Après la violente agression d'un militaire de 26 ans à la sortie de la discothèque de Besançon (Doubs), le préfet du Doubs a ordonné mardi 12 novembre 2024 la fermeture administrative pour un mois du "QG". Les riverains de la boîte de nuit se disent soulagés. Provisoirement.
"On espère avoir quelques nuits tranquilles, assure cette riveraine. Mais on attend de voir, on a été habitué à être déçu". Le Préfet du Doubs a ordonné la fermeture administrative de la discothèque Le QG pour une durée de 30 jours, a-t-on appris ce mardi 12 novembre 2024.
Une sanction qui fait "suite aux nombreux faits de violences qui ont été commis à la sortie de l’établissement de nuit", ainsi qu’aux "multiples plaintes de riverains pour nuisances", explique Rémi Bastille. "Des troubles à l’ordre public aux abords de cet établissement ont été constatés de façon récurrente par les forces de l’ordre ces derniers mois", ajoute-t-il dans son communiqué.
"Ça fait 3 morts en 3 ans !"
C'est évidemment la brutale agression d'un militaire de 26 ans dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 novembre qui a poussé les services de l'Etat à mettre leur menace à exécution. Le jeune homme est décédé au CHU de Besançon mercredi 13 novembre 2024. Deux suspects de 19 ans ont été interpellés et placés en détention pour violneces aggravées lundi 11 novembre. Un troisième agresseur a été identifié et il est toujours activement recherché par la police.
"Cela fait des années qu'on dit qu'il va y avoir un drame, déplore cette habitante devenue la porte-parole du quartier, mais qui souhaite rester dans l'ombre pour éviter d'éventuelles représailles. C'est malheureusement arrivé, c'est vraiment dommage." Il est vrai que les voisins de la boîte de nuit tirent depuis longtemps la sonnette d'alarme. "Ça fait trois morts en trois ans !", insiste cet autre habitant du Chemin de Mazagran.
En juillet 2022, un jeune homme de 25 ans avait déjà trouvé la mort aux abords du QG. Un autre âgé de 24 ans a également disparu en novembre 2023 à proximité de l'établissement, après avoir possiblement chuté dans le Doubs. Son corps n'a jamais été retrouvé.
"Ça commence à faire beaucoup"
"Les agressions graves à la sortie de cette discothèque sont quand même nombreuses, a reconnu Etienne Manteaux, le procureur de la République, s'exprimant sur l'affaire du militaire de 26 ans ce mardi. On n'est pas sur un phénomène isolé."
"Un mort par an sous nos fenêtres, dans des conditions très troubles qui plus est, ça commence à faire beaucoup pour une activité récréative de quelques centaines de personnes", confirme un autre voisin du QG, qui rappelle les nombreux incidents autour de la discothèque.
Les gérants avaient d'ailleurs reçu deux avertissements de la préfecture, le premier pour une rixe sur la voie publique en novembre 2022 et le second en septembre 2023 pour des troubles à l'ordre public constatés le 15 août précédent.
Mais pour les voisins, à bout de nerfs, c'est chaque week-end un véritable enfer. Et les exemples ne manquent pas. "Il y a deux semaines, une semaine avant l'agression du militaire six jeunes ont organisé un tournoi de boxe à cinq heures du matin sous le lampadaire !, raconte un voisin. Un groupe de quatre encapuchonnés de noir les ont rejoints, les esprits se sont échauffés et ils ont commencé à se battre pendant que d'autres les filmaient avec leur téléphone."
"C'est un soulagement... temporaire"
Des voisins qui ne croient donc pas vraiment que cette fermeture administrative va changer durablement leur quotidien. "C'est un soulagement...temporaire", reconnaît l'un d'eux. Mais ce qui nous intéresse, c'est le long terme. Que cette activité s'arrête ou déménage dans un endroit où il y a moins de danger et où les secours auront plus d'accès." Une revendication largement partagée par les habitants de la rue desservant la discothèque.
Il n'y aura pas d'autre solution que de fermer définitivement la discothèque. Sinon il y aura d'autres drames, d'autres victimes.
Un riverain de la discothèque Le QG.
"On ne change pas la clientèle", confie un habitant à France 3 Franche-Comté. "On va pouvoir dormir tranquille pendant un mois mais on espère qu'il n'y aura pas de rebond". Après la pandémie et les confinements, la situation s'était aggravée selon lui. " Il y avait eu beaucoup plus d'affluence et les gamins se déchiraient encore plus, il y avait eu plus de bagarres, indique-t-il. Comme une sorte de rattrapage."