Fin juin, un garçon de 12 ans originaire de Sochaux partageait dans les jeux vidéo en ligne et sur les réseaux des vidéos de tueries et de propagande djihadiste. Il comparaît ce 21 août 2024 devant le tribunal pour enfant de Montbéliard.
Jusqu'à 1700 vidéos de tuerie et de propagande djihadiste visionnées en quelques mois… À seulement 12 ans, ce jeune garçon est au centre d’une affaire d’apologie au terrorisme. Le 7 juin 2024, les services de renseignements de la DGSI donnent l’alerte suite à des publications en ligne.
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L’adresse IP renseignée mène vers une famille Sochalienne dans le Doubs, où vit notamment ce jeune garçon. Après la saisie de tous les appareils électroniques du foyer, les enquêteurs découvrent qu’il est l’instigateur de ces publications violentes.
Comparution devant le juge pour enfant
Dans ses appareils numériques, les enquêteurs découvrent l’ampleur de la radicalisation. Le jeune pré-adolescent regardait des vidéos de propagandes djihadistes et de tueries. Sur des messageries cryptées, ils retrouvent des conversations sur des explosifs, des photos de massacre, de personnes réelles ou virtuelles. Sur les jeux vidéo, le jeune garçon utilisait même comme pseudonyme le nom d’un véritable terroriste américain. Les faits auraient commencé en fin d'année 2023. Depuis, "ce sont des heures de visionnage qui ont été effectuées dans un contexte de solitude et de replis sur lui-même" précise Paul-Edouard Lallois, procureur de la république de Montbéliard.
Il s'agit, selon moi, d'un très jeune garçon, ayant une importante fragilité.
Paul-Édouard LalloisProcureur de la République de Montbéliard
Après avoir été entendu et avoir reconnu les faits, l’enfant a fait l’objet d’une mesure de placement provisoire. Ses parents ont aussi été entendus par les enquêteurs, ils affirment ne pas avoir vu de signe de radicalisation chez leur enfant.
Le 28 juin, le jeune garçon a été déféré devant le juge pour enfant de Montbéliard. Il est alors poursuivi au pénal pour des faits d’apologie du terrorisme sur internet et provocation au terrorisme. Au cours de l'enquête, il a été entendu par un psychiatre qui a conclu à "une conscience assez nette du caractère répréhensible des éléments qui lui sont reprochés" ajoute le procureur. Le médecin a aussi relevé "l'importante vulnérabilité" du jeune garçon, ainsi qu'un certain nombre de "troubles du développement, notamment au niveau du langage".
Il comparaissait ce 21 août 2024, à huis clos, devant le juge des enfants. À l'issue de l'audience, le juge a reconnu le jeune garçon coupable des faits qui lui sont reprochés, déclarant que son discernement est suffisamment important pour qu'il soit reconnu pénalement responsable. Pour le moment, il est placé dans une structure collective qui dépend de la protection judiciaire de la jeunesse. Une nouvelle audience aura lieu dans sept mois, pour la décision des sanctions qui lui seront imposées. Du fait de son très jeune âge, il ne risque que des sanctions éducatives et/ou une mesure de placement.