Le directeur général de Stellantis a visité l'usine historique de Sochaux (Doubs) accompagné du ministre de l'Industrie, ce jeudi 3 octobre 2024. L'occasion de rassurer quant aux mauvais résultats du groupe et d'annoncer son possible départ en retraite, en 2026.
Rien ne bousculera Carlos Tavares... du moins, jusqu'à son départ en retraite. Le directeur général de Stellantis, géant international de l'automobile aux 14 marques (dont Fiat, Peugeot, Opel...), pourrait mettre fin à sa carrière en janvier 2026.
C'est ce qu'il a déclaré, ce jeudi 3 octobre. Trois jours après la dégringolade de son groupe sur le marché financier, l'industriel portugais s'est rendu sur le site "berceau" de sa marque, l'usine Stellantis de Sochaux, anciennement Peugeot.
Ces mauvais résultats ne le font pas douter. À Sochaux, le chef d'entreprise a réaffirmé sa volonté de baisser les coûts de production des voitures électriques, dans le contexte de la transition écologique. Une stratégie qui pourrait impacter les salariés francs-comtois, s'inquiètent en chœur la présidente de Région Bourgogne-Franche-Comté Marie-Guite Dufay (PS) et les syndicats.
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Stellantis prépare déjà la succession
"En 2026, la personne qui vous répond aura 68 ans, c'est un âge raisonnable pour prendre sa retraite. C'est l'option", a-t-il déclaré aux journalistes après avoir visité le site historique de Sochaux.
Stellantis a déjà lancé un processus de succession, comme il est "normal" de le faire dans un groupe de cette importance, avait indiqué l'entreprise fin septembre à l'AFP.
Cette question devrait être abordée lors d'une réunion du conseil d'administration dans quelques jours, au siège américain du groupe, près de Detroit.
"Un plan marketing qui n'a pas fonctionné"
L'industriel portugais s'est également montré confiant quant aux récents mauvais chiffres de vente de Stellantis, évoquant un "un plan marketing qui n'a pas fonctionné aux USA". "On a remis sur pied un plan marketing qui est à la fois plus traditionnel, et dans ce cas, plus efficace", a-t-il expliqué à l'AFP.
Tavares s'exprimait effectivement dans un contexte tendu. Après avoir revu ses prédictions de marges à la baisse, le groupe a chuté en bourse : -14% en un jour seulement, lundi 31 septembre 2024. En cause : une baisse de la demande et donc des ventes d'automobiles neuves, aux Etats-Unis mais également en France, qui ne concerne pas que Stellantis mais d’autres constructeurs comme Renault.
Pour autant, ce trou d'air "ne remet pas en cause la stratégie de l'entreprise", a affirmé, sur place, l'industriel portugais auprès de l'AFP.
"Pas d'autre solution" que de "baisser les coûts de production"
Dans un contexte de transition vers la voiture électrique et la mobilité douce, Carlos Tavares a répété qu'il ne voyait "pas d'autre solution" que de "baisser les coûts de production" face à la concurrence asiatique et en particulier chinoise.
De quoi faire réagir la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, dans un communiqué de presse. Si Marie-Guite Dufay s'est félicitée du déplacement du patron international jusqu'en terre comtoise, "un signal fort et positif pour le site de Sochaux et pour ses salariés", elle s'est aussi souciée de "l’importante chaîne de sous-traitance présente sur le sol national, et notamment en Bourgogne-Franche-Comté", qui pourrait être la première impactée par une telle stratégie.
Au sein même de Stellantis, les syndicats n'étaient pas rassurés pour les employés sochaliens en amont de la visite. “C’est paradoxal, (...) on fait des samedis, on remonte ici une équipe de nuit. Notre crainte, c’est que cette équipe s’arrête en décembre” s’interrogeait Jérome Boussard, élu CGT à l’usine Stellantis de Sochaux, auprès de l'AFP mardi.
La rentrée de Marco Ferracci
Cette visite marquait enfin la rentrée du Corse Marco Ferracci au gouvernement. Le nouveau ministre délégué chargé de l'Industrie, proche d’Emmanuel Macron et ancien député Renaissance, effectuait sa première visite officielle sur le site de Stellantis.
Ce matin j'ai rencontré les salariés de @Stellantis dans leur usine de #Sochaux/#Montbéliard.
— Marc Ferracci (@FerracciMarc) October 3, 2024
J'y ai découvert les nouvelles lignes de production des @Peugeot e3008 et e5008 : des #SUV électriques Premium, pourvus de moteurs et de batteries 100% "Made In France" : c'est une… pic.twitter.com/fa9Lai9htH
L’occasion, pour lui, de visiter l'usine historique de Sochaux et de découvrir les lignes de production des nouvelles Peugeot, E3008 et E5008. Premier constructeur automobile français, Stellantis est d'intérêt majeur pour le rayonnement industriel du pays.
La présidente socialiste a tenu à rappeler au ministre en charge de l'industrie l'importance de la sous-traitance automobile dans la région. Pour faciliter la transition vers des véhicules électriques, la collectivité a créé avec l'État une "mission spécifique à la filière automobile".