillette en veulent pour preuve l'annulation du salon du champignon organisé par la société d’histoire naturelle et de protection de la nature du Haut-Doubs, qui devait se tenir vendredi 15 et samedi 16 septembre au théâtre Bernard Blier de Pontarlier.
"Si c'est pour présenter 15 ou 20 espèces qui poussent sur du bois mort, ça n'a pas d'intérêt", explique le président de l'association, Claude Page, qui présente normalement jusqu'à 300 espèces, comestibles ou non. "On n'annule jamais de gaieté de cœur, d'autant que cette exposition est une vitrine de notre association et nous ramène de nouveaux membres".
Pas de champignons dans le Haut-Doubs
Pour le mycologue, qui avait déjà dû annuler le salon en 2018 à cause de la sécheresse, l'activité est au point mort. "Nous n'étions que huit au lieu d'une trentaine lors de notre dernière sortie en forêt mercredi", ajoute Claude Page. "Les gens sont moins motivés à se déplacer s'ils savent qu'il n'y a pas de champignon". Un désintérêt préjudiciable, car les associations de mycologie aident les amateurs à déterminer si leur cueillette est comestible ou potentiellement dangereuse.
Bien que les pluies du milieu du mois d'août aient permis des poussées de chanterelles ou de cèpes dans certaines forêts de la région, "il n'y a rien eu de l'été dans le Haut-Doubs", remarque Andgelo Mombert, mycologue au Conservatoire botanique national de Franche-Comté dans le cadre du programme du FEDER (Les méconnus de Bourgogne-Franche-Comté).
De quoi inquiéter ce spécialiste qui voit dans la disparition des champignons, une nouvelle preuve irréfutable du réchauffement climatique. "La sécheresse impacte fortement les arbres qui vivent en symbiose avec les champignons qu'on appelle mycorhiziens", poursuit Andgelo Mombert. "Sous terre, le mycélium des champignons rejoint les radicelles des arbres pour un échange de nutriments nécessaire à la survie de chacun". Pour que ces champignons poussent au mieux, la meilleure recette reste une pluie abondante avec un sol encore chaud.
80% des plantes sont liées aux champignons
En revanche, certains champignons parasitaires se développent toute l'année en cas de sécheresse, pour le plus grand malheur de certaines espèces d'arbres. "L'épicéa n'existera bientôt plus dans la région, car il meurt de soif et se fait attaquer par des parasites", regrette Andgelo Mombert, qui redoute les effets du réchauffement climatique à court ou moyen terme.
"Le temps d'adaptation de la nature est toujours long", souligne le mycologue, qui espère une prise de conscience de l'opinion publique. "Même s’il y a une poussée de cèpes ou de champignons comestibles, ce n'est pas pour autant que la forêt se porte bien. Il y a beaucoup d'espèces essentielles à la vie de la forêt qui se raréfient ou semblent disparaître depuis des années". Et de conclure que "80% des plantes dans le monde sont liées à des champignons". Un chiffre à prendre en compte lors de sa prochaine cueillette.