Le constructeur automobile franco-italien est en proie à quelques difficultés en ce début d’automne. Le marché de ventes de voitures est morose tant au niveau européen que mondial. Avec quelles conséquences à terme sur les usines en France ?
Une baisse des immatriculations en France depuis des mois
Un cinquième mois de baisse des immatriculations de voiture en France. Septembre confirme le décrochage des ventes de voitures neuves dans l’hexagone.
Déjà en août, le nombre d'immatriculations avait baissé de 11,07% par rapport à septembre 2023 selon la PFA, la Plateforme automobile.
Avec 139.004 voitures neuves immatriculées en septembre, le marché fait moins bien que septembre 2022, alors que les usines étaient ralenties par les pénuries de puces électroniques.
Le N°1 français Stellantis enregistre une nette baisse (-17,52% et 25,9% de parts de marché), visible notamment sur ses marques Citroën et Opel. Mais Stellantis n’est pas le seul à reculer. Le groupe Renault enregistre (-14,27%, 24,4% du marché) avec de mauvaises ventes chez Dacia.
Sur les neuf premiers mois de 2024, avec 1.265.905 immatriculations, le marché français est en baisse de 1,76%. Un moindre mal pour la filière automobile.
En Europe, les ventes sont faibles depuis le début de l’année. La croissance plus lente que prévu des ventes de voitures électriques, ainsi que l'entrée en vigueur en 2025 de normes de CO2 plus sévères, rendent les perspectives plus négatives pour les constructeurs comme pour les équipementiers.
Stellantis a annoncé ce 1ᵉʳ octobre que la suspension de la production de la Fiat 500 électrique, initialement prévue pour durer jusqu'au 11 octobre, sera prolongée jusqu'au 1er novembre en raison de la faiblesse des commandes. La voiture est produite en Italie.
Un marché américain qui patine
Aux États-Unis, aussi, on achète moins de voitures neuves. Et c’est dans ce pays que Stellantis effectue la majeure partie de ses bénéfices avec ses marques Ram, Chrysler ou Dodge.
Les concessionnaires américains peinaient à écouler des véhicules trop chers : le groupe tente depuis quelques mois d'écouler ses stocks avec "une augmentation des promotions sur les véhicules", mais aussi "des initiatives d'amélioration de la productivité", pour produire moins et pour moins cher.
Stellantis revoit ses objectifs à la baisse pour 2024
En raison de la forte morosité sur le marché français, comme européen, mais aussi le marché américain, Stellantis qui regroupe Peugeot, Fiat et Opel, a annoncé lundi 30 septembre un abaissement de ces objectifs de résultats financiers. Le groupe vise désormais une marge opérationnelle pour l'année 2024 entre 5,5% et 7% contre "deux chiffres" auparavant.
Les prévisions de ventes annuelles ont été abaissées au niveau du marché, et la compétition est de plus en plus dure avec une "augmentation de l'offre" et "une concurrence chinoise accrue.
Communiqué de Stellantis
… et la bourse chute pour Stellantis
Conséquence des dernières annonces financières du groupe automobile franco-italien, le titre Stellantis a chuté lundi 30 septembre de 9,28% à 13,20 euros l'action à la Bourse de Paris.
Stellantis n’est pas le seul constructeur à revoir la voilure de ses ambitions financières. Volkswagen, BMW, Mercedes, Volvo ou Aston Martin ont eu aussi revu leurs objectifs à la baisse, avec parfois des suppressions de postes à la clé.
Rappelons que Stellantis, a surfé auparavant sur des résultats records et que ses bénéfices se chiffrent toujours en milliards. Au premier semestre 2024, le bénéfice net du constructeur s'est établi à 5,6 milliards d'euros, soit une baisse de 48% par rapport au bénéfice record de 10,9 milliards réalisé début 2023.
À l’usine de Sochaux, la crainte d’un “effet boomerang”
Dans le Doubs, à l’usine historique de Peugeot, désormais Stellantis, les syndicats surveillent les annonces du groupe, et regardent d’un oeil inquiet les ventes plonger. “C’est paradoxal, les salariés voient ça mal pour le groupe, et en même temps, on fait des samedis, on remonte ici une équipe de nuit. Notre crainte, c’est que cette équipe s’arrête en décembre” s’interroge Jérome Boussard, élu CGT à l’usine Stellantis de Sochaux.
Les gens achètent mois de voitures neuves. “Qui peut se payer aujourd’hui une voiture hybride à 40.000 euros ? On se doute qu’au vu de la situation de Stellantis, il y aura des représailles sur le carnet de commandes ici, on croise les doigts pour que ce soit le plus tard possible” ajoute Jérôme Boussard. L’usine de Sochaux va voir monter en cadence la production de la 5008 cet automne, un objectif qui rassure pour l’instant. “Ce qu’on nous dit en CSE, c’est que les voitures produites sont des voitures vendues. Est-ce qu’on peut les croire ?”.
L’usine du Doubs compte 5 500 salariés, 600 intérimaires et 450 autres attendus en novembre. Elle recevra ce jeudi la visite de Carlos Tavares directeur-général Carlos Tavares dont le mandat s'achève début 2026.
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